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Martin Hirsch, qui a mis au point le RSA, a vivement dénoncé sa remise en cause mercredi

L'UMP propose de faire travailler les bénéficiaires du Revenu supplémentaire d'activité, créé pour favoriser le retour au travail des personnes les plus défavorisées.Martin Hirsch soupçonne une manoeuvre consistant à prendre l'argent du RSA pour financer l'allègement de l'impôt de solidarité sur la fortune (RSF), en discussion au Parlement.
Article rédigé par Louis San
France Télévisions
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Martin Hirsch (27-9-2010) (AFP - Fred Dufour)

L'UMP propose de faire travailler les bénéficiaires du Revenu supplémentaire d'activité, créé pour favoriser le retour au travail des personnes les plus défavorisées.

Martin Hirsch soupçonne une manoeuvre consistant à prendre l'argent du RSA pour financer l'allègement de l'impôt de solidarité sur la fortune (RSF), en discussion au Parlement.

"Il ne faut pas se laisser faire par des entourloupes (...). On a financé le RSA, il y a des excédents, un milliard, il faut les remettre dans la poche des gens modestes qui travaillent", a-t-il dit.

Martin Hirsch fustige "ceux qui veulent faire leur carrière sur le dos des pauvres". Le débat a été ouvert début mai par Laurent Wauquiez, dirigeant du club politique "Droite sociale", qui avait dénoncé début mai le "cancer" des "dérives de l'assistanat".

Il avait alors été officiellement "recadré" par le Premier ministre et l'Elysée qui avaient assuré que l'idée ne venait pas d'eux. Laurent Wauquiez, a d'ailleurs failli "" à cause de cette polémique.

Mercredi, Laurent Wauquiez a constaté que les idées de son club "ont fait du chemin", en se réjouissant de voir l'UMP "rassemblée autour de ses propositions".

"On a vu que certains procès d'intention faisaient pschitt", a déclaré mercredi soir le numéro un de l'UMP Jean-François Copé à l'issue de la convention de son parti sur la "justice sociale" qui visait à proposer des aménagements au dispostif imaginé par l'ex haut-commissaire aux solidarités actives.

"Il est normal que ceux qui sont au RSA et qui peuvent le faire puissent avoir une activité de 5 heures par semaine" rémunérées, en contrepartie du bénéfice de cette prestation, a-t-il dit en rappelant une des propositions-phares de la convention UMP.

Interrogé sur la vive passe d'armes entre M. Hirsch et le ministre du Budget et porte-parole du gouvernement François Baroin, M. Copé a déclaré: "François Baroin a bien fait de remettre les choses en place".

M. Baroin a reproché à M. Hirsch d'aligner "sottises" et contre-vérités".

Le projet de l'UMP
L'UMP souhaite créer un contrat d'utilité sociale rémunéré pour les deux-tiers des bénéficiaires du RSA.

Pour eux, "nous allons proposer un contrat d'utilité sociale rémunéré de cinq à dix heures par semaine, dans des collectivités ou des structures d'insertion", a déclaré le secrétaire général adjoint de l'UMP, Marc-Philippe Daubresse dans un entretien au Parisien/Aujourd'hui en France publié mardi.

L'autre tiers ne serait pas concerné par ce contrat car ce sont des allocataires qui "ne sont pas en état de travailler sans un accompagnement social lourd", a-t-il ajouté.

Ce contrat se substituerait au service social obligatoire évoqué par le ministre des Affaires européennes, Il souhaitait faire travailler bénévolement des allocataires du RSA.

Comme son adjoint, le patron de l'UMP, Jean-François Copé, a lui aussi présenté la proposition du parti majoritaire dans un entretien à La Voix du Nord. "L'idée est de tout faire pour les aider à retrouver un emploi. Nous voulons leur proposer, dans le cadre d'un contrat unique d'insertion, de travailler entre cinq et dix heures par semaine au service de la collectivité de résidence : la commune, l'intercommunalité, le département ou la région', explique-t-il.

"Et en cas de refus, il pourrait y avoir une diminution progressive du RSA", précise-t-il.

"Laurent Wauquiez a posé de bonnes questions", assure Jean-François Copé mais n'a pas apporté les "bonnes réponses pour qui connaît le fonctionnement complexe du RSA", selon Marc-Philippe Daubresse.

"On va casser tout un système", plaide-t-il. Et d'argumenter "d'ailleurs la Grande-Bretagne y a renoncé et le Portugal en a payé le prix fort".

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