Mort de Bernard Tapie : des affaires judiciaires emblématiques
Décédé dimanche 3 octobre à l’âge de 78 ans, Bernard Tapie n’aura pas tenu jusqu’à l’épilogue de son procès dans le litige qui l'opposait au Crédit Lyonnais, comme il le souhaitait. Au fil des années, l’homme d’affaires a accumulé les démêlés avec la justice
Au cours de sa carrière, Bernard Tapie, décédé dimanche 3 octobre des suites d’un cancer, s’est retrouvé à plusieurs reprises devant la justice. Tout commence dans les années 1990, avec un face-à-face devant un procureur. Éric de Montgolfier enquête sur des soupçons de match truqué entre Valenciennes (Nord) et Marseille (Bouches-du-Rhône). Une affaire qui va faire chuter Bernard Tapie. Le procureur se souvient de leur première rencontre. "C’est un homme qui pénètre dans mon bureau, l’air un peu conquérant, avec cette idée que, s’il y avait un dompteur, c’était forcément lui et que je finirais, moi, par être mangé", confie-t-il. Pour l’homme d’affaires, le bras de fer se termine par la case prison.
Un procès toujours en cours
Après 165 jours derrière les barreaux, Bernard Tapie obtient sa libération conditionnelle. À l’époque, il affirme lors de ses interviews "n’avoir volé personne". Mais c'est une autre affaire à laquelle il sera associé toute sa vie : le litige qui durant 25 ans l’oppose au Crédit Lyonnais, après le rachat par la banque du fleuron de son groupe, Adidas. La banque se retourne contre lui, et en 1994, ses meubles et son hôtel particulier à Paris sont saisis. Coup de théâtre en 2008, un arbitrage privé va accorder à Bernard Tapie près de 400 millions d’euros, donc 45 pour préjudice moral. Il multiplie les achats, mais en 2015, nouveau retournement de situation : il est condamné à rembourser les 400 millions d’euros.
Il y a quatre mois, le parquet avait requis à son encontre cinq ans de prison ferme. Avec son décès, que va-t-il se passer ? "L’audience se tiendra bien mercredi 6 octobre à la Cour d’appel de Paris", explique la journaliste Nathalie Perez, en direct du tribunal judiciaire de Paris. Elle explique toutefois qu'"avec sa mort, l’action judiciaire s’éteint" et que Bernard Tapie "ne sera donc jamais condamné pénalement", même si "sa condamnation à rembourser les 400 millions d’euros est, elle, toujours effective". "Selon la loi, en cas de décès, ce sont les enfants qui doivent payer cette dette, sauf s’ils renoncent à leur héritage", conclut la journaliste.
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