"On fera des points d'étape réguliers pour savoir si on appuie ou pas sur la gâchette" : le RN maintient la pression sur le gouvernement Barnier

Le Premier ministre Michel Barnier a tenu à rassurer Marine Le Pen, mardi, sur l'appartenance du RN à "l'arc républicain", suite aux propos du ministre de l'Économie Antoine Armand.
Article rédigé par Pierrick Bonno
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Les députés du Rassemblement National lors de la rentrée des parlementaires, le 10 juillet 2024. (ALEXIS SCIARD / MAXPPP)

C'est le premier psychodrame entre le gouvernement Barnier et le Rassemblement national, et sans doute pas le dernier. Mardi 24 septembre, le Premier ministre Michel Barnier a dû décrocher son téléphone pour appeler Marine Le Pen et recadrer son ministre de l'Économie. Quelques heures plus tôt, Antoine Armand avait semblé fermer la porte à toute discussion avec le parti d'extrême droite, lors d'une interview sur France Inter. Bercy a ensuite rectifié le tir en indiquant que le ministre recevrait bientôt toutes les forces politiques.

Ces précautions prises par le Premier ministre en disent long sur la fébrilité du gouvernement vis-à-vis du RN, surtout au vu de la vitesse avec laquelle le gouvernement a réagi et l'a fait savoir. Michel Barnier ne peut pas se permettre de se mettre à dos le Rassemblement national, tout simplement parce qu'il est sous la menace permanente d'une motion de censure. C'est l'équation des prochaines semaines, voire des prochains mois si tout va bien pour le gouvernement.

"On attend de voir le discours de politique générale"

Officiellement, pour le RN l'incident de mardi est clos. "On ne joue pas avec une motion de censure", disait mercredi matin le député de la Somme Jean-Philippe Tanguy. C'est désormais la ligne de Marine Le Pen : le Rassemblement national n'ajoutera pas de l'instabilité à l'instabilité en faisant tomber le gouvernement à la première occasion.

Mais le parti ne se laissera pas faire pour autant. Sur le fond comme sur la forme, le député Kevin Mauvieux considère qu'une première ligne rouge a été franchie : "Il ne va pas falloir qu'il trébuche comme ça trop longtemps parce que ça pourrait devenir dangereux pour le gouvernement. Maintenant, combien de temps ça va durer ? Cela va dépendre d'eux. Comme on l'a dit depuis le début, on a des lignes rouges, des mesures qui nous semblent indispensables - le pouvoir d'achat, l'insécurité, la lutte contre l'immigration..."

"On attend de voir le discours de politique générale, on en saura davantage après. On a toujours dit que le gouvernement Barnier était sous surveillance du Rassemblement national, des électeurs et du peuple français", précise le député de l'Eure.

"Pour l'instant, on n'est que sur des paroles malheureuses. Mais s'il y a des actes malheureux derrière, on ne se privera pas d'une censure."

Kevin Mauvieux, député RN de l'Eure

à franceinfo

"Cet incident, c'est une goutte d'eau dans un vase qui débordera un moment ou un autre", confie un autre député selon qui la censure finira par tomber. La question, c'est quand ? "Sans doute pas dès l'examen du budget, confie un cadre du parti. Mais on fera des points d'étapes réguliers pour savoir si on appuie ou pas sur la gâchette."

Le RN seul ne peut pas censurer le gouvernement

Mais mathématiquement, le RN seul ne peut pas faire tomber le gouvernement. Même en comptant ses alliés, notamment les Ciottistes, le parti compte 142 députés dans l'hémicycle, moitié moins que la majorité absolue qui s'élève à 289 députés. Pour que le gouvernement tombe, il faudrait que le Rassemblement national ajoute ses voix à celles de la gauche et du Nouveau Front populaire.

Dans cette configuration, deux cas de figure sont possibles. Soit le Rassemblement national dépose une motion de censure et les députés de gauche la votent, une hypothèse assez peu probable en raison du cordon sanitaire avec l'extrême droite qui résiste encore à l'Assemblée. Soit - et c'est ce qui risque d'arriver - le Rassemblement national décide de voter une motion de censure déposée par un autre groupe et soutenue par la gauche. À ce moment-là, le gouvernement aura du souci à se faire.

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