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"On n'en aura plus d'autre comme lui" : devant l'église Saint-Sulpice, les anonymes ont rendu un dernier hommage à Jacques Chirac

De nombreuses personnes se sont rassemblées aux abords de l'édifice, dans le 6e arrondissement de la capitale, pour assister aux obsèques de l'ancien président sur des écrans géants.

Article rédigé par Clément Parrot
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
Des anonymes attendent devant l'église Saint-Sulpice, lundi 30 septembre 2019 à Paris, avant la messe d'hommage pour Jacques Chirac. (VALERIY MELNIKOV / SPUTNIK / AFP)

Ils ont tenu à rendre un dernier hommage à Jacques Chirac. Dès 9 heures, lundi 30 septembre, une cinquantaine de personnes s'amasse derrière les barrières installées entre la place Saint-Sulpice et le parvis de l'église du même nom, dans le 6e arrondissement de Paris. Ils attendent la messe en l'honneur de l'ancien président, qui doit se tenir en présence du gouvernement, d'anciens ministres, d'ex-présidents de la République et de 115 personnalités étrangères. La cérémonie est accessible uniquement sur invitation.

Pour permettre à tout le monde de suivre les obsèques, deux écrans géants ont été installés des deux côtés du parvis. Sur la gauche, les journalistes installent leur matériel, effectuent les derniers réglages. Régina, une soixantaine d'années, s'est levée à 4h30 pour prendre le train et écourter son week-end afin d'être présente pour ce dernier hommage. "Pendant ses deux mandats, il a pris de bonnes décisions pour la France, comme son engagement contre la guerre en Irak. Donc c'était important pour moi d'être là. C'est une forme de gratitude."

J’ai aimé cet homme politique. J'ai toujours trouvé que c'était quelqu'un de sympathique, d’humain, de simple. Je trouvais aussi qu’il était beau et élégant. Pardon pour Mme Chirac.

Régina

à franceinfo

Parmi la foule qui investit la place Saint-Sulpice, se mêlent des gaullistes de la première heure et des curieux de passage. "On voulait voir l’événement médiatique et peut-être croiser des gens connus", avoue Anaïs, 18 ans, qui a séché son cours à l'université pour pouvoir venir. Certains partagent leurs souvenirs émus de l'ancien chef de l'Etat. "J'ai serré la main du président Jacques Chirac alors que j'étais élève en CP et qu'il était venu visiter mon école, raconte Carina. Je me souviens d'un président aimable, souriant, qui venait vers les gens."

"C'était un grand monsieur, il mérite cet hommage"

Sur la droite de l'église, les voitures officielles et les bus défilent pour déposer les personnalités par ordre protocolaire. Rapidement, le Premier ministre, Edouard Philippe, prend place devant le tapis rouge afin d'accueillir les anciens ministres et chefs de gouvernement, ainsi que les personnalités étrangères. Certains, comme l'ancien président Nicolas Sarkozy, son homologue américain Bill Clinton ou la fille du défunt, Claude Chirac, ont le droit à quelques applaudissements venus du public.

La place se remplit doucement, au même rythme que l'église, mais les conditions ne sont pas les mêmes. "On ne va rien voir", soupire une dame d'une soixantaine d'années, installée un peu loin des écrans. Elle reste malgré tout heureuse d'être présente pour dire adieu à Jacques Chirac : "Je pense qu'on n'en aura plus d'autre comme lui, il restera dans l'histoire." Autour d'elle, les hommages se succèdent. "Je suis fière d’être là. C'était un grand monsieur. Il mérite cet hommage", témoigne Pierre-Louis-Marie. "Je suis là pour rendre hommage à son humanisme, son charisme, sa façon d’être auprès des Français", ajoute Marie.

Il incarnait une bien belle image de la France.

Marie

à franceinfo

"Si tout le monde était comme Jacques Chirac, il n’y aurait pas autant d’amertume et d’irrespect dans le monde", s'emporte une autre fan inconditionnelle de l'ancien président. "C'était un très grand président, efficace à l'international, proche du peuple, bon vivant, épicurien", complète Yasmina.

"C’était quelqu'un qui inspirait"

Sur le parvis, c'est au tour du président Emmanuel Macron de faire son apparition et d'entrer dans l'édifice accompagné de son épouse. Puis, le corbillard transportant la dépouille du cinquième président de la Ve République arrête sa procession devant les marches de l'église. Il est midi et le glas retentit sur la place Saint-Sulpice. La foule des anonymes retient son souffle tout en essayant de prendre une photo de la scène en levant les bras au ciel. Le cercueil, drapé des couleurs nationales et porté par les anciens officiers de sécurité de Jacques Chirac, pénètre alors dans l'église accompagné par les notes du requiem de Gabriel Fauré. Sur la place, le silence s'installe.

Au fil de la célébration, l'émotion gagne le public, notamment au moment où le pianiste Daniel Barenboim interprète un Impromptu (Op.142 n°2 en la bémol majeur) de Franz Schubert. "C'est une personne que j'appréciais beaucoup, qui avait des valeurs et qui savait les communiquer. C'était plus qu'un leader, c'était quelqu'un qui inspirait", témoigne Romain, très ému par la célébration. "C'est une très belle messe, très émouvante, très solennelle. Les gens sont très respectueux", ajoute Joëlle, qui a affronté les problèmes de RER pour venir depuis l'Essonne.

Puis vient le moment de l'homélie de Mgr Aupetit. "Il y avait chez notre ancien président, cet homme chaleureux soutenu par son épouse Bernadette, un véritable amour des gens", lance notamment l'archevêque de Paris. "C'était un très bel hommage pour cet homme qui aimait les Français, un homme de paix, un homme avant-gardiste", estime Sylvie. "J’ai trouvé qu’il était simple et vraiment d’actualité", complète Anne-Marie.

Après une dernière bénédiction, le requiem de Gabriel Fauré accompagne le cercueil de Jacques Chirac vers la sortie de l'église. La dépouille de l'ancien président regagne le corbillard sous les applaudissements du public avant de partir pour le cimetière du Montparnasse, pour une inhumation dans la plus stricte intimité. Au premier rang, Virginie ne masque pas son émotion. "Pour moi, c'était quelqu'un de ma famille et, cette fois, c'était le dernier au revoir, confie la jeune femme, en larmes. Voir le monde entier rassemblé comme ça, c'était très beau."

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