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Présidentielle : au FN, personne ne comprend le calendrier de sortie de l'euro

Ce qui était présenté comme une priorité pendant la campagne du premier tour semble désormais une source de confusion au sein du parti de Marine Le Pen.

Article rédigé par franceinfo
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La candidate du FN à la présidentielle Marine Le Pen et son soutien Nicolas Dupont-Aignan, en meeting commun au Parc des Expositions de Villepinte, le 1er mai 2017. (JOEL SAGET / AFP)

Sortir de l'euro, peut-être. Mais quand ? Un léger flou voile la promesse de Marine Le Pen, depuis la signature d'un accord avec le souverainiste Nicolas Dupont-Aignan, le 28 avril. Depuis, le "rétablissement d'une monnaie nationale" promis par le FN n'est plus une priorité. La candidate et, surtout, ses lieutenants semblent perdus dans leur calendrier. Avant le second tour de la présidentielle, chacun en donne sa version, au risque de créer la cacophonie. La candidate a d'ailleurs dû réaffirmer, lundi 1er mai, que la sortie de la monnaie unique, si elle n'est plus un "préalable" au protectionnisme économique promis, reste un objectif de son quinquennat en cas d'élection.

Marion Maréchal-Le Pen : "Plusieurs mois", voire "plusieurs années"

C'est peut-être elle qui a semé la zizanie. Interrogée, samedi 29 avril, après un meeting de Marine Le Pen, la députée du Vaucluse explique que la négociation souhaitée par le FN sur l'UE et l'euro, en cas d'accession à l'Élysée de sa tante, commencera en 2018 (après les élections en Allemagne et en Italie) et prendra "plusieurs mois", voire "plusieurs années".

Il y aura un long débat, vraisemblablement peut-être de plusieurs mois, ou peut-être plusieurs années avant que nous prenions cette décision historique.

Marion Maréchal-Le Pen

AFP

Le calendrier de la députée FN n'a donc rien à voir avec celui annoncé par la candidate, qui promettait un référendum dans les six mois après son éventuelle arrivée à l'Elysée. "Pas tout à fait réalisable", estime sa nièce. "Ce que nous voulons dire aux Français, c'est que nous avons entendu leurs inquiétudes, leurs préventions parfois, notamment sur la question monétaire, que nous voulons prendre le temps de la négociation", souligne Marion Maréchal-Le Pen, consciente que l'idée d'une sortie de l'euro déplaît à une large majorité de Français, notamment aux électeurs de François Fillon. 

Marine Le Pen : "Un certain nombre de mois"

Exit, donc, le référendum promis en tout début de mandat. Le sujet de la sortie de l'euro n'a même pas été abordé lors du grand meeting de la candidate à Villepinte, lundi 1er mai, soulignent Les Echos. Invitée d'Europe 1, lundi, Marine Le Pen revient encore sur ces délais : "Les négociations prendront un certain nombre de mois. J'ai fixé six mois, mais, après tout, si ça dure huit mois ou dix mois, ce n'est pas le sujet. Le sujet, c'est d'obtenir gain de cause pour que cette monnaie unique se transforme en monnaie commune." Cet élément de langage aussi a changé.

Marine Le Pen avait déjà commencé à flouter son calendrier, dans les dernières semaines de la campagne du premier tour, repoussant le début des négociations avec les partenaires européens. "Au départ, elle promettait de les engager dès le lendemain de son élection. Puis, en mars et en avril, la candidate avait indiqué qu’il serait nécessaire d’attendre les élections législatives en Allemagne, voire le renouvellement du Parlement italien, pour savoir avec quelles forces politiques il faudrait négocier", explique Le Lab.

Florian Philippot : "Ça dépend de l'avancée des négociations"

Le même jour, le vice-président du FN Florian Philippot tente de clarifier le calendrier. Sur France Inter, à la question de savoir quand les Français paieront leur baguette dans une autre monnaie si Marine Le Pen est élue, il répond : "Vous la payez un an après très probablement en francs, en nouveaux francs. Pas l'ancien, dans une nouvelle monnaie nationale."

"Le projet, il est explicite", assure d'ailleurs Florian Philippot sur la fin de l'euro comme monnaie unique. "Six mois après – ça peut être sept, ça peut être huit, ça dépend de l'avancée des négociations, mais on a fixé une durée qui est une référence –, six mois après, il y a ce référendum afin que les Français puissent se prononcer sur l'accord qui aura été passé", explique-t-il. 

2018, nous serons à plein, en train de finaliser les négociations ou de faire le référendum, ou il aura déjà été fait, selon l’avancée.

Florian Philippot

France Inter

"Voilà donc Florian Philippot promettant tout à la fois un référendum au bout de six, sept ou huit mois, ou alors peut-être sera-t-il organisé seulement en 2018, mais en même temps peut-être aura-t-il déjà eu lieu, on ne sait pas trop", commente Le Lab. En avril, déjà, Florian Philippot laissait entendre à Marianne que le FN attendrait les élections en Allemagne, et peut-être aussi les élections en Italie.

Si les élections italiennes ont lieu en 2018, on n’attendra pas. Si elles ont lieu plus tôt, en 2017, tant mieux.

Florian Philippot

Marianne

Jérôme Rivière : "En fin de quinquennat"

Le conseiller Défense de Marine Le Pen, Jérôme Rivière, n'a, lui, aucune idée du calendrier économique de la candidate. "Le séquencement des objectifs fait que cette souveraineté monétaire est un objectif pour la fin du quinquennat, plus qu’un objectif pour les premiers jours du quinquennat", déclare-t-il sur RFI, lundi.

Louis Aliot : "C'est six mois"

L'eurodéputé et vice-président du FN Louis Aliot a à son tour ajouté de la confusion à la confusion, lundi, sur franceinfo. "Il y a un délai qui a été fixé, de six mois. Mais ces six mois, évidemment, c'est un délai, j'allais dire, structurel, c'est pas 'du jour au lendemain, on s'en va'. On discute. C'est six mois."

Cela paraît clair. Mais au moment de préciser sa pensée, il reste dans le vague, pour expliquer que le processus sera complexe : "Ça se fait pas comme ça, du jour au lendemain. Le but, c'est pas de créer le chaos, le but c'est de réorienter l'Union européenne, de réorienter l'Europe, voilà." 

Il y a un délai de négociation qui, lui, sera un délai de négociation. Ça peut aller plus vite, comme ça peut être un tout petit peu plus long.

Louis Aliot

franceinfo

Nicolas Dupont-Aignan : "Jusqu'à un an"

Il n'a pas intégré le parti, mais a conclu un accord de gouvernement avec Marine Le Pen. Nicolas Dupont-Aignan, nouvel allié du FN, s'enorgueillit lundi, sur BFMTV, d'avoir "convaincu Marine le Pen qu'il fallait prendre le temps de la négociation". En tant que potentiel Premier ministre, peut-être connaît-il donc mieux le calendrier ? Selon lui, "si Marine le Pen est élue, nous proposerons immédiatement à nos partenaires européens une négociation. (...) Nous laissons du temps au temps pour le faire avec sérieux. Dans le précédent programme, il était écrit six mois. Nous avons dit que ça pouvait aller jusqu’à un an", explique-t-il.

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