L'hypothèse centriste pour 2012
Les centristes l'ont décidé: ils iront seuls à la présidentielle. Mais ex-ministres et transfuges de l'UMP peuvent-ils vraiment marquer leur différence ? L'éventualité d'une candidature centriste en 2012 soulève bien des questions...
Ça bouge au centre ! Depuis le départ de Jean-Louis Borloo du gouvernement en novembre dernier et sa rupture ouverte avec Nicolas Sarkozy, la perspective d'une candidature centriste unitaire à la présidentielle se fait plus précise. Sans grande publicité, les différentes familles du centre (Parti radical, Nouveau Centre, Gauche moderne et Convention démocrate) se sont mises d'accord fin juin, à Epinay-sur-Seine, pour créer une confédération qui emmènerait un candidat à l'élection.
Le nom de cette nouvelle formation : l'Alliance républicaine écologiste et sociale (ARES), ou plus simplement l'Alliance. Le lieu choisi pour l'officialisation a tout du symbole, c'est la ville du fameux congrès à l'issue duquel le Parti socialiste avait bâti son union en 1971. Un air de ressemblance avec l'UDF (le parti qui, jusqu'en 2002, fédérait les forces politiques du centre) qui n'est pas sans rappeler la création du MoDem après la présidentielle de 2007. Son président, François Bayrou, s'il n'a pas encore fait état de ses prétentions a d'ores et déjà écarté tout "mariage" avec l'Alliance. "Il n'y aura pas de duel au centre" annonçait-il fin juin sur Europe 1.
Un candidat à l'automne
La question du candidat éventuel n'est donc pas tranchée et L'ARES a reporté à l'automne la désignation de son candidat. Jean-Louis Borloo refuse de se prononcer pour l'instant même si sa garde rapprochée l'a intronisé "candidat légitime". Mais l'ex-ministre de la Défense, Hervé Morin, partie intégrante de l'Alliance avec le Nouveau Centre, est également dans les starting blocks.
Si décision il y a, quel sera le mode de désignation ? L'exemple d'Eva Joly, investie candidate d'Europe Ecologie-Les Verts après une primaire qui l'opposait à Nicolas Hulot, a fait réfléchir Hervé Morin. Un temps hostile à des primaires, l'ancien ministre a expliqué que "la victoire d'Eva Joly (...) donne du crédit aux parlementaires qui souhaitent des primaires au centre". "Eva Joly a démontré que la popularité, cela ne fait pas des voix, que les sondages ne font pas les résultats dans les urnes", a-t-il ajouté.
Cependant, la perspective d'une consultation interne ne séduit pas les partisans de Jean-Louis Borloo : "Il ne faut pas sombrer dans le ridicule. On a un candidat légitime, c'est Jean-Louis Borloo. Pourquoi ouvrir de faux débats ?", juge Yves Jégo, du Parti radical.
Rompre avec l'UMP
Quelque soit le prétendant désigné, il lui faudra éclaircir sa relation avec Nicolas Sarkozy et l'UMP. Beaucoup d'élus centristes sont des anciens de l'UDF qui ont préféré rejoindre la majorité présidentielle plutôt que de suivre François Bayrou dans son aventure en solitaire. Jean-Louis Borloo a été ministre pendant huit ans, aux côtés de Jacques Chirac puis de Nicolas Sarkozy. Hervé Morin est resté trois ans à la Défense sous les ordres du Président. Maurice Leroy et François Sauvadet font toujours partie du gouvernement (respectivement à la Ville et à la Fonction publique). La rupture d'avec l'UMP n'est donc pas entièrement consommée même si certains, comme Rama Yade ou Jean-Marie Bockel, ont quitté le pouvoir avec fracas.
Le refus de la droitisation de l'UMP serait d'ailleurs le moteur de la démarche de l'ARES et sa principale différence avec le parti présidentiel. "J'en ai marre de la politique de dénonciation de l'autre et de la politique spectacle, nous avons une obligation d'action immédiate et concrète", déclarait Jean-Louis Borloo, lors de son discours d'officialisation de l'ARES. Le président du Parti radical a même lancé : "C'est nous la force anti-21 avril (…) Si on laisse s'affronter le vainqueur de la primaire entre énarques socialistes et l'UMP actuelle, je vous garantis qu'on aura un FN au second tour".
Des déclarations d'intention à mesurer à l'aune de la dépendance du centre vis-à-vis de l'UMP. Le Parti radical lui est toujours lié financièrement. Surtout, l'optique de rétorsions aux législatives brandies par la majorité présidentielle (et de promotions ministérielles en cas de victoire) pourrait refroidir les ardeurs de certains élus. Comme en 2007, combien accepteraient de sacrifier leur fauteuil sur l'autel de l'autonomie ? L'équation centriste est pleine d'inconnues.
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