Valérie Pécresse, Xavier Bertrand, Christian Estrosi... Ces figures majeures des Républicains qui ont quitté le parti depuis 2017
Le récent départ du maire de Nice, Christian Estrosi, vient s'ajouter à la longue liste de ceux qui ont quitté le parti de droite depuis quatre ans.
Des départs qui s'enchaînent et qui fragilisent chaque fois davantage un parti tiraillé de toutes parts. Jeudi 6 mai, Christian Estrosi, ex-porte-flingue de Sarkozy et désormais Macron-compatible, annonce qu'il quitte Les Républicains. Le maire de Nice dénonce "la dérive d'une faction qui semble avoir pris en otage la direction du parti". Réaction de Christian Jacob, président de LR : "Je regrette toujours les départs, mais cette décision a le mérite de la cohérence."
Car le départ de Christian Estrosi n'est que le dernier d'une longue lignée qui a débuté dès l'arrivée au pouvoir d'Emmanuel Macron. Le parti, qui a vu ses adhérents fondre comme neige au soleil en passant de 215 000 militants en 2014 à 65 300 fin 2020, a perdu une partie de ses ténors. Si certains ont rejoint En marche !, d'autres ont créé leur propre mouvement et rêvent de la présidentielle.
Au printemps 2017, plusieurs ténors LR rejoignent le gouvernement d'Edouard Philippe
C'est la première saignée et c'est sans doute la plus douloureuse. L'arrivée au pouvoir d'Emmanuel Macron, en mai 2017, signe, pour Les Républicains, le départ de plusieurs figures du parti qui entrent au gouvernement. Le nouveau président de la République recrute même, pour le poste de Premier ministre, un quadragénaire inconnu des Français, mais bien familier des Républicains : le juppéiste et maire du Havre (Seine-Maritime) Edouard Philippe. Il faudra des mois au parti de droite pour se résoudre à exclure ces "traîtres".
Fin octobre 2017, le bureau politique de LR est expéditif. En une demi-heure, le parti prend "acte" du départ d'Edouard Philippe et exclut Gérald Darmanin, alors ministre des Comptes publics, Sébastien Lecornu, à l'époque secrétaire d'Etat à la Transition écologique ainsi que les députés Franck Riester et Thierry Solère. Les Républicains reprochent aux pro-Macron "leur ralliement individuel à la majorité présidentielle", leur soutien à des candidats aux législatives "contre des candidats" LR ou, à l'instar de Gérald Darmanin, de s'être présenté sur des listes LREM aux sénatoriales. Un mois plus tard, trois d'entre eux, Darmanin, Lecornu et Solère, franchissent le Rubicon en adhérant au parti présidentiel.
Un autre avait choisi d'anticiper le couperet du bureau politique en quittant de lui-même sa formation politique. Fin septembre 2017, Bruno Le Maire annonce au JDD avoir quitté LR pour rejoindre LREM. "Les chefs de la droite n’ont pas conscience du moment historique où nous sommes. Ils devraient nous soutenir au lieu de faire le jeu des extrêmes. Je leur dis : 'Soyez à nos côtés, mettez-vous à la hauteur des Français !'", assure le ministre de l'Economie et des Finances, qui appelle ses anciens camarades de droite à prendre "leurs responsabilités".
Fin 2017, Xavier Bertrand claque la porte après l'élection de Laurent Wauquiez
"J'ai décidé de quitter définitivement Les Républicains." Courant décembre, Xavier Bertrand annonce lui aussi son départ sur le plateau du journal de 20 heures de France 2. Cette déclaration survient au lendemain de l'élection de Laurent Wauquiez à la tête du parti. "Nous sommes dans une dérive. Je ne reconnais plus ma famille politique, alors j'ai décidé de la quitter", ajoute le président de la région Hauts-de-France.
Celui qui fut secrétaire général de l'UMP entre 2007 et 2010 affirme ne pas avoir "l'intention de rejoindre un parti politique ou de créer un parti politique." "Mon parti, c'est la région, où j'ai l'impression d'être utile, de servir des gens", insiste-t-il, en estimant que "ça ne se joue plus dans les partis politiques." "C'est une décision qui n'est pas facile mais qui s'est imposée à moi", ajoute-t-il.
Depuis, Xavier Bertrand a revu ses ambitions à la hausse puisqu'il n'est plus seulement candidat à sa réélection dans les Hauts-de-France, mais prétendant dans la course à la présidentielle.
En 2019, Valérie Pécresse s'en va pour se consacrer à son nouveau mouvement
Nouveau coup dur en juin 2019 pour LR. La puissante présidente de la région Ile-de-France quitte elle-aussi le navire, quelque temps après le terrible revers de son parti aux européennes. "La refondation de la droite doit se faire à l'extérieur du parti, estime l'ancienne ministre de Nicolas Sarkozy. Le parti est cadenassé de l'intérieur."
Dans son sillage, plusieurs élus de la droite francilienne la suivent et rejoignent son mouvement, Libres !, créé en septembre 2017.
Cette annonce fait l'effet d'une petite bombe au sein du parti, à l'instar du président par intérim, Jean Leonetti, qui exprime sa "tristesse", sa "désapprobation" et son "incompréhension".
En 2021, les maires de Toulon et de Nice quittent eux aussi LR après un imbroglio sur les régionales
Les élections sont l'occasion pour LR de mesurer l'écart qui se creuse entre deux droites qui deviennent de plus en plus irréconciliables. Les régionales de juin 2021 ne font pas exception. Le maire de Toulon, Hubert Falco, annonce début mai qu'il quitte Les Républicains (LR). Dans un communiqué, l'édile, considéré comme Macron-compatible, dénonce le "rétrécissement de la ligne" du parti, qui "en oublie les enjeux essentiels auxquels il doit répondre". La veille, LR avait exclu tout accord avec La République en marche pour les élections régionales en Provence-Alpes-Côte d'Azur (Paca).
Il n’est nullement question de LREM, je quitte les Républicains mais je ne rejoins pas un autre parti. Je reprends juste ma liberté puisque le président du parti pour lequel j’ai gagné 4 élections municipales dont 3 au premier tour m’a traité de « malfaisant ».
— Hubert Falco (@hubertfalco) May 6, 2021
Le lendemain, c'est au tour du médiatique et ancien ministre de Sarkozy Christian Estrosi de tourner la page. "Je m'en vais de LR", explique-t-il dans une interview au Figaro. Le maire de Nice déplore "la dérive d'une faction qui semble avoir pris en otage la direction du parti" pour faire capoter le projet d'alliance entre La République en marche et LR aux régionales. Il affirme n'avoir "jamais subi une telle violence dans [son] parti" que lors des discussions autour de cette affaire depuis dimanche, où il assure avoir été qualifié de "malfaisant", tout comme le maire de Toulon.
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