Portrait de Nathalie Kosciuscko-Morizet, porte-parole de Nicolas Sarkozy

Samedi 18 février, Nicolas Sarkozy a confirmé que Nathalie Kosciuscko-Morizet sera sa porte-parole. Agée de 38 ans, la ministre de l'écologie va avoir un rôle déterminant. Portrait d'une politique au parcours à la fois classique et atypique.

NKM. Trois initiales qui donnent une allure de destin à une trajectoire politique. C'est l'apanage des noms difficiles à écrire et prononcer. Il faut les simplifier. Mais qui se cache derrière l'acronyme ?

Difficile de cerner Nathalie Kosciuscko-Morizet à l'image de ses tenues vestimentaires extravagantes et classiques à la fois. Dans son camp, elle est respectée, mais guère aimée. C'est une scientifique, polytechnicienne, dans un monde de juristes et d'économistes. C'est un bébé Chirac adoptée par Nicolas Sarkozy.

Elle est un rempart contre le Front national et devra défendre, en tant que porte-parole, un programme influencé par le conseiller de l'Elysée Patrick Buisson qui connaît bien l'extrême droite pour y être passé. Elle a un visage délicat de madone préraphaèlite allié à une détermination politique sans faille.

Voilà le paradoxe NKM : une politique toujours en léger décalage et pourtant toujours au coeur du dispositif.

Une réputation de froide ambitieuse

"Quand je suis entrée en politique, on m'en a dit plein de mal. Elle avait une réputation de mante religieuse", confie Chantal Jouanno. Aujourd'hui la sénatrice de Paris serait prête à s'engager à ses côtés ultérieurement dans une aventure présidentielle : "C'est quelqu'un que j'aime bien", résume Mme Jouanno .

NKM a également une réputation de froideur. "Elle n'est pas du genre à taper dans le dos de tout le monde", explique Phillipe Dallier, sénateur UMP de Seine-Saint-Denis. "Elle est froide mais c'est pour mieux tempérer son caractère volcanique", témoigne Marie-Anne Montchamp, secrétaire d'Etat auprès du ministre des solidarités.

"C'est vrai, elle est froide et puis il y a son phrasé particulier née de son éducation", ajoute Mme Jouanno.

Elle serait une descendante de Lucrèce Borgia et plus surement d'une famille noble polonaise. Son arrière grand père a été maire de Boulogne, son grand-père diplomate gaulliste et son père maire UMP de la ville de Sèvres dans les Hauts-de-Seine. Mais, il a plus fait une carrière de haut-fonctionnaire que d'homme politique.

"Son ascension, elle la doit plus à ses compétences scientifiques et au fait qu'elle a investi les questions d'environnement à l'UMP où il n'y avait personne, qu'à mon petit poids politique", expliquait François Kosciuscko-Morizet à France 3 Ile-de-France en 2008.

Beaucoup de réussite et quelques échecs

Elue député en 2002, membre du gouvernement en 2007, maire de Longjumeau en 2008, le parcours peut sembler rectiligne. Pourtant, selon Chantal Jouanno, "on lui a fait subir tout ce qu'on peu faire subir à une jeune femme brillante". Elle évoque ainsi l'épisode qui a opposé NKM à Jean-Louis Borloo et Jean-François Copé.

En 2008, elle dénonça un "concours de lâchetés et d'inélégance entre les deux hommes" ne s'estimant pas assez soutenue lors d'une discussion à l'Assemblée sur les OGM. Cela lui coûta son secrétariat d'Etat à l'écologie.

Elle fut recasée à l'économie numérique, placard doré qui lui permis néanmoins de devenir une des responsables politiques les plus présentes sur les réseaux sociaux.

Ce ne fut pas son seul échec. On oublie qu'elle fit partie de l'équipe dirigeante de l'UMP sous Xavier Bertrand. Enfin, elle devait porter aux côtés de Laurent Wauquiez le programme présidentiel de l'UMP. Ils en ont été déssaisis au profit de Bruno Lemaire.

Même sa nomination en novembre 2010, comme ministre de plein exercice, est affaiblie car l'écologie n'est plus une priorité du quinquennat.

Nathalie Kosciuscko-Morizet est un électron libre. Elle n'appartient à aucun des multiples courants de l'UMP. Comme ses camarades, elle a son think-tank : la fondation ADN. Mais, on y trouve plus de personnalités scientifiques que de politiques.

"Une fourmi avec des dents"

Nicolas Sarkozy l'a donc choisie comme porte-parole de sa campagne. Un choix de raison sans doute plus que de passion, même si le président a appris à l'apprécier. NKM, c'est l'anti Morano. En tant que porte-parole, elle sera peut-être moins pittbull mais elle maîtrise mieux les dossiers. "Une fourmi avec des dents", comme elle se définit elle-même.

"Nathalie Kosciuscko-Morizet a un petit côté aristo, je ne crois pas que c'est ce qui convient actuellement à Nicolas Sarkozy", commente le sulfureux Christian Vanneste, député UMP du Nord en voie d'exclusion. "Elle est maire de Longjumeau, ce n'est pas une ville particulièrement bourgeoise que je sache", lui rétorque Philippe Dallier.

"Nathalie, elle est moderne. Avec elle on est loin des stéréotypes et des tabous", ajoute Marie-Anne Montchamp. "C'est une excellente nouvelle car ce n'est pas l'incarnation de la droite dure", conclut Chantal Jouanno.

Voilà, en dehors de ses capacités de travail, l'utilité politique de NKM. Elle incarnerait une forme d'ouverture aux côtés du candidat-président. Une jambe gauche pour équilibrer le discours droitier de la campagne. Mais pourra-t-elle garder sa "relative" liberté de parole dans un exercice où la langue de bois est de rigueur ?

"Le président connaît tous les détours de sa personnalité"

Ses adversaires se demandent déjà comment celle qui a écrit un livre contre le Front national au printemps dernier pourra cohabiter avec Guillaume Peltier, tenant d'une droite dure.

"Dans une campagne, il vaut mieux être à l'intérieur du système. Elle sera plus utile que comme électron libre" pense Chantal Jouanno.

"Si le président l'a choisie, c'est en connaissant tous les détours de sa personnalité. Dans cette campagne, il faudra tenir un discours d'ordre public et un discours de protection sociale. Pour cela, il faut avoir plusieurs octaves. Et Nathalie qui est une bonne musicienne, les possède", commente Marie-Anne Montchamp.

NKM est violoncelliste amatrice. Elle peint également. Un portrait de ses enfants trône sur son bureau.

Bref, elle réunit beaucoup de talent ce qui ne manque pas de rendre jaloux beaucoup de monde à l'UMP où "certains" voient déjà en ce porte-parolat une rampe de lancement pour une candidature présidentielle en 2017.