Marine Le Pen absente du second tour, pour qui voteraient ses électeurs ?

Samedi 7 avril, 3000 militants environ ont assisté au meeting de Marine Le Pen à Lyon. L'occasion de leur demander ce qu'ils feraient au second tour si leur candidate en était absente.

De notre envoyé spécial à Lyon- Les récentes études d'opinion montrent une progression du report des voix frontistes sur le président de la République au second tour. Ce dernier, en meeting à Caen vendredi soir, s'est adressé directement aux électeurs de Marine Le Pen en disant "comprendre leur souffrances". Un appel qu'il a répété à Saint-Raphaël samedi après-midi. Une main tendue valable pour les deux tours

Un choix cornélien

Qu'en pensent les militants FN rencontrés en marge du meeting de Marine Le Pen à Lyon ? Le 6 mai, si leur candidate est absente, que voteront ils ? Hollande ou Sarkozy ?

"Aie, ca va poser un problème" répond une dame d'une cinquantaine d'années. Un voisin vient à son secours. "Après le 21, il y aura un 22 avril", déclare-t-il. "Elle sera au second tour", glisse en passant une militante.

Bon d'accord. Alors, on insiste et on place le scénario à l'état d'hypothèse. Que feriez-vous ? Hollande ou Sarkozy ?

"Sarkozy par défaut", répond un militant, la mine perplexe. "Moi je ne sais pas encore", précise son épouse. "J'attendrai la consigne de Marine", ajoute une troisième personne.

"Pincement au coeur"

Parmi la dizaine de personnes rencontrées, cette position d'abstention est minoritaire. La plupart voteront pour M. Sarkozy. Aucune pour François Hollande.

"Ce sera avec un énorme pincement au coeur mais Hollande propose le droit de vote aux étrangers. Et cela serait perdre notre identité", explique un jeune couple venu de Bourg en Bresse et qui dit ne gagner que 2000 euros à deux par mois.

"Je n'ai jamais voté à gauche de ma vie. Je ne vais pas commencer maintenant. Sarkozy ce n'est pas extraordinaire mais il va nous maintenir", témoigne un homme aux cheveux blancs.

"Hollande sera l'otage de Mélenchon", poursuit un autre militant.

En revanche pour le premier tour, aucun ne semble être sensible aux sirènes du discours de Caen. "On l'a écouté pendant cinq ans, ça suffit", explique un spectateur juste sorti du meeting, un maquillage tricolore sur son avant-bras.

La consigne de Le Pen

"On s'est fait enfumer en 2007. On ne va pas recommencer. Pour le second tour, c'est une autre histoire. Sarkozy va continuer à faire des conneries, mais Hollande c'est la fin de la France", ajoute un autre sympathisant.

Ces témoignages n'ont pas valeur de sondage et l'électorat frontiste de la région lyonnaise n'est pas tout à fait le même que celui de l'Est et du Nord de la France, bastions nouveaux du FN.

Si elle est éliminée dès le premier tout, Marine Le Pen ne devrait pas appeler à voter pour un candidat. Cette logique politique cohérente sera peut-être en léger décalage avec le choix de son électorat. Elle devra donc l'expliquer avec soin pour conserver une dynamique dans la perspective des élections législatives.

"Entre les deux tours, nous n'aurons pas forcément intérêt à beaucoup parler. Cela dépendra surtout des résultats du 22 avril, si dès ce soir-là on aura une idée très nette de qui va entrer à l'Elysée", explique un membre de l'équipe de campagne.