Législatives 2024 : quatre questions sur la hausse du smic à 1 600 euros, une mesure proposée par le Nouveau Front populaire et qui divise

L'alliance de gauche, arrivée en tête des élections législatives anticipées, propose notamment l'augmentation du salaire minimum à 1 600 euros net. Quatre questions pour comprendre cette mesure qui divise les économistes.
Article rédigé par Camille Marigaux
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Le Nouveau Front populaire propose dans son programme d'augmenter le salaire minimum à 1 600 euros net. (VALERIE DUBOIS / HANS LUCAS via AFP)

Augmenter le smic à 1600 euros net, c'est l'une des propositions phares du programme économique du Nouveau Front populaire. Aujourd'hui, le salaire minimum est à un peu moins de 1 400 euros mensuels. La proposition reverrait le chiffre à la hausse, à hauteur de 200 euros net sur la fiche de paie, pour augmenter le pouvoir d'achat des salariés. Mais elle donne des sueurs froides à beaucoup de chefs d'entreprise et divise même parmi les économistes.

Comment le Nouveau Front populaire compte financer cette mesure ? 

L'alliance des partis de gauche promet d'aider les très petites entreprises, celles pour qui cette hausse du smic va être la plus douloureuse. Parmi les pistes avancées par le Nouveau Front populaire : des crédits à taux nul, grâce à un "pôle bancaire public", des facilités de trésorerie temporaires et une facilitation d'accès de ces TPE aux marchés publics. Toutefois, tout cela n'a pas été chiffré. Il y a aussi les nombreuses exonérations de charges patronales sur les bas salaires, qui existent déjà et qui ont coûté 30 milliards d'euros en 2022.

"Il y aura un coût net, assumé", reconnaît un économiste qui soutient le programme économique du NFP. Avec cette mesure, les ménages français toucheraient 10 milliards d'euros en plus, qui serviraient à la consommation. 

Pourquoi cette mesure est-elle critiquée par la majorité présidentielle, la droite et le patronat ?

Le smic à 1 600 euros s'annonce comme une "machine à détruire l'emploi", d'après Gabriel Attal. Le Premier ministre évoque même 500 000 emplois menacés. La mesure risquerait de pousser certains patrons à mettre la clé sous la porte, selon une enquête publiée par la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME) il y a deux semaines. Ainsi, 14% des dirigeants assurent qu'ils cesseront leur activité, et plus d'un quart d'entre eux assurent qu'ils devraient licencier une partie de leur personnel.

La Fédération du bâtiment, qui a annoncé la destruction de 25 000 au premier trimestre de l'année 2024, met de son côté en garde contre cette mesure qu'elle juge "extrême" dans le contexte économique actuel. 

La question des salaires est-elle une priorité de l'exécutif ? 

L'an dernier, lorsqu'Elisabeth Borne était la locataire de Matignon, la "désmicardisation" a été l'un des sujets principaux de la rentrée sociale. Un haut conseil aux rémunérations a même été mis sur pied, car il s'agit d'un vrai sujet de préoccupation pour les salariés. Aujourd'hui 17% d'entre eux sont payés au smic, alors qu'avec cette mesure ils pourraient être 20%, soit 1 travailleur sur 5 en France. 

Cette mesure risque-t-elle de "smicardiser" encore davantage le pays ? 

Le risque existe, mais la dynamique est déjà lancée depuis 2021. Le salaire minimum a été revalorisé à huit reprises en trois ans, pour suivre l'inflation. Résultat : le salaire minimum a rattrapé celui d'autres salariés, souvent plus expérimentés. Ces derniers ont parfois 10 à 30 ans d'ancienneté et leur salaire n'a que très peu évolué. "Rester des années au smic est pire que le fait d'être payé au smic", souligne l'économiste Gilbert Cette, qui a présidé le comité d'expert sur le sujet. 

C'est pourquoi la question de la mobilité salariale est aussi cruciale : il faut faire évoluer les minima de branche, les grilles de salaires. Ces compétences appartiennent aux branches et aux entreprises concernées. 

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