Urgence climatique, inflation, retraites, budget... Pour Elisabeth Borne et Emmanuel Macron, la rentrée s'annonce brûlante
Après un été caniculaire, le gouvernement veut faire de la sobriété énergétique sa priorité. Mais les épineuses réformes des retraites, de l'assurance-chômage ou du RSA vont aussi occuper la majorité, les oppositions et les syndicats.
C'est la rentrée pour l'exécutif. Après une pause estivale bousculée notamment par des incendies sans précédent dans l'Hexagone et des orages meurtriers en Corse, Emmanuel Macron et sa Première ministre, Elisabeth Borne, dîneront ensemble mardi 23 août à l'Elysée pour faire le point sur les (nombreux) dossiers chauds qui attendent le gouvernement ces prochaines semaines. Le premier Conseil des ministres se tiendra lui mercredi.
Le président de la République se prépare à une rentrée agitée, avec des Français rattrapés par les conséquences économiques de la guerre en Ukraine et une opposition politique en embuscade. "L'exécutif est face à des enjeux considérables : sur le plan géopolitique avec la guerre en Ukraine, sur le plan énergétique avec potentiellement des restrictions cet hiver, et des enjeux climatiques très présents tout au long de l'été, liste le politologue Bruno Cautrès. Et puis, pour corser tout ça, des enjeux économiques avec la question de l'inflation et du pouvoir d'achat."
Majorité relative au Parlement oblige, pour relever tous ces défis, le chef de l'Etat entend changer de méthode. Le gouvernement prévoit de consulter davantage et de proposer des textes de loi plus courts pour permettre aux parlementaires de les travailler en amont, afin d'éviter les couacs qu'il a connus à l'Assemblée en juillet. Pour incarner son changement de méthode, Emmanuel Macron mise aussi sur le Conseil national de la refondation (CNR), qui doit réunir "les forces politiques, économiques, sociales, associatives, des élus des territoires et de citoyens tirés au sort", selon le chef de l'Etat.
Franceinfo fait le point sur les sujets brûlants qui attendent l'exécutif pour la rentrée.
Le vote du budget 2023
Malgré ses promesses de changement de méthode, le gouvernement anticipe déjà un passage en force, avec un possible recours à l'article 49.3, pour faire adopter le projet de loi de finances 2023, faute de majorité absolue pour les macronistes à l'Assemblée. Traditionnellement, les oppositions votent contre pour exprimer leur désaccord avec la politique du gouvernement.
"L'examen d'un budget a toujours un sens symbolique", résume auprès du Monde l'ancien ministre du Budget Eric Woerth, désormais député Renaissance. "C'est le texte fondamental où se figent la majorité et les oppositions." "Compte tenu de l'importance symbolique que revêt le vote du budget, il n'est pas certain que LR soit prêt à négocier comme ils l'ont fait sur le pouvoir d'achat", explique pour sa part au quotidien du soir Olivier Rozenberg, professeur au Centre d'études européennes et de politique comparée de Sciences Po.
Les réformes des retraites et de l'assurance-chômage
La réforme des retraites promet de cristalliser les tensions, tant du côté des oppositions que des syndicats. La proposition faite par Emmanuel Macron pendant la campagne présidentielle prévoit de reporter l'âge légal de départ à la retraite à 65 ans, avec un système de carrières longues et de pénibilité. Le ministre du Travail, Olivier Dussopt, a néanmoins promis de consulter les syndicats juste après la première réunion du Conseil national de la refondation.
Autre dossier explosif, celui de l'assurance-chômage. La nouvelle réforme annoncée promet d'en durcir les conditions d'accès. Un conditionnement du RSA à 15 ou 20 heures d'activité hebdomadaire, déjà expérimenté à Dijon et en Alsace, est également prévu. "On peut aller vers le plein emploi mais il nous faut continuer à mener les réformes indispensables", a martelé Emmanuel Macron.
Si l'opposition de gauche prévoit déjà de s'opposer fermement à ces textes, le gouvernement pourrait trouver le soutien des Républicains, partisans historiques du "travailler plus". Ce qui n'empêchera pas syndicats et organisations politiques de descendre dans la rue. La CGT prévoit déjà une journée de grève interprofessionnelle axée sur le pouvoir d'achat, les salaires et la réforme des retraites, le 29 septembre.
La souveraineté énergétique face à l'inflation
L'hiver s'annonce difficile. Toute l'Europe va continuer de subir les conséquences du conflit en Ukraine, à commencer par l'augmentation des prix de l'essence, du gaz et de l'électricité. Le 19 août, à l'occasion du 78e anniversaire de la libération de Bormes-les-Mimosas (Var), Emmanuel Macron a demandé aux Français "d'accepter de payer le prix de notre liberté et de nos valeurs".
Autrement dit : il faudra faire des sacrifices. D'autant que l'inflation est toujours là. Si le paquet pouvoir d'achat a permis de soutenir le porte-monnaie des ménages, il faut "œuvrer pour notre souveraineté énergétique, pour accompagner les Français, nos entreprises dans le contexte de cette guerre", a expliqué le chef de l'Etat depuis le Var.
L'urgence climatique, après un été marquant
Des incendies gigantesques, des vagues de chaleur à répétition et une sécheresse historique, avec des communes privées d'eau potable et des conséquences dramatiques pour l'agriculture... L'exécutif ne peut pas faire l'impasse sur l'urgence climatique en cette rentrée.
Après un déplacement de trois jours en Algérie, du 25 au 27 août, le président de la République organisera fin août un séminaire gouvernemental consacré notamment à l'écologie. La Première ministre, Elisabeth Borne, doit aussi prononcer un "discours fort sur la sobriété et la transition énergétiques" lors de l'université d'été du Medef. Le chef de l'Etat lui a demandé de "remettre à l'automne un agenda de planification écologique décliné par mois et années", précise l'Elysée. Emmanuel Macron effectuera également un déplacement consacré aux éoliennes offshore début septembre.
À l'agenda parlementaire enfin, un projet de loi d'accélération des énergies renouvelables. Le gouvernement veut le faire adopter à l'automne pour rattraper le retard de la France dans l'éolien et le solaire.
La sécurité, autre priorité de la rentrée
Le gouvernement pourrait convaincre Les Républicains avec son projet de loi d'orientation et de programmation du ministère de l'Intérieur (Lopmi). Après plusieurs faits divers, dont un tir par balle après un rodéo urbain et un mort et un blessé grave lors d'un refus d'obtempérer à Vénissieux (Rhône), le thème de la sécurité a fait son retour dans le débat public. Le texte doit permettre d'octroyer 15 milliards d'euros supplémentaires de budget en cinq ans et sera examiné en octobre au Parlement. Le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, très présent dans les médias, a en revanche été sommé par l'Elysée et Matignon de reporter son projet de loi sur l'immigration. Il est prévu pour décembre, après l'organisation d'un "grand débat" au Parlement, comme l'a annoncé le ministre début août.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.