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Vidéo Législatives 2022 : la nomination de Mélenchon comme Premier ministre n'est pas "le scénario le plus plausible", estime Stéphane Zumsteeg, d'Ipsos

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Article rédigé par franceinfo
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Stéphane Zumsteeg estime que le chef de file de La France insoumise ne devrait pas être "en mesure de devenir Premier ministre" malgré le score de la coalition de gauche au premier tour des législatives. Mais il souligne aussi qu'il y a une forte incertitude pour le second tour.

"Ce n'est vraiment pas le scénario le plus le plus plausible que Jean-Luc Mélenchon soit en mesure de devenir Premier ministre", estime lundi 13 juin sur franceinfo Stéphane Zumsteeg, directeur du département opinion et politique d’Ipsos après les résultats du premier tour des élections législatives

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Un "scénario" peu probable malgré le score de la Nupes, la coalition de gauche, au premier tour des élections législatives qui est presque à égalité avec la majorité présidentielle. Le leader de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, a axé la campagne sur sa probable nomination comme Premier ministre par le président de la République, au cas où la Nupes obtiendrait la majorité absolue à l'Assemblée nationale.

franceinfo : Face au taux d'abstention, est-ce que ce sont les mêmes Français qui sont restés à la maison que lors de l'élection présidentielle ?

Stéphane Zumsteeg : Les mêmes, et d'autres aussi, parce qu'il y a deux mois, 26% des Français ne s'étaient pas déplacés au premier tour. Là, c'est le double. Deux fois plus de Français. Au-delà de ce record de 2017 qui est battu à nouveau, ces élections législatives peinent à susciter de l'intérêt, peinent à faire la démonstration, auprès d'une moitié des Français en tout cas, de l'intérêt qu'il y a de se déplacer pour des élections législatives.

Est-ce la faute à une "campagne anesthésiée", comme on a pu l'entendre ?

Campagne anesthésiée, mais aussi sentiment, à tort, que les choses ont été définitivement tranchées lors du scrutin présidentiel. Aujourd'hui, les élections législatives ne suscitent plus le même intérêt. C'est un peu l'effet délétère de la loi sur le cumul des mandats. Quand on demande aux Français s'ils connaissent leur candidat, mieux encore, s'ils connaissent leur député sortant, la plupart du temps, ils n'en ont jamais entendu parler. Autrefois, quand vous étiez député, vous étiez député-maire, et souvent de la principale ville de la circonscription dont vous étiez connu. Aujourd'hui, ce n'est plus le cas.

En dehors de l'abstention, quel est pour vous le principal enseignement de ce scrutin ?

C'est évidemment que la majorité présidentielle aujourd'hui ne semble pas en mesure - en tout cas, ce n'est pas acquis - de disposer d'une majorité absolue dimanche prochain. Après, il y a un élément sur lequel il faut revenir. On a beaucoup parlé de cette projection en sièges dimanche, et elle est intéressante, évidemment. Mais une chose est essentielle : elle est calculée sur le rapport de force du premier tour.

Donc il suffit de quelques points de participation en plus en faveur d'un camp ou de l'autre pour faire basculer des dizaines et des dizaines de sièges de députés ?

Oui, c'est ça, des dizaines et des dizaines. Le modèles très sensible : il y a 577 circonscriptions. Là, on a deux forces au coude-à-coude. Tout dépendra de la tonalité de la campagne à partir de ce matin. Est-ce qu'il y aura la constitution d'un front "Tout sauf Macron" ? De la même manière, est-ce qu'il y aura la constitution d'un front "Halte au péril rouge" de la part de la majorité présidentielle ? Toutes ces choses vont encore évoluer. Ce qui compte aussi, c'est la configuration des duels. Ils sont majoritairement Nupes contre La République en marche. Que feront les électeurs ?

Une majorité relative à l'Assemblée nationale pour Emmanuel Macron, est-ce que cela changerait radicalement le visage du quinquennat ?

Bien sûr, il ne disposerait pas des pleins pouvoirs, d'une certaine façon. Mais je pense que la majorité absolue n'est pas forcément un scénario totalement impossible. Il [Emmanuel Macron] peut encore disposer de cette majorité absolue. S'il n'en disposait pas, il devrait trouver des alliés de circonstance, ou alors passer un pacte de gouvernement. Là encore, ça pourrait réhabiliter, ou redonner du poids, notamment aux Républicains qui ont enregistré dimanche des grosses contre-performances.

À gauche, la Nupes est créditée par l'institut Ipsos de 150 à 190 sièges dans la future assemblée. Quelles sont les chances de Jean-Luc Mélenchon d'être, pour reprendre son expression, élu à Matignon ?

Très concrètement, je pense que ce n'est vraiment pas le scénario le plus le plus plausible que Jean-Luc Mélenchon soit en mesure de devenir Premier ministre. Parce qu'au-delà de cette très belle performance par rapport à il y a cinq ans, il y a un certain nombre de handicaps qui pèsent pour les candidats de la Nupes. La gauche a progressé, mais elle ne progresse pas véritablement beaucoup en voix par rapport à il y a cinq ans. Elle est unie et ça change tout.

Mais fondamentalement, l'opinion publique française ne s'est pas gauchisée, elle ne s'est pas davantage tournée vers la gauche "insoumise" dimanche soir. Et l'autre problème dont elle peut souffrir, c'est que Jean-Luc Mélenchon avait obtenu des scores fleuves dans certaines circonscriptions - dans les zones urbaines, dans les zones à la périphérie des grandes villes. Il a des bastions et c'est là qu'il a et qu'il va enregistrer des gains substantiels. Mais il y a aussi des zones en France où il est quasiment absent, où La France insoumise est faible. L'avantage des candidats de la majorité présidentielle, c'est qu'Emmanuel Macron avait obtenu d'assez bons scores un petit peu partout. Comme il y a 577 scrutins, il vaut mieux être assez bon partout que très fort dans certains endroits, et plus faible ailleurs.

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