Cet article date de plus de douze ans.

La chaotique "phase 1" de la campagne d'Eva Joly

Elle va tenter de renverser la vapeur avec la "phase 2" prévue par son équipe de campagne. Mais, pour l'instant, la candidate écologiste essuie les revers et encaisse les coups. Y compris une baisse dans les sondages. 

Article rédigé par Salomé Legrand
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
Eva Joly, la candidate EELV à la présidentielle, lors de ses vœux à la presse à Paris, le 5 janvier 2012.  (YANN FOREIX / PHOTO PQR / MAXPPP)

Campagne sur "la pente négative", dixit les analystes, appel au désistement raté, et même chute dans les sondages, qui la situent entre 3 % et 5 % d’intentions de vote au premier tour. Le début de l’année est rude pour Eva Joly et son équipe. "La campagne n’est pas visible, Eva n’est pas audible", se lamente même un dirigeant d’Europe Ecologie-Les Verts (EELV) mercredi 11 janvier dans Libération.

"Prévue depuis longtemps", selon l’entourage de la candidate écologiste, une matinée entière a été consacrée mercredi à l’élaboration de la "deuxième phase de campagne, janvier-mars".

Objectifs : recentrer la campagne en "arrêtant les axes principaux".  Si la phase 1 était un tour de France et une campagne tous azimuts, la phase 2 devrait tourner autour de "deux-trois thèmes" martelés par la candidate. En attendant de les connaître, retour sur les échecs de la phase 1.

• Rompre la glace

Premier défi dès septembre 2011. Rendre l’ex-juge d’instruction à l’image intransigeante et sans pitié plus accessible et sympathique. Un défi de taille auquel s’attaque son équipe avec pour objectif le souriant triptyque "grand-mère, bonne copine et... française"raconte Paris Match.com fin octobre. Et la candidate d’enchaîner interview croisée avec la chanteuse Björk dans Elle et photos de son enfance dans Gala, énumère l’hebdo. On la verra aussi faire du kayak dans les calanques de Marseille ou boire du riesling en Alsace. "Elle est bonne vivante, sportive, et il faut que ça se voie"décrypte Le Monde.fr.

Mais ça n’est pas encore ça. Non seulement la candidate continue de prendre des positions tranchées et fermes, mais en plus, elle figure en 3e position dans le classement des personnalités qui irritent le plus les Français, selon un sondage en ligne réalisé pour VSD par Harris Interactive le 28 décembre 2011.

• Le chaotique accord avec le PS

Au final, cet accord "ne la fait pas rêver". Mais il l’a d’abord bien embarrassée. Signé à l’arraché le 15 novembre 2011 après d’âpres négociations, il devait sceller l'union d'Europe Ecologie-Les Verts et du PS sur le fond et dans les circonscriptions. Mais un paragraphe sur "la filière Mox" disparaît momentanément avant de cristalliser les tensions entre écologistes et socialistes. 

Eva Joly tape dur et qualifie sur RTL les socialistes de "marionnettes du lobby nucléaire". Tant et si bien que son porte-parole, Yannick Jadot, finit par démissionner, se trouvant dans une position "totalement incompatible avec l'intransigeance d'Eva Joly".

Son équipe de campagne lui concocte alors une diète médiatique baptisée "Baden-Baden". Et un retour apaisé. Mais trop tard, l’accord semble coincer la candidate : elle "l’appliquera" mais "il n’est pas toute la campagne". Difficile exercice d’équilibriste.

• L’appel au désistement snobé

Dernier gros revers, le mépris des candidats de la gauche et du centre quant à son "appel à un désistement réciproque", formulé lors de ses vœux à la presse, le 5 janvier. "Jean-Luc Mélenchon a accusé l’écologiste de s'égarer tandis que le candidat du MoDem a souligné que la présidentielle n'était 'pas une élection de coalition'"détaille le site de France télévisions Présidentielle2012.

François Hollande, de son côté, a renvoyé à Eva Joly le "pas si ancien" accord qui scelle, selon lui, "le désistement automatique entre nous pour l'élection présidentielle comme pour les législatives".

 Des doutes jusqu'en interne

Et il n'y a pas que ses adversaires politiques qui la malmènent. En interne aussi, la panique semble petit à petit gagner les lieutenants. "Ça va mal. Tout le monde fait semblant d’être discipliné, mais tout le monde s’interroge"concède l'un d'eux à Libération. Le quotidien raconte même que Cécile Duflot, la secrétaire nationale d'EELV, a envoyé des SMS à certains cadres du parti pour "sonner le tocsin".

Autre signal fort, le parti aurait diminué le budget de campagne de la candidate, le ramenant à 2,5 millions d'euros, moitié moins que les prévisions de départ. Manière aussi de privilégier les élections législatives, où les écologistes espèrent remporter quinze à trente sièges.

Pour l'instant, Eva Joly le maintient, elle ira "jusqu’au bout". En attendant le déroulement de la "phase 2", la candidate souhaite "créer un sursaut" mercredi soir lors de la "Nuit de l’égalité", mi-meeting mi-soirée festive, étonnant mélange dont les écolos ont le secret, au Bataclan.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.