Hauts-de-Seine : fin de l’hégémonie sarkozyste ?
Les élections législatives pourraient marquer la fin de l'hégémonie des sarkozystes et de leurs alliés dans leur fief des Hauts-de-Seine, où le score de François Hollande à la présidentielle a aiguisé l'appétit du Parti socialiste.
Les Hauts-de-Seine sont-ils encore une chasse gardée pour les proches de l'ancien chef de l'Etat Nicolas Sarkozy. Dans ce département traditionnellement à droite, Nicolas Sarkozy n'a recueilli que 50,52% des suffrages exprimés au second tour de l'élection présidentielle, enregistrant une baisse de cinq points par rapport à 2007 dans ce fief où il fut durant plusieurs années député et maire de Neuilly ainsi que président du conseil général.
Une aubaine pour les socialistes. Pour le PS, qui ne compte aucun député dans le 92, ce résultat, dans la lignée de ceux obtenus aux régionales de 2010 puis aux cantonales de 2011, nourrit ainsi l'espoir d'un "rééquilibrage" alors que la droite détient dix circonscriptions sur treize (il y a trois députés communistes ou apparentés).
"Le changement, c'est maintenant et aussi dans les Hauts-de-Seine"
"Le changement, c'est maintenant et aussi dans les Hauts-de-Seine", prédit avec optimisme le premier secrétaire fédéral du PS, Pascal Buchet, qui juge que cinq circonscriptions y sont "gagnables".
A Asnières-sur-Seine (2e) et Levallois (5e), il espère que son parti profitera des divisions internes susceptibles de contrarier les réélections des députés UMP Manuel Aeschlimann - confronté à la candidature de Rama Yade - et Patrick Balkany.
Devedjian et Santini en délicate position
Issy-les-Moulineaux (10e), bastion d'André Santini (NC) où les électeurs ont choisi François Hollande à la présidentielle, est également dans le viseur au même titre que la 12e circonscription où l'UMP Philippe Pemezec - dont l'élection, en 2007, avait été invalidée en 2008 - repart à la bataille.
Sans oublier la 13e, celle de Patrick Devedjian, où le président de la République l'a emporté dans trois des quatre communes qui la composent (Antony, Bourg-la-Reine, Châtenay-Malabry et Sceaux). L'intéressé, lui, ne semble pas s'en émouvoir. "Face à moi, la gauche est vraiment divisée", dit-il.
Exploit
Les responsables de l'UMP relativisent aussi l'impact de la présidentielle sur les législatives. "Il n'y pas eu d'accord trouvé au niveau national à gauche. Dans la 12e circonscription, Martine Aubry est allée jusqu'à parachuter son directeur de cabinet de la mairie de Lille (Jean-Marc Germain, ndlr) sans respecter l'avis des militants locaux. Je lui dis un grand merci!", ironise le secrétaire départemental de l'UMP, Roger Karoutchi.
Jean-Jacques Guillet, président de l'UMP 92 et député et maire de Chaville, mise pour sa part sur "l'implantation très forte" des candidats de la droite pour conserver un maximum de sièges. Les garder tous relèverait toutefois de "l'exploit", selon Patrick Devedjian.
Evolution sociologique
Car, tant de l'avis du PS que de l'UMP, le département a connu une évolution sociologique qui a modifié son électorat. "En raison notamment du prix de l'immobilier, des gens ont quitté Paris pour s'installer dans les Hauts-de-Seine. Ils ont voté dans les années 2000 pour Bertrand Delanoë", analyse Pascal Buchet.
Cette évolution produit aussi des effets au sein de la droite où Jean-Christophe Fromantin (DVD) incarne un nouveau courant depuis son élection à la maire de Neuilly en 2008. Pour les législatives, l'édile n'a pas demandé le soutien de l'UMP qui n'a pas non plus investi de candidat après le renoncement de la députée sortante Joëlle Ceccaldi-Raynaud.
D'autres fiefs de l'UMP sont eux marqués par des dissensions. A Asnières, Rama Yade (Parti radical) et Manuel Aeschlimann (UMP) se livrent une bataille acharnée, qui pourrait faire l'affaire du maire socialiste, Sébastien Pietrasanta.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.