Le Sénat peut-il basculer à gauche ?
Pour la première fois dans l'histoire de la République, le Sénat pourrait changer de majorité le 25 septembre. A quelques mois de la présidentielle, une telle éventualité ne serait pas bon signe pour la majorité sortante...
Aux dires de la Constitution, le Sénat doit "représenter les collectivités territoriales". Sur le papier, la gauche devrait donc en détenir la majorité. Motif: elle détient une majorité de communes de plus de 3500 habitants, 61 départements sur 101 et 21 régions de métropole sur 22. Une majorité renforcée par son succès aux élections cantonales et régionales de 2011.
Pour autant, le mode de scrutin lui est défavorable: le corps électoral, constitué à 95 % de représentants de communes, se distingue par une surreprésentation des communes rurales de petite taille. Lesquelles penchent souvent à droite... Ce qui faisait dire au premier ministre PS Lionel Jospin en avril 1998: "Une chambre comme le Sénat, avec autant de pouvoirs, où l'alternance n'est jamais possible, qui n'est pas élue au suffrage universel direct, est une anomalie parmi les démocraties"...
Qu'est ce qui pourrait alors empêcher l'actuelle opposition parlementaire de perdre ? Il y a d'abord le poids des traditions dans la France profonde où la frontière droite-gauche n'est pas forcément marquée et où les intérêts locaux peuvent l'emporter sur des considérations strictement partisanes.... "Dans les petits départements où persiste le scrutin majoritaire à deux tours entrecoupés d'un déjeuner, des deals improbables se concluent à l'heure du digestif...", constate joliment le site Médiapart.
Tant à droite qu'à gauche, on se veut serain. Le président UMP sortant du Sénat, Gérard Larcher ne se projette pas "dans une hypothèse" qu'il considère "comme démocratiquement possible mais assez peu probable". Le président du groupe PS, Jean-Pierre Bel, se dit "optimiste mais réaliste car il s'agit d'un combat très inégal".
Une chose semble sûre: le résultat sera très, très serré...
Gérard Larcher se dit "persuadé de conserver une majorité de 6 à 12 sièges". Jean-Pierre Bel explique que pour l'emporter, son groupe a besoin de "19 sièges". Mais qu'"un gain de 10 à 15 sénateurs, ce serait déjà une victoire".
Et qu'en pense-t-on à l'Elysée ? "On peut arriver à un écart de moins de 5 sièges d'un côté ou de l'autre, et je ne suis pas sûr que cela se termine bien pour la majorité", aurait déclaré Nicolas Sarkozy, cité par le Canard.
En fait, le scrutin du 25 septembre pourrait être infléchi le 1er octobre par l'élection du président de la Haute assemblée. Même si la gauche l'emportait sur le papier, la présidence pourrait parfaitement lui échapper ! Cette élection se jouera à bulletins secrets: "un sénateur de gauche aura tout loisir de s'abstenir, voire de voter contre son camp, sans risquer les foudres de son parti", constate Médiapart. La politique sénatoriale semble décidément une chose bien compliquée...
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