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Budget 2022 : "Plusieurs milliards d'euros pas budgétés", mais "pas de dérapage budgétaire", selon un économiste

Cette absence de dérapage est due à la reprise de la croissance plus rapide que prévu, selon l'économiste Mathieu Plane, directeur adjoint à l’OFCE.

Article rédigé par franceinfo
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Le ministre de l'Economie Bruno Lemaire à l'Elysée le 8 septembre 2021. (CHRISTOPHE MICHEL / HANS LUCAS)

Le Haut conseil des finances publiques (HCFP) a dénoncé un budget 2022 "incomplet" car des "mesures d'ampleur" prévues par le gouvernement n'ont pas été intégrées au document transmis à l'instance indépendante qui "n'est pas à ce stade en mesure de se prononcer sur la plausibilité de la prévision de déficit pour 2022 (-4,8 points de PIB)". "De mémoire d'économiste, c'est rare", a reconnu Mathieu Plane, économiste et directeur adjoint à l’OFCE, l'Observatoire français des conjonctures économiques, mercredi 22 septembre sur franceinfo. "On parle de plusieurs milliards d'euros qui aujourd'hui ne sont pas budgétés", a-t-il indiqué, précisant toutefois qu'il "n'y a pas de dérapage budgétaire" grâce à "la croissance qui repart plus vite que prévu".

franceinfo : Le Haut conseil des finances publiques dénonce "un budget incomplet" qui l'empêche de rendre un avis "pleinement éclairé", est-ce rare ?

Mathieu Plane : De mémoire d'économiste, c'est rare. Il y a eu parfois des bisbilles entre le Haut conseil et le gouvernement sur des questions d'insincérité du budget mais là c'est plutôt qu'il y a des trous dans le budget. Il y a des mesures d'ampleur qui ne sont pas négligeables, le plan d'investissement notamment, le revenu d'engagement pour les jeunes, qui n'ont pas été intégrées. On parle de plusieurs milliards d'euros qui aujourd'hui ne sont pas budgétés ou pour lesquels les arbitrages budgétaires n'ont pas été rendus. Forcément, avec les montants qui manquent, il est difficile d'évaluer correctement la trajectoire budgétaire.

Le budget de fin de quinquennat où on sort le carnet de chèque, est-ce un classique ?

Oui, ce n'est pas le moment où vous faites de l'austérité. Ce n'est pas non plus le moment où vous redressez les comptes publics en augmentant les impôts et en réduisant significativement la dépense. Mais là c'est particulier, on est sur une sortie progressive du "quoi qu'il en coûte". La crise n'est pas complètement derrière nous, le plan de relance va prendre le relais et effectivement la priorité c'est de ne pas louper cette reprise qui se passe plutôt bien pour le moment. Cela justifie un accompagnement et une sortie de crise plutôt souple sur la question budgétaire. Par ailleurs, cela se juxtapose avec le fait qu'on se rapproche de la présidentielle mais aussi avec le fait qu'au niveau européen, les règles budgétaires ont été gelées donc pour l'instant ce n'est pas la priorité.

Peut-on parler de dérapage budgétaire ?

Non, n'y a pas de dérapage budgétaire, il y a des trous, mais comme la croissance repart plus vite que prévu, il y a des recettes fiscales qui sont rentrées plus vite que prévu, de la TVA, des cotisations sociales. C'est la bonne surprise. Cela permet de financer ces dépenses supplémentaires. La question à plus long terme concerne les ajustements budgétaires. Il s'agit de savoir quelle sera notre nouvelle trajectoire d'activité, de PIB, de croissance post-Covid ? Est-ce qu'il y aura des traces durables et structurelles de cette crise ou au contraire, grâce aux investissements, grâce à un certain nombres d'éléments qui ont été mis en place dans le cadre du plan de relance, va-t-on avoir une croissance plus robuste ? La question des trajectoires des finances publiques et de la dette publique dépend aussi de cela.

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