Jean-Luc Mélenchon accuse ses partenaires de "forfaiture" : divisé sur la question du budget 2025, le NFP se fracture davantage

Une nouvelle passe d'armes a eu lieu entre Olivier Faure et Jean-Luc Mélenchon, au lendemain d'une réunion à Bercy à laquelle les insoumis n'ont pas assisté, contrairement aux autres forces du Nouveau Front populaire.
Article rédigé par franceinfo - Laurence Méride
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De gauche à droite, Patrick Kanner, sénateur du Nord et président du groupe socialiste au Sénat, Olivier Faure, Premier secrétaire du PS, et Boris Vallaud, député PS des Landes et président du groupe socialiste à l'Assemblée, le 19 décembre 2024 à Matignon. (VINCENT ISORE / MAXPPP)

Au lendemain de la réunion de la gauche au ministère de l'Économie, une fois n'est pas coutume, c'est la guerre au sein du Nouveau Front populaire. Socialistes, communistes et écologistes ont négocié mercredi 8 janvier avec le ministre Eric Lombard, sans les insoumis. Cette rencontre inédite, qui n'a par ailleurs pas donné grand-chose, met Jean-Luc Mélenchon hors de lui. 

"Cette façon de négocier dans le dos du Nouveau Front populaire et contre son programme est une forfaiture d'un irrespect total pour notre alliance", a écrit, mercredi sur X, Jean-Luc Mélenchon. Le chef de file des insoumis qualifie ses alliés de "ridicules de servilité". Olivier Faure lui a répondu dès jeudi matin, sur TF1 : "La gauche du tout ou rien, c'est aujourd'hui la gauche du rien. Moi, ce que je veux, c'est arracher des victoires, faire en sorte que la politique conduite depuis sept ans puisse connaître une inflexion."

Le patron du Parti socialiste reproche à Jean-Luc Mélenchon, par son attitude, d'être celui qui rompt avec le NFP. "Ce n'est pas moi qui romps, c'est Jean-Luc Mélenchon aujourd'hui, par son intransigeance, par son obsession présidentielle... Je le dis au passage, je veux bien qu'il y ait une élection présidentielle demain matin, dans 35 jours, si le président démissionne. Est-ce que Jean-Luc Mélenchon est persuadé qu'il l'emportera ? Est-ce que ce n'est pas Marine Le Pen qui peut l'emporter ?"

Deux lignes s'opposent

"Pourquoi masquer ses reniements derrière des outrances et des mensonges ?", interroge le numéro 1 de LFI, Manuel Bompard, sur son compte X. Le député insoumis Paul Vannier écrit que "le NFP bat Macron aux élections. Six mois plus tard, le PS donne la victoire à Macron". Cette passe d'armes au sein de l'opposition de gauche n'est pas une première. Depuis cet été, deux lignes s'opposent au sein du NFP. Celle des insoumis : le programme, rien que le programme, faire tomber le gouvernement, "ne pas discuter des miettes et rompre avec ces gens-là", nous dit un député du parti.

La ligne du Parti socialiste est, elle, plus réformiste, plus ouverte au compromis, approuvée mercredi par Les Verts et les communistes, qui se détachent de LFI. "En cherchant le compromis, ils aident Emmanuel Macron à fracturer le Nouveau Front populaire, à gagner du temps", selon cet élu LFI.

François Bayrou se frotte les mains

L'attitude jusqu’au-boutiste des insoumis agace au sein du NFP. Un cadre du PCF les accuse de prétexter des dissensions politiques pour imposer leur obsession : une présidentielle anticipée avec pour candidat unique à gauche Jean-Luc Mélenchon. Selon lui, c'est pour cette raison que les insoumis refusent de discuter avec le nouveau gouvernement. 

Et ce début de fracture au sein du Nouveau Front populaire, qui s'en frotte les mains ? Le Premier ministre François Bayrou, cinq jours avant sa déclaration de politique générale à l'Assemblée, après laquelle les insoumis comptent bien déposer une motion de censure. Et ils pourraient bien être les seuls à la voter si jamais les socialistes, communistes et écologistes s'entendent avec le gouvernement.

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