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Enquête France 2 Comment Laurent Wauquiez, président de la région Auvergne-Rhône-Alpes, arrose de subventions son fief du Puy-en-Velay

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Article rédigé par L'Oeil du 20 heures
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Enseignement privé catholique, associations de chasseurs... Dans sa région, le président des Républicains n'hésite pas à gâter également l'électorat traditionnel de la droite.

Laurent Wauquiez a été maire du Puy-en-Velay (Haute-Loire) pendant huit ans. Depuis qu’il est à la tête de la région Auvergne-Rhône-Alpes, sa commune semble ne pas avoir été oubliée.

Prenez les illuminations de la ville, en 2017 : la Région les subventionne pour près de 600 000 euros. Elle finance aussi la rénovation des églises, comme le clocher de celle des Carmes, pour 414 000 euros. 

Nous n'avons plus qu'à tendre les mains pour recueillir les millions qui viennent de la région

Laurent Johanny

Conseiller municipal d'opposition du Puy en Velay

La Région finance aussi le stade de la ville, pour 2,4 millions d'euros sur quatre ans. Sans parler de la réhabilitation du musée local et des aides pour les festivals. Pour Laurent Johanny, conseiller municipal d’opposition, le Puy-en-Velay multiplie les demandes auprès de la région : "Maintenant, nous n’avons plus qu’à tendre les mains pour recueillir les millions qui viennent de la région, quatre millions d’euros. Quelle ville de la Région Auvergne-Rhône-Alpes peut prétendre à quatre millions d’euros sur un seul conseil municipal ?"

Pour le savoir, nous avons comptabilisé toutes les aides régionales votées en 2017, pour le Puy-en-Velay, pour Aurillac et pour Moulins. Trois communes de taille et d’importance équivalentes.

Selon nos calculs, 35 millions d'euros de subventions ont été votés pour la ville du Puy-en-Velay en 2017. C’est deux fois moins pour Aurillac, et quatre fois moins pour Moulins. 

Nous avons contacté la Région. Elle conteste ce calcul, affirmant que toutes ces "dépenses sont difficilement comparables" et qu’il faudrait retirer les dépenses relatives aux lycées. Elle assure "renforcer la solidarité territoriale avec les départements les plus défavorisés de la région" et qu’il est "faux de parler d'un favoritisme dont bénéficierait le Puy".

Quant à l’actuel maire de la ville, il reconnaît, selon ses propres mots, être "sous les robinets de la région" mais réfute tout traitement de faveur : "Quand on demande des financements à la Région, on monte des projets, des dossiers qui sont prêts. Moi je ne sais pas ce qui se passe à Moulins, moi je ne sais pas ce que font mes collègues maires des autres villes, explique-t-il. Cela veut dire que pour cette année-là, le Puy, la Haute-Loire, la communauté d’agglomération du Puy a déposé plus de dossiers que les autres collectivités."

Ecologie et droit des femmes pénalisés

A l’échelle de la grande région Auvergne-Rhône-Alpes, Laurent Wauquiez a fait des choix politiques très clairs. Parmi les gâtés : l’enseignement privé catholique. En 2016, il a reçu environ 9 millions d’euros, 40% de plus qu'en 2015. Les chasseurs, quant à eux, ont signé avec la Région un contrat de 3 millions d’euros de subventions.

En revanche, l’aide reçue par la Fédération Rhône-Alpes Nature a baissé. Entre 2015 et 2016, elle a perdu 25%. Même sort réservé au Centre d’information sur les droits des femmes et de la famille : sa subvention a chuté à 743 000 euros, une baisse de 25%. Une répartition assumée par la Région, qui souhaite utiliser différemment son argent selon Etienne Blanc, vice-président adjoint aux Finances : "Nous avons dans cette région des associations sur la défense des droits des femmes, sur la lutte contre les violences qui avaient une part excessive de dépenses de fonctionnement. Qu’est-ce que nous leur avons dit ? Réorientez votre budget, réorientez vos actions."

Des choix politiques assumés et des subventions votées par le Conseil régional. Mais en amont, un nouveau système a été créé. Des élus, tous de la majorité, ont été désignés référents territoriaux par Laurent Wauquiez.

Sur l’aménagement du territoire ce sont eux qui valident ou rejettent les demandes de subventions. Dans l’opposition, on s’inquiète de ce système. Pour Jean-Charles Kohlhaas, conseiller régional (EELV), avec ce système, il y a un risque d'arbitraire : "Avant, il y avait des jurys, des comités d’avis qui regroupaient tous les groupes, y compris de l’opposition, aujourd’hui c’est une poignée d’élus de la garde rapprochée de Laurent Wauquiez qui prend la décision."

La Région, au contraire, vante l’efficacité de ce nouveau système, selon elle plus direct et économe. Bilan complet dans quatre ans, à la fin du mandat. 

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