Les réponses des candidats à la primaire socialiste sur le numérique
Quelles sont les armes numériques des candidats à l'investiture socialiste pour 2012 ? Et quelles sont leurs promesses aux internautes?
La rédaction internet de France Télévisions a envoyé aux six candidats à la primaire PS un questionnaire sur leur stratégie en ligne . Les lecteurs intéressés verront ici in extenso les réponses des socialistes Martine Aubry, François Hollande, Arnaud Montebourg, Ségolène Royal, Manuel Valls et du radical de gauche Jean-Michel Baylet). Pour les autres, une rapide synthèse.
Quelle présence sur le Net et les réseaux sociaux ?
Les six candidats socialistes et radical de gauche détaillent dans leurs réponses la panoplie désormais classique d'une campagne 2.0: site dédié, page Facebook, vidéos Dailymotion ...
Peu d'originalité à signaler, sinon les « twitt-interviews » mises en place par Ségolène Royal (tout internaute peut lui poser des questions directes via Twitter). Avantage évident de cette pratique auquel a recouru également François Bayrou en juin: pas d'intermédiaire entre le candidat et le citoyen questionneur.
L'élection présidentielle va-t-elle se jouer sur internet ?
Reconnaissons au président du Parti radical de Gauche Jean-Michel Baylet le mérite d'afficher une devise rad-soc au charme immuable : "rien ne remplace un contact direct avec les électeurs".
Les socialistes se montrent, eux, plus sensibles aux leçons de la campagne Obama en 2008. En particulier l'imbrication, soulignée par Martine Aubry, de la campagne sur le terrain et sur le Net : : « On voit bien qu'aujourd'hui, et c'est une différence par rapport à 2007, les deux dimensions sont imbriquées plus qu'elles ne s'opposent ». Et d'ajouter « Lorsque des volontaires de ma campagne utilisent Internet pour s'organiser, recevoir des argumentaires, entrer en contact, et finalement organiser un porte-à-porte ou une distribution de tracts, est-ce de l'Internet ou du terrain?"
Pour l'inlassable avocat de la "VIe République" Arnaud Montebourg, Internet offre une alternative aux médias traditionnels et la possibilité de changer les termes des débats : « Aux Etats Unis, quand tout l'establishment médiatique Washingtonien ignorait Obama, internet portait ses idées. Quand dans la bataille pour la reconquête par la gauche italienne de Milan, tous les medias étaient contrôlés de près ou de loin par Berlusconi, la victoire a été construite et acquise sur internet, car les citoyens n'ont plus confiance dans les medias actuels. Il en est de même en France. La bataille réelle et profonde des présidentielles se déroulera sur internet... C'est également une transformation démocratique profonde qui est à l'œuvre ». Même écho du côté de Ségolène Royal, qui voit la possibilité d'ouvrir sur le web et les réseaux sociaux de nouveaux espaces de dialogue avec les citoyens.
Davantage dans le contrôle, François Hollande souligne qu'"Il y a un temps spécifique à Internet, c'est celui de l'instantanéité, de l'immédiateté. Internet accélère à l'évidence le rythme des campagnes électorales. Le candidat qui l'emportera sera celui qui sera non seulement capable de suivre ce rythme effréné, mais d'imposer son propre tempo" .
Les propositions numériques
Hadopi
Les différents candidats proposent de revoir ou abroger Hadopi, jugé par François Hollande « emblématique d'une politique qui préserve quelques intérêts particuliers au mépris de l'intérêt collectif ». Martine Aubry, Ségolène Royal ou Manuel Valls plaident pour un système de 'redevance" (ou "licence globale") dont les contours restent flous.
Industries culturelles
Arnaud Montebourg "propose notamment une taxation culturelle sur les industries de la culture, par des centimes prélevés sur les bénéfices publicitaires des télévisions privées, les profits gigantesques des fournisseurs d'accès à Internet et les produits industriels diffuseurs de culture comme ceux d'Apple".
Manuel Valls prône "un financement de la création artistique sera également permis par une « Taxe Tobin numérique », alimentée par un pourcentage des bénéfices de moteurs de recherche". Ni l'un ni l'autre n'expliquent comment ils vont s'y prendre pour taxer en France les géants américains du Net.
Lutte contre la fracture numérique et neutralité du Net
Martine Aubry : "Je propose de réduire la fracture numérique, en instaurant un droit à la connexion pour tous et une éducation renforcée aux technologies et aux usages du numérique. C'est pourquoi je défends la neutralité d'internet, face aux risques de confiscation de ce bien commun par des intérêts particuliers et exclusivement marchands très puissants."
Open Data
Arnaud Montebourg : "j'ai proposé dans le projet de VIe République la libération générale des données publiques, souvent appelée Open Data, (du nom du programme de l'administration Obama) afin que la transparence devienne la règle et le secret l'exception. La libération des données publiques est un énorme progrès démocratique car permet le contrôle par les citoyens sur l'action publique, et améliore la performance dans l'usage de l'argent public et dans la décision publique. Il est aussi une source importante de développement économique car le numérique est un vivier considérable d'emplois, de services, de technologie, de recherche et d'activité."
Le thème des Open data pourrait prendre de l'ampleur dans les mois qui viennent, la transparence maximale sur les données publiques pouvant contribuer à la lutte contre les gaspillages ou les dépenses inutiles.
-> Aubry, Hollande, Royal, Montebourg, Valls ... combien de divisions en ligne ?
Pour se faire une idée du poids de chaque candidat sur Twitter, le site live-primaires-ps.fr propose un suivi en direct du nombre d'abonnés (followers) aux comptes des six candidats. Si François Hollande fait la course en tête (18.923 abonnés le 10 août à 18h), il est suivi d'Arnaud Montebourg (16.109 abonnés même date même heure), Ségolène Royal (14.983) et en 4e position seulement Martine Aubry (13.299).
Sur Facebook en revanche, la candidate socialiste à l'Elysée de 2007 Ségolène Royal (27.982 "people like this") devance Martine Aubry (12.567) et François Hollande (8668).
Un seul candidat voit un terme politique associé à son nom dans les occurrences suggérées spontanément par Google : Arnaud Montebourg dont le concept de démondialisation a dû convaincre les internautes (puisque les occurrences reflètent en principe leurs requêtes).
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