La mise en examen n'est "plus une raison suffisante pour ne pas exercer de fonctions publiques", déplore la socialiste Laurence Rossignol
"Les mises en examen ne sont plus une raison suffisante pour ne pas exercer de fonctions publiques", déplore jeudi 19 décembre sur franceinfo Laurence Rossignol, ex-ministre socialiste des Droits des femmes. La sénatrice vise notamment le nouveau Premier ministre, François Bayrou. Le maire de Pau a été relaxé dans l’affaire des assistants parlementaires du MoDem, faute de preuves, mais le parquet a fait appel de la condamnation.
"C'est quand même curieux qu'il ait été obligé de quitter son premier poste de ministre de la Justice en 2017 parce qu'il était mis en examen dans cette affaire et que maintenant, où il va être de nouveau jugé parce qu'il y a un appel du parquet sur sa non-condamnation, qu'il puisse être Premier ministre", s'interroge Laurence Rossignol. "Ça révèle un manque de cohérence du président de la République", ajoute-t-elle.
La sénatrice socialiste remarque que le Premier ministre n'est pas le seul dans cette situation : "Je crois que Rachida Dati est aussi mise en examen, non ? S'il y a un affaissement, il est probablement là, dans le fait que les mises en examen ne sont plus une raison suffisante" pour "ne pas exercer de fonctions publiques", souligne-t-elle. La ministre démissionnaire de la Culture a été mise en examen pour corruption passive et trafic d’influence passif par personne investie d’un mandat électif public.
La justice plus indépendante "inconstestablement" qu'il y a 50 ans
Laurence Rossignol a également commenté la condamnation de Nicolas Sarkozy. La Cour de cassation a rejeté mercredi le pourvoi de l'ancien président de la République dans l'affaire Bismuth, confirmant sa condamnation à trois ans d'emprisonnement, dont un an de prison ferme aménagé sous bracelet électronique. "J'ai quand même un sérieux doute sur la probité et la moralité de cet homme. Donc, qu'il ait été condamné, je pense que c'est de nature à réconcilier les Français avec la justice. Ça veut dire que les hommes politiques sont aussi condamnés quand ils sont coupables, et c'est assez rassurant", réagit la sénatrice.
Selon elle, les poursuites pénales à l'encontre des hommes et des femmes politiques sont plutôt réconfortantes : "Est-ce que la justice était moins indépendante qu'aujourd'hui ? C'est ce que j'ai tendance à penser. Je ne suis pas sûr que les hommes politiques ou les femmes politiques (...) soient plus immoraux qu'ils ne l'étaient il y a 50 ans. En tout cas, la justice est plus indépendante, incontestablement", dit-elle.
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