Mort de Jean-Marie Le Pen : au lendemain de sa disparition, la presse rappelle les "outrances" du "tribun d'extrême droite"

Les unes des quotidiens français insistent mercredi sur le passé sombre du cofondateur du Front national et s'interrogent sur son héritage politique dans le pays.
Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Jean-Marie Le Pen, le 14 janvier 2021 à Saint-Cloud (Hauts-de-Seine). (JOEL SAGET / AFP)

"La haine était son métier", "Le Menhir et son ombre"... Au lendemain de la mort de Jean-Marie Le Pen, la presse française rappelle, mercredi 8 janvier, le parcours du pilier de l'extrême droite française. Les quotidiens nationaux et régionaux reviennent sur les déclarations négationnistes, antisémites, racistes et homophobes qui ont jalonné la carrière politique du cofondateur et président du Front national, renommé en 2018 Rassemblement national sous la houlette de sa fille, Marine Le Pen, tout en estimant que ses idées ont fait leur chemin dans la société.

"Dernière sortie", peut-on lire à la une de Midi Libre. "En pareilles circonstances, la tradition est de tout pardonner et de rendre hommage au disparu en fouillant dans sa biographie à la recherche de quelques moments de vie plus glorieux que les autres. Impossible aujourd'hui", tranche le quotidien montpelliérain dans un court éditorial qui reflète le ton d'une grande partie de ses confrères.

"Dernière sortie", peut-on lire à la une de Midi-Libre au lendemain de la mort de Jean-Marie Le Pen, mercredi 8 janvier 2025. (MIDI-LIBRE)

"Négationniste des crimes nazis", accusé de "tortures en Algérie", auteur de propos "racistes", "antisémites", cultivant la "haine" contre la communauté LGBTQIA+... Les quotidiens français ne manquent pas de rappeler le passé sombre de Jean-Marie Le Pen et ses "outrances", comme l'écrit La Voix du Nord.

"La haine était son métier"

"Maréchal, le voilà", titre Libération dans une allusion à la chanson française de la Seconde Guerre mondiale à la gloire de Philippe Pétain. Libé illustre sa une d'une photo de Jean-Marie Le Pen en majesté, escorté de ses deux dobermans : un cliché en noir et blanc pris en 1997 par le photographe Helmut Newton.

"La haine était son métier", résume L'Humanité, dont la une, en noir et blanc, montre le "poignard de tortionnaire" de Jean-Marie Le Pen durant la guerre d'Algérie. "Il a consacré sa vie à la réhabilitation d'une extrême droite disqualifiée par son passé collaborationniste. Ses idées pestilentielles lui survivent", écrit le quotidien communiste.

Plus sobrement, La Croix, sous le titre "Mort d'un tribun d'extrême droite", souligne la disparition d'un "monument de la vie politique française" qui a marqué la scène politique par la "violence de ses idées et de ses mots"."Le Menhir et son ombre" écrit Le Figaro, qui concède à Jean-Marie Le Pen "l'attraction fatale pour le cynisme médiatique qui, avec lui, faisait des audiences mirobolantes", tout en le gratifiant d'une "intraitable vertu républicaine".

Le journal La Croix titre "Mort d'un tribun d'extrême droite", mercredi 8 janvier 2025. (LA CROIX)

Jean-Marie le Pen "laisse un héritage aussi massif, controversé, qu'unique" au terme d'un "parcours, imposant, chevaleresque, excessif, orwellien, balzacien" au cours duquel "il s'est inlassablement employé à dynamiter" la Ve République, juge pour sa part l'hebdomadaire d'extrême droite Valeurs actuelles, sous le titre "L'Odyssée d'un menhir".

"Fils du boulangisme, du poujadisme et d'une longue histoire française du nationalisme, Jean-Marie Le Pen aura-t-il droit à un substantif en 'isme' ? Autrement dit, à part ses provocations xénophobes, sa longue liste de condamnations pénales et son idéologie à géométrie variable, laisse-t-il un héritage politique ?", se demande Le Républicain lorrain. Pour plusieurs titres, la réponse ne fait guère de doute.

"En héritage une extrême droite bien vivante"

Selon Le Figaro, l'ex-leader d'extrême droite a eu "une intuition précoce sur l'immigration". Il a su saisir "les inquiétudes existentielles croissantes de la société française sur les questions migratoires, démographiques, sécuritaires et identitaires", estime Valeurs actuelles. La Voix du Nord rappelle quant à elle que Jean-Marie Le Pen "en 2002 réunissait 5,5 millions de suffrages au second tour ; vingt ans plus tard, [sa fille Marine Le Pen] en réunit plus de 13". "Jean-Marie Le Pen est mort. Il laisse malheureusement en héritage une extrême droite bien vivante", déplore Libération.

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