: Reportage "Il nous a transmis cette flamme, cet amour de la profession" : des avocats réagissent à la mort de Robert Badinter
Le monde de la justice est affecté par la mort de Robert Badinter, dans la nuit de jeudi 8 à vendredi 9 février. L'ancien avocat et ministre de la justice avait 95 ans. Emmanuel Macron annonce un hommage national. Ses combats ont porté toute une profession : abolition de la peine de mort, dépénalisation de l'homosexualité... Les avocats rencontrés vendredi matin saluent un homme de conviction et un avocat inspirant.
Les yeux pleins d'émotion, l'avocat pénaliste Boris Rosenthal a appris la mort de Robert Badinter en pleine formation à l'école d'avocat d'Issy-les-Moulineaux : "Je suis de la promotion Badinter et je me souviens encore de ses mots quand il nous a accueillis, nous, élèves avocats. Avec tous les combats que lui avait menés à l'époque, notamment sur la peine de mort, il nous a dit que les combats les plus importants étaient à venir. Et il avait entièrement raison. Moi, je suis bouleversé par cette nouvelle, parce que l'apprendre ici, et le partager avec mes copains de promo, c'est assez bouleversant."
"Ce n'était pas un avocat tiède"
Son confrère Emmanuel Daoud acquiesce. Pour lui, Robert Badinter a été un exemple pour toutes les générations d'avocats : "Il a toujours mené des combats difficiles. Évidemment il y a l'abrogation de la peine de mort mais pas seulement. Sur les exilés, les réfugiés, les migrants... Il s'est engagé contre la jungle de Calais pour que l'Etat fasse son boulot et qu'on accueille les gens. Ce n'était pas un avocat tiède et il nous a transmis cette flamme, cet amour de la profession. De voir un avocat aussi engagé, aussi impliqué, on n’était pas simplement sous le charme, c'était d'abord une source d'inspiration. On repartait à chaque fois gonflés à bloc et se disant 'Putain ça, c'est un avocat et on veut un peu lui ressembler'."
"On gardera tous l'image d'un grand homme, quelles que soient nos opinions politiques, quel que soit notre vécu."
Julia Redon, avocateà franceinfo
Julia Redon, avocate en droit social, met en avant sa personnalité qui a déteint bien au-delà des tribunaux et du gouvernement, quand il était ministre de la Justice : "Il avait une aura qui donnait une espèce d'immortalité. Ça fait partie de ces personnes un peu intouchables. Et puis c'est aussi quelqu'un qu'on n'a jamais retrouvé dans des histoires un peu pourries et qui a quand même une certaine exemplarité." Voilà pourquoi, malgré son âge, Julia le dit : "Sa mort, ça me fait vraiment quelque chose."
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