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Primaire de la gauche : cinq propositions qui distinguent Valls candidat de Valls Premier ministre

Que promet celui qui est arrivé second du premier tour de la primaire de la gauche ? L’ancien Premier ministre assure qu'il va "assumer" le bilan du quinquennat, mais avance des propositions qui tranchent parfois avec son passage à Matignon.

Article rédigé par franceinfo - Valentine Pasquesoone
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Manuel Valls, candidat à la primaire de la gauche, le 3 janvier 2017 à Paris. (PHILIP ROCK / ANADOLU AGENCY / AFP)

Arrivé deuxième derrière Benoît Hamon au premier tour de la primaire de la gauche, dimanche 22 janvier, Manuel Valls revendique un "droit à l’inventivité". Trois semaines plus tôt, l'ancien Premier ministre avait présenté, mardi 3 janvier, son projet pour l’élection présidentielle. Laïcité, sécurité, soutien à l’entrepreneuriat : le programme de l’ancien chef du gouvernement reprend plusieurs de ses thèmes chers.

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Mais le candidat s’autorise aussi quelques innovations, parfois à contre-courant des idées qu'il a défendues à Matignon. "J’ai changé", avait-il affirmé. Des institutions au social, franceinfo a listé ses propositions surprenantes.

1En finir avec le 49.3

Ce qu'il propose. Fini le passage en force : peu de temps après son entrée en campagne, jeudi 15 décembre, sur France Inter, l’ancien Premier ministre propose de "supprimer purement et simplement le 49.3", hors texte budgétaire : "Son utilisation est dépassée et apparaît comme brutale." Cet article de la Constitution permet au Premier ministre, après délibération du Conseil des ministres, d'engager la responsabilité de son gouvernement sur un texte. Ce dernier est adopté sans vote, à moins que l'Assemblée nationale ne vote une motion de censure.

Pourquoi c’est étonnant. Manuel Valls veut se débarasser du 49.3, qu'il a pourtant utilisé à plusieurs reprises, lors de son passage à Matignon. Premier ministre, il a eu recours à cet outil pas moins de six fois – trois fois pour le projet de loi Macron, puis trois fois pour la loi Travail. Le tout, en moins de deux ans. "Je connais parfaitement les effets pervers du 49.3, justifie aujourd'hui le candidat Valls. Je suis lucide et j'ai appris, et puis on prend du recul."

2Limiter les mandats dans le temps

Ce qu'il propose. Partisan d’une "renaissance démocratique", Manuel Valls prône également "un non-cumul" des mandats "dans le temps" – pas plus de trois mandats consécutifs – et des fonctions. Indispensable pour "permettre au plus grand nombre d’exercer des responsabilités politiques".

Pourquoi c’est étonnant. Quant au non-cumul des mandats dans le temps, le candidat à la primaire de la gauche semble se contredire lui-même. Ministre de l'Intérieur, Manuel Valls a fait voter en 2013 un amendement supprimant l’article qui mettait en place cette règle, rappelle le Lab d’Europe 1. En politique depuis plusieurs décennies, le socialiste aurait pu se l'appliquer à lui-même : il a passé seize années au Conseil régional d'Ile-de-France et a été élu à trois reprises à l'Assemblée nationale.

3Défiscaliser les heures supplémentaires

Ce qu'il propose. "Salariés" ou "entrepreneurs", la gauche doit se préoccuper du pouvoir d’achat de "tous les travailleurs", annonce Manuel Valls dans son programme. Cela passe d’abord, selon lui, par la défiscalisation des heures supplémentaires. "Je veux récompenser la prise de risques et l’effort, remettre le mérite en avant, affirme-t-il. Cela commence par une rémunération concrète."

Pourquoi c’est étonnant. La défiscalisation des heures supplémentaires vous rappelle peut-être un autre homme politique : Nicolas Sarkozy. Mesure phare de son quinquennat, elle a été supprimée par la gauche lors de son arrivée au pouvoir en 2012. En prônant sa réhabilitation, Manuel Valls reconnaît-il une erreur de son camp ? Dans son projet, le candidat admet que la suppression de cette mesure, "commandée par la nécessité budgétaire""a été incomprise par les salariés qui ont pu être lésés". "Je ne veux pas que la gauche donne le sentiment de méconnaître les efforts et les difficultés de ceux qui se donnent du mal", poursuit-il.

4Mettre en place un "revenu décent" pour les Français

Ce qu'il propose. C’est pour Manuel Valls la "base d’une protection sociale refondée" : le candidat à la primaire de la gauche propose un "revenu décent", "issu de la fusion de minimas sociaux", pour toute personne majeure et résidant régulièrement en France, "sous conditions de ressources".

Pourquoi c’est étonnant. L'accent mis par Manuel Valls sur le social peut surprendre, tant ces questions "ne font pas partie de son ADN politique", analyse Libération. Cette mesure étonne aussi car elle diffère quelque peu des propos tenus par Manuel Valls quand il était Premier ministre. En septembre, ce dernier évoquait dans une tribune la piste d’une "allocation unique, ouverte à tous, à partir de 18 ans, pour remplacer la dizaine de minima sociaux existant". Un revenu universel, donc. Aujourd’hui, le candidat s’éloigne de cette idée – soutenue par Benoît Hamon – en conditionnant l'attribution de cette somme aux ressources du bénéficiaire.

5Créer 10 000 places de prison

Ce qu'il propose. Pour une justice "plus efficace", Manuel Valls propose, entre autres, de créer 10 000 places de prison supplémentaires. Une mesure qui est, pour lui, "le prolongement de ce qui a été annoncé durant ce quinquennat".

Pourquoi c’est étonnant. Il est vrai que le candidat à la primaire de la gauche se positionne dans la continuité de ses objectifs à Matignon : en septembre, Manuel Valls Premier ministre a en effet annoncé la création de 10 000 places de prison sur dix ans, via un investissement de trois milliards d’euros. Mais l’idée paraît très ambitieuse, vu le bilan du quinquennat à ce sujet. Entre le 1er janvier 2012 et le 1er janvier 2016, seules 1 325 places de prison ont été créées. Pendant ce temps, la surpopulation carcérale subsiste : la France comptait, début 2016, 58 561 places de prison, pour environ 66 700 détenus.

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