La femme du jour. Clémentine Autain, la franchise incarnée
Chaque jour, Nathalie Bourrus raconte une femme. Un portrait, mais surtout une rencontre. Aujourd'hui, Clémentine Autain.
Nom : Autain. Prénom : Clémentine. Âge : 45 ans. Métier : femme politique et députée France insoumise de Seine-Saint-Denis. Pourquoi elle ? Parce que les députés de l’opposition déposent une motion de censure, mardi 11 décembre, à l’Assemblée nationale. Et parce qu’on est en plein mouvement social.
"Mouvement ? C’est plus que ça", dit-elle. "C’est un cri de colère." Clémentine Autain a le secret pour ça. Vous jeter le mot juste, à la face. Aussi vite qu’elle s’est levée ce matin. La députée, qui vit en banlieue avec sa famille recomposée, a été appelée. Elle a foncé à Tremblay, ou un lycée était pris pour cible. "Il faut absolument être présent quand ça pète. C’est le minimum pour un député", explique-t-elle.
Elle court, elle court, Clémentine Autain. Et ce n’est pas nouveau. Cette fille d’artistes et de militants est née le poing levé. Quitte à devenir la cible de détracteurs qui trouvent qu’elle en fait trop. Trop quand elle s’oppose à Mélenchon sur les migrants. Trop quand elle déverse ses convictions, sur les plateaux télé. "J’essaie d’être claire. Quand je vois Macron qui ne comprend rien à la société française, je le dis".
Clémentine Autain dit, et clame. Mais sans pathos. "Pourquoi toute cette psychologisation autour de Macron ? Franchement, on s’en fout de ses problèmes !"
Mais vous ne pensez pas qu’il a une certaine proximité avec les gens ?
"Ah non, pas du tout. Macron, c’est plutôt : Je fais croire au bas peuple que je crois en lui."
Cash et sans détour, Clémentine Autain va droit au but. Un jour de 2006, elle nous jetait un pavé. Elle raconte l’horreur. À l’âge de 23 ans, elle a été violée, près de la fac. "J’ai ressenti l’urgence de cesser de mentir. Tout le monde m’a encouragée à ne pas le faire. Mais je l’ai fait, j’ai dit les choses, sans pathos. C'était difficile pour moi, mais je ne le montrais pas. Je ne voulais pas faire pleurer. Je voulais que les femmes violées n’aient plus honte", dit-elle.
Un mot pour la définir ? Franche. À 45 ans, cette femme politique, qui plaît beaucoup, ou agace énormément, possède une arme redoutable : une parole claire, accompagnée d’une occupation du terrain.
Nathalie Bourrus, grand reporter depuis 20 ans à franceinfo, raconte avec sa plume aiguisée et sa voix chaude les tops et les flops, les rires et les larmes d’une femme. Un portrait, mais surtout une rencontre, du lundi au vendredi à 16h56 et 21h51.
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