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Projet de loi Recherche : avant même l'examen du texte, les chercheurs s'inquiètent

Le parlement examine dès lundi 21 septembre la loi de programmation pluriannuelle sur la recherche. Les chercheurs s'inquiètent notamment de la préarisation grandissante de leur métier.

Article rédigé par Alain Gastal
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Le siège du Centre national de la recherche scientifique (CNRS) à Paris. (JOEL SAGET / AFP)

L'Assemblée nationale examine à partir de lundi 21 septembre la loi de programmation pluriannuelle (LPPR) sur la recherche, dont l’objectif est de permettre à la France de rattraper son retard sur les autres pays industrialisés en la matière. Entre 2000 et 2018, la France est passée du 5e au 8e rang pour le nombre de publications scientifiques. Avant même son examen, le texte s'attire des critiques.

Priorité à la recherche appliquée

La communauté scientifique soupçonne le gouvernement de privilégier la recherche appliquée, c'est-à-dire celle qui débouche à court terme sur des résultats, au detriment de la recherche fondamentale, qui deviendrait le parent pauvre. Les scientifiques ont en tête un exemple récent : les recherches sur la famille des coronavirus, dont fait partie le Sars-coV-2. "Avant l'épidémie, on considérait que le sujet n'était pas très intéressant, qu'il n'avait pas d'application, explique Jean-Noël, chercheur en physique théorique. Puis c'est devenu un sujet brûlant, d'un coup il fallait absolument comprendre les coronavirus. Mais sauf que la recherche ne se fait pas pendant l'épidémie, les résultats ne tombent pas en quelques mois, ça prend des années et des années."

Des postes toujours moins nombreux

Le projet de loi Recherche est censé engager les finances publiques jusqu’en 2030. Il prévoit de consacrer d'ici-là 25 milliards d’euros supplémentaires à la recherche et entend créer 5 000 postes en dix ans. Une mesure qui suscite la méfiance de certains chercheurs, qui, comme Hélène, chercheuse au CNRS, voient le nombre de postes ouverts diminuer chaque année. "Le dernier concours n'a que recruté 250 personnes, c'est très peu. On a perdu en quelques années quasiment un tiers des postes, qui seront remplacés par des postes précaires.", alerte la chercheuse. 

C’est là le vrai point de friction de la loi, à travers le statut de professeur junior. Ce contrat envisagé par la loi et qui s'étend sur plusieurs années inquiètent les entrants dans le domaine de la recherche. "La solution proposée pour revaloriser la recherche, c'est de nous proposer des contrats sur le modèle anglo-saxon, dénonce Jules, normalien et agrégé de chimie, où on donne plus ou moins de financements et de trois à six ans à un chercheur pour mener sa recherche."

J'ai peur que cela allonge encore le temps de précarité des jeunes chercheurs. La précarité n'est pas compatible avec une bonne recherche.

Jules, normalien agrégé de chimie

à franceinfo

Dans un an, Jules devra choisir. Jouer la sécurité en optant pour l'enseignement à temps plein, entrer dans l’industrie privée pour une carrière remuneratrice, ou poursuivre dans sa vraie passion, la recherche. Le contenu final de la loi jouera sans doute un rôle dans sa décision.

Projet de loi Recherche : les chercheurs inquiets. Ecoutez le reportage d'Alain Gastal

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