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La présence d'Angela Merkel dans la campagne à venir de Nicolas Sarkozy ne fait pas l'unanimité

De part et d'autre du Rhin, l'engagement d'Angela Merkel aux côtés de Nicolas Sarkozy, dans sa probable future campagne présidentielle, provoque un peu de réticences des acteurs politiques et des railleries inquiètes de la presse, surtout allemande.
Article rédigé par Francetv 2012
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Nicolas Sarkozy et Angela Merkel ont affiché leur complicité lors de leur conférence de presse à L'Elysée le 6 février. (AFP)

De part et d'autre du Rhin, l'engagement d'Angela Merkel aux côtés de Nicolas Sarkozy, dans sa probable future campagne présidentielle, provoque un peu de réticences des acteurs politiques et des railleries inquiètes de la presse, surtout allemande.

Le soutien appuyé d'Angela Merkel à Nicolas Sarkozy, qui n'est pas encore candidat à sa propre succession, provoque des remous des deux côtés du Rhin. Il intervient, en effet, sur fond de crise européenne et de campagne présidentielle dans laquelle le "modèle allemand" fait débat.

Critiquée par une partie de la presse allemande, objet de l'ironie de la gauche française, le geste de la chancelière embarrasse jusqu'aux proches du président. Qu'elle entre "dans le débat public sur tout ce qui concerne l'Europe, les rapports entre la France et l'Allemagne, je trouve cela tout à fait légitime", a déclaré mardi 7 février sur Europe 1 Henri Guaino.

"Dans la campagne présidentielle elle-même, je suis plus réservé", a jouté le conseiller spécial du chef de l'Etat.

Fillon estime "normal" qu'elle soutienne le président

Avis différent du premier ministre. François Fillon, qui s'exprimait devant des parlementaires UMP, a jugé "normal qu'Angela Merkel défende ses idées et ses convictions politiques. Il est normal qu'elle apporte son soutien à Nicolas Sarkozy".

Au sortir du conseil des ministres franco-allemand de lundi à Paris, la chancelière avait mis tout son poids dans la balance en faveur de M. Sarkozy en affirmant le soutenir "sur tous les plans, car nous appartenons à des partis amis".

Cette posture a provoqué mardi l'ironie caustique de la presse allemande, à l'image du titre du quotidien Die Welt : "Comment Angela Merkel s'est éprise d'un lourdaud".

Le journal revient sur le fait que la chancelière avait, un temps, comparé M. Sarkozy à l'acteur Louis de Funès, archétype du Français pour les Allemands.

"Pourquoi la chancelière admire tant Sarkozy ?"

Pour la Süddeutsche Zeitung, Mme Merkel fait peut-être preuve d'un "courage excessif" et prend le risque de "brusquer" François Hollande, favori des sondages. Le quotidien soupçonne le gouvernement allemand de vouloir "provoquer une défaite socialiste".

"Pourquoi la chancelière admire tant Sarkozy ?", s'interroge le quotidien populaire Bild tandis que Der Spiegel évoque la "Dream Team" de l'Elysée et le "couple harmonieux" formé par Mme Merkel et de M. Sarkozy.

L'hebdomadaire souligne lui aussi que le "flirt" entre Angela les deux dirigeants pourrait endommager la relation franco-allemande en cas de victoire de M. Hollande.

Dans un entretien au quotidien Le Monde daté de mercredi, le ministre allemand des affaires étrangères, le libéral Guido Westerwelle, tente un rééquilibrage. "Le gouvernement allemand est neutre et ne participe pas aux élections en France, souligne-t-il. "Nous avons toujours eu de très bonnes relations avec M. Sarkozy".

"Personnellement, je n'ai aucun doute sur le fait que le peuple français saura prendre des décisions sages pour l'Europe", ajoute-t-il.

Hollande irolise sur le tandem "Merkozy"

Un ton sensiblement différent de celui de la chancelière, qui a peu goûté le souhait affiché de M. Hollande de renégocier le traité européen adopté dans la douleur par 25 membres désireux de sortir l'Europe de la crise.

Pour M. Fillon, "ce qui est le plus criticable pour elle c'est (que le PS) remette en cause le traité européen".

"Les traités sont signés par des pays, pas par des formations politiques", a-t-il dit mardi selon des députés UMP.

Lundi à Dijon, le candidat socialiste avait répliqué par une boutade aux dernières manifestations du tandem "Merkozy".

"Si Mme Merkel veut faire campagne pour Nicolas Sarkozy, elle a parfaitement le droit. Si Nicolas Sarkozy veut que Mme Merkel participe à des meetings, puisqu'il est candidat, il a parfaitement le droit", a-t-il ironisé.

Le "modèle allemand" en question

Depuis le début de sa campagne, le député de la Corrèze joue les équilibristes, rappelant l'importance du couple franco-allemand - Berlin sera sa première destination s'il est élu le 6 mai -, tout en prenant ses distances avec un "modèle allemand" regardé avec scepticisme par les Français.

Son directeur de campagne, Pierre Moscovici, a appelé la chancelière à ne pas compromettre l'avenir de l'amitié franco-allemande en soutenant M. Sarkozy. "L'amitié franco-allemande, c'est un bien commun qui ne doit pas être abîmé par des amitiés partisanes", a-t-il dit.

"Mme Merkel , en tant que chancelière - je ne parle pas là de la chef conservatrice - doit savoir qu'il y a une possibilité sérieuse, forte, que son prochain interlocuteur ne soit plus Nicolas Sarkozy mais François Hollande. Bref, n'insultons pas l'avenir", a-t-il ajouté sur France Info.

Ayrault espère toujoyrs une rencontre Hollande-Merkel

Jean-Marc Ayrault, "patron" des députés socialistes et conseiller spécial du candidat, espère toujours une rencontre entre M. Hollande et Mme Merkel - qui avait reçu la candidate PS Ségolène Royal en 2007 - avant le premier tour de l'élection présidentielle.

"Je pense que ce serait utile qu'elle le reçoive pour discuter", a-t-il dit sur RTL.

Lors de son entretien télévisée avec le président de la République, lundi soir, la chancelière a refusé de dire si ce serait le cas.

Très germanophile, M. Ayrault, député et maire de Nantes, donne en exemple François Mitterrand et Helmut Kohl, "qui ne se connaissaient pas" quand le socialiste a été élu en France en 1981.

"C'est vraiment pour moi la référence : deux politiques, l'un socialiste, l'autre conservateur, et qui ont créé un élan en Europe, qui ont pris des décisions à l'échelle de l'Histoire", a dit M. Ayrault, qui a beaucoup oeuvré pour calmer les tendances germanophobes apparues fin 2011 dans les propos de certains dirigeants PS, comme Arnaud Montebourg.

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