"Les Français en ont marre qu'il y ait des affaires" : quand Marine Le Pen appelait à l'inéligibilité ou au retrait d'élus condamnés

Avant d'être elle-même poursuivie dans l'affaire des assistants parlementaires du Front national, l'ancienne présidente du parti d'extrême droite avait plusieurs fois exigé une forme d'exemplarité des dirigeants politiques.
Article rédigé par franceinfo
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Marine Le Pen, ancienne présidente du Front national, au tribunal de Paris le 13 novembre 2024. (GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP)

Le moment est attendu. Marine Le Pen a une dernière occasion, mercredi 27 novembre, de faire pencher le tribunal correctionnel de Paris en sa faveur dans le procès de l'affaire des assistants parlementaires du Front national. Dans leur plaidoirie, ses avocats défendront la présidente du groupe RN à l'Assemblée nationale, contre laquelle le parquet a requis cinq ans de prison (dont deux ans ferme) et cinq ans d'inéligibilité, avec exécution provisoire.

"La seule chose qui intéressait le parquet, c'était Marine Le Pen, pour pouvoir demander son exclusion de la vie politique", avait réagi l'intéressée après ces réquisitions, le 13 novembre. La triple candidate d'extrême droite à la présidentielle sait qu'elle joue sa survie politique. Car si la peine se confirme, ses ambitions élyséennes pour 2027 seraient alors anéanties. La voilà donc à son tour menacée par l'"arme de l'inéligibilité" qu'elle a pourtant souvent et longtemps défendue... mais à l'encontre d'autres élus.

En 2004, contre Alain Juppé

C'est une archive qui a resurgi ces derniers jours, et reprise sur les réseaux sociaux, notamment par la socialiste Ninuwé Descamps sur X. Le 9 février 2004, à quelques semaines des élections régionales, Alain Juppé vient d'être condamné à dix ans d'inéligibilité dans l'affaire des emplois fictifs de la ville de Paris. Ce soir-là, sur le plateau de l'émission "Mots Croisés" sur France 2, Marine Le Pen fait face à Jean-François Copé, alors porte-parole du gouvernement de Jean-Pierre Raffarin. 

La patronne du FN n'y va pas par quatre chemins : pour elle, le maire de Bordeaux n'a pas d'autre choix que d'abandonner la vie politique. "Tout le monde a piqué de l'argent dans la caisse, sauf le Front national. Et on trouve ça normal ?" s'insurge-t-elle. "Les Français n'en ont pas marre d'entendre parler des affaires, ils en ont marre qu'il y ait des affaires ! Ils en ont marre de voir des élus qui détournent l'argent, c'est scandaleux." Et d'ajouter : "Respecter la démocratie, c'est ne pas voler l'argent des Français."

En 2010, contre Nicolas Sarkozy

"Oui, je pense qu'il doit partir parce que le lien de confiance est totalement rompu." Ce jour de juillet 2010, sur LCI, la responsable frontiste se veut très claire : Nicolas Sarkozy doit démissionner, tout comme l'ensemble du gouvernement. L'affaire Bettencourt-Woerth vient d'éclater, et le locataire de l'Elysée, explique-t-elle, "a une responsabilité très lourde". "La France mérite honnêtement beaucoup mieux que d'être dirigée par des gens qui n'ont aucune conscience de la moindre morale, de la moindre éthique et qui, de surcroît, me semblent n'avoir aucune compétence puisqu'ils ont réussi à jeter la France dans une crise économique et sociale gravissime", conclut-elle, dans des propos relayés à l'époque par Le Point. 

En 2012, dans son propre livre

En 2012, Marine Le Pen publie un livre intitulé Pour que vive la France. A la page 196, dans une partie nommée "Morale publique : il y a une urgence", Marine Le Pen estime que "l'arme de l'inéligibilité devra être utilisée avec beaucoup plus de rigueur". Plus loin, elle développe : "Trente ans d'errance, d'échec et de mensonges imposent au responsable politique l'humilité et la modestie. C'est sur ces bases essentielles que la morale publique sera restaurée. C'est sur ces bases que j'entends mener ce combat."

En 2013, contre Sylvie Andrieux

Cette fois, c'est une élue de gauche qui est ciblée. En mai 2013, la députée socialiste des Bouches-du-Rhône, Sylvie Andrieux, est accusée d'avoir détourné environ 740 000 euros de subventions de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur, dont elle était vice-présidente à l'époque des faits, entre 2005 et 2008. Dans un communiqué daté du 22 mai 2013, Marine Le Pen écrit ceci : "Après sa très lourde condamnation pour détournement de fonds publics à des fins clientélistes, l'élue socialiste Sylvie Andrieux doit maintenant avoir la décence minimum de démissionner de son mandat de députée", écrit alors la présidente du Front national. Le Parti socialiste, dit-elle aussi, est "embourbé ici et là dans une multitude d'affaires qui mettent en cause la moralité de nombre de ses élus et responsables locaux".

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