"Élection volée aux Français", "tout ça pour ça", "réunir pour réussir"... Les premières réactions politiques à la nomination de Michel Barnier au poste de Premier ministre

L'ancien ministre Michel Barnier, figure des Républicains, âgé de 73 ans a été nommé Premier ministre par Emmanuel Macron. Aussitôt, une large partie de la sphère politique française a réagi.
Article rédigé par franceinfo
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Le président français Emmanuel Macron et Michel Barnier lors d'une réunion à l’Elysée à Paris, le 31 janvier 2020. Michel Barnier a été nommé Premier ministre le 5 septembre 2024. (LUDOVIC MARIN / AFP)

Après 51 jours de crise politique, c'est Michel Barnier, personnalité de droite, ancien ministre, également commissaire européen puis négociateur du Brexit qui a été nommé Premier ministre par Emmanuel Macron, jeudi 5 septembre.

"Les députés Renaissance sauront prendre leurs responsabilités"

L'ancien Premier ministre, Gabriel Attal, a rapidement remercié les Français dans une vidéo publiée sur le réseau social X. "Ma détermination pour agir pour les valeurs de la République est intacte. Je poursuivrai tous ses combats avec ma méthode : dire la vérité sans tabou, regarder le pays en face tel qu'il est. Je ferai toujours tout pour me dresser à la hauteur du moment, à la hauteur du pays que nous aimons tant", assure Gabriel Attal ce message vidéo."Le lien que nous avons est ce que j’ai de plus précieux, comptez sur moi pour continuer à le tisser", a-t-il écrit pour accompagner la vidéo.

"Nous devons désormais réunir pour réussir, au service des Français. Les députés y prendront toute leur part et sauront prendre leurs responsabilités. Notre mandat nous oblige", a réagi la présidente de l'Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet, issue du camp présidentiel, dans un message de félicitations sur X.

Renaissance, le parti d'Emmanuel Macron, ne votera pas de "censure automatique" contre le nouveau Premier ministre Michel Barnier mais portera "des exigences sur le fond, sans chèque en blanc", Edouard Philippe (Horizons) assurant de son côté : "Nous serons nombreux à l'aider". "Félicitations chaleureuses à Michel Barnier ! Sa tâche s'annonce rude mais la difficulté ne lui a jamais fait peur. Et nous serons nombreux à l'aider", a écrit Edouard Philippe sur X. 

"Emmanuel Macron piétine le vote des Français" pour le PS

Autre son de cloche à gauche. En nommant Michel Barnier à Matignon, "Emmanuel Macron piétine le vote des Français et va à l'encontre de l'esprit de notre République", réagit rapidement le Parti socialiste, tandis que le patron des socialistes Olivier Faure a estimé que "nous entrons dans une crise de régime". "Quand les Français demandent un changement de politique et de façon de faire... Emmanuel Macron impose la continuité", poursuivait sur X le chef des députés socialistes, Boris Vallaud. "Quand la gauche arrive en tête aux élections... Emmanuel Macron tente un coup de barre à droite toute", tacle le député des Landes, "le choix de Michel Barnier est incompréhensible".

LFI lance un appel à la "mobilisation la plus puissante"

"L'élection a été volée aux Français", a dénoncé jeudi le leader insoumis Jean-Luc Mélenchon. Découvrant "un Premier ministre qui est nommé avec la permission et peut être sur la suggestion du Rassemblement national", Jean-Luc Mélenchon appelle dans une vidéo postée sur les réseaux sociaux "à la mobilisation la plus puissante que possible" samedi. 

"Après 52 jours d'un gouvernement battu dans les urnes, Macron continue de se vivre comme en autocrate. En nommant Michel Barnier, le Président refuse de respecter la souveraineté populaire et le choix issu des urnes", a écrit Mathilde Panot, présidente du groupe LFI à l'Assemblée nationale sur X. Le groupe a également pris la parole dénonçant un "président hors-sol", en nommant un "sarkozyste dont le parti a perdu les élections législatives".  

Le député insoumis Louis Boyard, sur X, a, lui aussi, dénoncé cette nomination "illégitime" : "Macron et Le Pen viennent de former un accord pour Michel Barnier Premier Ministre. Obsédé par l’immigration, a voté contre la dépénalisation de l’homosexualité, s’oppose au partage des richesses. Illégitime."

"C'est la certitude que rien ne changera", note aussi le député ex-insoumis François Ruffin sur X, en demandant : "Michel Barnier va-t-il revenir sur la retraite à 64 ans ? Rétablir l'ISF ? Non, bien sûr que non : Macron l'a choisi à ces conditions. Donc nous le censurerons".  

Même réaction de la part de l'insoumis Eric Coquerel sur franceinfo : "Emmanuel Macron a enfin trouvé la bonne personne pour poursuivre sa politique". "Monsieur Barnier va incontestablement nous proposer dans les semaines à venir", niveau budgétaire, "ce qui a été proposé par Monsieur Le Maire et Monsieur Cazenave", qui ont remis leur proposition de budget 2025 en début de semaine a ajouté le président de la Commission des finances de l'Assemblée nationale.

