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Le gouvernement Ayrault comporte plusieurs poids lourds du Parti socialiste

Le gouvernement de Jean-Marc Ayrault, dévoilé mercredi 16 mai, se compose de 34 membres, hommes et femmes à parité, avec quelques poids lourds aux postes clés, comme Laurent Fabius au quai d’Orsay ou Michel Sapin au ministère du travail.
Article rédigé par Adrian Buffel
France Télévisions
Publié Mis à jour
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Laurent Fabius dans la cour de l'Elysée le 15 mai à Paris (LIONEL BONAVENTURE / AFP)

Le gouvernement de Jean-Marc Ayrault, dévoilé mercredi 16 mai, se compose de 34 membres, hommes et femmes à parité, avec quelques poids lourds aux postes clés, comme Laurent Fabius au quai d'Orsay ou Michel Sapin au ministère du travail.

Le nouveau Premier ministre, Jean Marc Ayrault, a réglé mercredi la composition de son premier gouvernement en faisant appel à quelques poids lourds socialistes, dont l'expérience sera essentielle. Francetv 2012 fait le point.

  • Fabius, l'homme du "non" au référendum, au quai d'Orsay

Nommé mercredi ministre des affaires étrangères dans le gouvernement Ayrault, Laurent Fabius, 65 ans, a déjà occupé plusieurs portefeuilles dont Matignon. Surtout, il est l'homme du "non" au référendum constitutionnel de 2005.

Doyen du gouvernement, Laurent Fabius est aussi l'homme qui a préparé pour le candidat du Parti socialiste (PS), les "100 premiers jours" de la mandature, un travail qu'il a accepté en dépit des relations longtemps détestables entre les deux hommes.

Laurent Fabius est nommé ministre du budget dès la victoire de son mentor François Mitterrand à la présidentielle de 1981, puis ministre de l'industrie et de la recherche en 1983. Il devient, en juillet 1984 à 37 ans, le plus jeune Premier ministre de France, succédant à Pierre Mauroy. A Matignon, le procès du sang contaminé aura mis sa carrière entre parenthèses.

Il préside l'Assemblée nationale entre 1988 et 1992, puis de 1997 à 2000, et rejoint le gouvernement Jospin en 2000 au puissant portefeuille de l'économie et des finances.

Le député de Seine-Maritime se retrouve isolé après son soutien au "non" au référendum constitutionnel en 2005 et son échec cuisant à la primaire interne au PS en 2006, qui avait désigné Ségolène Royal candidate à la présidentielle de 2007.

Pierre Moscovici (FRED DUFOUR / AFP)

  • Moscovici, ex-ministre de Jospin, à l'Economie

Pierre Moscovici, 54 ans, ancien ministre de Lionel Jospin, nommé mercredi ministre de l'économie, des finances et du commerce extérieur, était un fidèle de Dominique Strauss-Kahn, avant de rallier François Hollande et de devenir son directeur de campagne.

Né en 1957, sympathisant de la Ligue communiste révolutionnaire, il rejoint le PS en 1984, cornaqué par Dominique Strauss-Kahn, son professeur à l'ENA. DSK le présente à Lionel Jospin, alors premier secrétaire du Parti, qui le nomme en 1986 secrétaire du groupe des experts du PS.

De 1988 à 1990, il devient son conseiller technique et est chargé de mission au ministère de l'éducation. A 32 ans, il entre à la direction du PS. En 1997, il est élu député du Doubs puis devient ministre délégué aux affaires européennes. Il devient un "véritable homme politique" en 2002 avec sa défaite aux législatives. Il veut alors "tout arrêter". Mais la "politique est une drogue", il repart. Il est réélu député en 2007.

Durant la primaire socialiste, il rejoint François Hollande et poursuit l'aventure avec le député de Corrèze durant la campagne présidentielle. Mais, il reste en coulisses, au risque d'être occulté par le médiatique directeur de la communication, Manuel Valls.

Michel Sapin (MARTIN BUREAU / AFP)

  • Sapin, député et ami de Hollande, au Travail

Michel Sapin, 60 ans, nommé mercredi ministre du travail, de l'emploi et du dialogue social, est un des très proches de François Hollande. Il avait déjà été ministre de l'économie sous François Mitterrand, siégeant également dans le gouvernement Jospin.

Né le 9 avril 1952, M. Sapin entre en 1978 à l'ENA, où il fait partie de la promotion Voltaire dans laquelle il côtoie François Hollande et Ségolène Royal.

Député de l'Indre de 1981 à 1986 puis des Hauts-de-Seine de 1986 à 1991, ce spécialiste de droit a été président de la commission des Lois à l'Assemblée nationale pendant trois ans (1988-1991). Il a été ministre délégué à la justice (1991-1992) du gouvernement Cresson.