"De qui se moque-t-on ?", s'insurgent les Ecologistes

Marine Tondelier, dans une vidéo sur X, ne cache pas son amertume : "De qui se moque-t-on ? C'est un vrai scandale", réagit la secrétaire nationale des Ecologistes et figure de proue du NFP. "Tout ça pour ça ! On dit souvent que les plaisanteries les plus courtes sont les meilleures. Ça fait longtemps que ce sketch ne fait plus rire personne", déclare-t-elle dans un message vidéo. "Notre histoire politique prend une tournure extrêmement préoccupante", dit-elle.

Avec la nomination de Michel Barnier, "le président de la République a envoyé valser le front républicain", affirme-t-elle. Après 51 jours d'une crise politique sans précédent en France, "la page qui s'ouvre aujourd'hui envoie le plus mauvais des signaux", estime-t-elle. "Le cap ne va pas changer. Quand on connaît les antécédents de Monsieur Barnier, le principal risque est même que ce cap s'intensifie au détriment des plus précaires et de la planète", affirme-t-elle. Mais Marine Tondelier se projette déjà : "Ce n'est absolument pas la fin pour moi du rôle qu'a joué Lucie Castets pour l'avenir politique de ce pays. Nous sommes à ses côtés en tant qu'écologistes, en tant que membre du NFP, et ça va continuer", assure-t-elle.

Pour la députée écologiste Sandrine Rousseau, Emmanuel Macron est "en passe de transformer la démocratie en une vaste pièce de guignol. Cela aura un coût, et sans doute, élevé".  

Michel Barnier sera "très mal" accueilli par les écologistes, dit Cyrielle Chatelain présidente du groupe écologiste à l'Assemblée nationale au micro de franceinfo. "Aujourd'hui la nomination de Michel Barnier va à l'encontre des électeurs. Michel Barnier n'a pas participé au barrage républicain qui a massivement mobilisé" lors des élections législatives anticipées du mois de juillet. "Ce sera la censure", conclut-elle.

"Coup de force" et déni de démocratie" pour le PCF

Pour Fabien Roussel, secrétaire national du PCF, il s'agit d'un "coup de force" et d'un "déni de démocratie". En nommant Michel Barnier Premier ministre, Emmanuel Macron "contourne le résultat des urnes", dénonce-t-il dans un communiqué. "En nommant Michel Barnier, ancien ministre de Nicolas Sarkozy et commissaire européen promoteur des dogmes néolibéraux, le président de la République fait le choix de la continuité dans les politiques mises en œuvre depuis 7 ans", ajoute-t-il. "Les Français veulent le changement. Nous ferons tout pour qu’ils l’obtiennent. Nous utiliserons tous les moyens à notre disposition pour combattre une politique qui tournerait le dos aux intérêts de la France, à commencer par la censure du gouvernement", conclut le secrétaire national du parti communiste.

Les "vœux de succès" et le "destin de la France" pour les LR

Michel Barnier reçoit en revanche "les vœux de succès" de Xavier Bertrand, président LR de la région Hauts-de-France, lui-même pressenti il y a quelques jours pour ce poste. "J’adresse à Michel Barnier et à son gouvernement tous mes vœux de succès au service de la France et dans l’intérêt des Français face aux nombreux défis qui s’annoncent", a-t-il réagi sur X.

Valérie Pécresse, présidente Les Républicains de la région Île-de-France estime pour sa part, sur X, que le nouveau Premier ministre "a désormais dans ses mains le destin de la France. Il doit trouver un chemin parlementaire pour pouvoir rétablir l’ordre dans nos comptes, à nos frontières et dans nos rues. Elle l'appelle ensuite "à confier aux régions l’expérimentation de nouvelles compétences. La France d’en haut est bloquée, il faut la libérer par les territoires".

"Nous jugerons sur pièces", assure le RN

L'extrême droite promet d'être vigilante aux prochaines annonces du nouveau Premier ministre, Michel Barnier. "Nous serons attentifs au projet qu'il portera", réagit Marine Le Pen. "Nous jugerons sur pièces son discours de politique générale, ses arbitrages budgétaires et son action", réagit Jordan Bardella. "C'est la fin d'une tragi-comédie qui n'a que trop duré", a déclaré pour sa part Philippe Ballard, porte-parole du RN au micro de fanceinfo.

"Nous exigerons que le nouveau chef du gouvernement respecte les 11 millions de Français qui ont voté pour le Rassemblement national, qu’il respecte leur personne et leurs idées", a réagi la présidente du groupe RN à l'Assemblée nationale. Plus tôt dans la journée, son entourage a fait savoir à franceinfo que le parti ne censurerait pas automatiquement le gouvernement de Michel Barnier. Michel Barnier "semble répondre au moins au premier critère que nous avions réclamé, c'est-à-dire un homme qui soit respectueux des différentes forces politiques et capable de pouvoir s'adresser au Rassemblement national, qui est le premier groupe de l'Assemblée nationale, de la même façon qu'aux autres groupes", a ensuite déclaré de son côté Marine Le Pen sur LCI.

Pour Sébastien Chenu, vice-président du RN et député du Nord, cette nomination est un moindre mal. Il "fallait bien un Premier ministre", a-t-il répondu au micro de France Bleu. "On savait qu’il n’aurait pas nos couleurs, nous prenons acte du fait que Michel Barnier remplit peut-être la première des conditions qu’avait posée Marine Le Pen, c’est-à-dire au moins être respectueux des électeurs du RN. Michel Barnier n’est pas connu pour être un homme d’excès".

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