Nommé ministre de l'économie et des finances du gouvernement Bérégovoy (avril 1992-mars 1993), il affronte deux crises monétaires et laisse une loi dite Sapin, clarifiant les circuits dans la publicité.

Dans le gouvernement Lionel Jospin, il est ministre de la fonction publique et de la réforme de l'Etat (2000-2002).

Dans l'équipe de campagne de François Hollande, il était chargé du projet présidentiel.

Manuel Valls (JOEL SAGET / AFP)

  • Valls, représentant de l'aile droite du PS, à l'Intérieur

Le député-maire d'Evry Manuel Valls, 49 ans, classé à l'aile droite du PS, nommé mercredi ministre de l'intérieur, est un bon connaisseur des réseaux policiers. C'est un proche ami du criminologue Alain Bauer, ancien grand maître du Grand Orient de France, qui a mis ses compétences au service de Nicolas Sarkozy.

Né à Barcelone le 13 août 1962, il a adhéré au Parti socialiste en 1980 pour soutenir Michel Rocard, dont il fut un des collaborateurs à Matignon. Sous Lionel Jospin (1997-2002), il est responsable de la communication et de la presse du Premier ministre en cette période de cohabitation.

Elu maire d'Evry en 2001, député de l'Essonne un an plus tard, il milite au PS pour une rénovation du parti, allant jusqu'à demander son changement de nom. Ses critiques irritent la première secrétaire Martine Aubry qui à l'été 2009 le somme de rentrer dans le rang, ou de quitter le parti.

Prêt à se rallier à Dominique Strauss-Kahn alors favori des sondages, il se lance dans la primaire socialiste après la défection de l'ex-patron du FMI après l'affaire du Sofitel de New-York, le 14 mai 2011. Il termine la compétition avant-dernier avec un peu plus de 5% au 1er tour et se rallie alors à François Hollande.

Vincent Peillon (PATRICK KOVARIK / AFP)

  • Peillon, un professeur à l'Education nationale

C'est à un professeur de formation, fin connaisseur des penseurs socialistes et républicains, Vincent Peillon, qu'a été confiée mercredi la responsabilité de "refonder l'école de la République", à la tête du ministère de l'éducation nationale.

Né le 7 juillet 1960, il a été professeur de philosophie en lycée, avant d'entrer en politique sur le tard, au début des années 90, au Parti socialiste.

Depuis son entrée au PS, Vincent Peillon a souvent changé, passant du courant rénovateur "Nouveau parti socialiste" (NPS) avec Arnaud Montebourg aux soutiens successifs de Ségolène Royal, Dominique Strauss-Kahn puis François Hollande.

Mais on peut trouver, chez ce fils de banquier communiste, une cohérence plutôt à la gauche du PS : il a appelé à voter "non" au référendum sur la Constitution européenne en 2005 et avait présidé, de 1999 à 2002, la combative mission parlementaire contre la délinquance financière et le blanchiment en Europe.

Partisan d'une "refondation républicaine autour de l'Ecole", il a coordonné l'équipe jeunesse-éducation-supérieur-recherche du candidat Hollande et entend "recréer de la culture commune".

Arnaud Montebourg (JEAN-CHRISTOPHE VERHAEGEN / AFP)

  • Montebourg, électron libre de la famille socialiste

Arnaud Montebourg, 49 ans, nommé mercredi ministre du redressement productif, a longtemps joué le rôle de l'électron libre au Parti socialiste.

Né en 1962, il se fait connaître comme avocat en menant bataille contre Alain Juppé dans l'affaire de son appartement de la Ville de Paris en 1995. Votant "non" à la Constitution européenne en 2005, il se rapproche de Ségolène Royal, qu'il accueille en septembre 2006 à la "Fête de la rose" dans sa circonscription.

Investie candidate, Ségolène Royal le désigne porte-parole, mais le suspend un mois : sur Canal +, le nouveau ministre du Redressement productif avait dit que le seul défaut de la candidate socialiste était son compagnon, un certain... François Hollande.

Montebourg a souvent attaqué François Hollande, qui lui doit le surnom de "Flamby". Lui-même candidat à la primaire socialiste avec une petite équipe, Montebourg fait campagne sur l'aile gauche, défendant la "démondialisation", soit, selon ses nombreux adversaires, un néo-protectionnisme qui ne dit pas son nom.

En décembre 2011, il crée l'émoi en dénonçant "une politique à la Bismarck" d'Angela Merkel. Volontiers chevalier blanc, il dénonce les affaires des fédérations PS des Bouches-du-Rhône et du Pas-de-Calais et réclame à DSK "des excuses à toute la gauche".

Sa troisième place à la primaire socialiste lui donne le rôle d'un faiseur de roi qui choisira à titre personnel François Hollande. Le candidat à la présidentielle en fera son "représentant spécial", en charge d'un tour de France des usines.

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