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Quatre preuves que l'UMP est (à nouveau) en crise

L'affaire Bygmalion a replongé le parti dans une situation délicate faite de luttes intestines, de contestations de l'autorité et de critiques publiques.

Article rédigé par Christophe Rauzy
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 5min
Le siège de l'UMP, à Paris, où se tient un bureau politique du parti le 10 juin 2014. (MAXPPP)

Il aura fallu un peu plus d'un an et demi pour que l'UMP renoue avec une crise profonde. En novembre 2012, la désignation du président du parti avait tourné au pugilat politique. Dix-neuf mois plus tard, au lendemain de la révélation de l'affaire Bygmalion mettant en cause des proches du président Jean-François Copé, les couteaux sont à nouveau tirés au sein du mouvement. Résultat, aujourd'hui la crise est politique, juridique et stratégique, comme le détaille francetv info.

Les Français boudent le parti

Seuls 31% des Français jugent que l'UMP "a des dirigeants de qualité" et 26% qu'elle est "proche des préoccupations des Français" dans un sondage Ifop publié dimanche par le JDD, qui montre que l'image du parti s'est dégradée depuis deux études du même type menées en 2012.

Chez les seuls sympathisants UMP, 62% pensent encore que leur mouvement a des dirigeants de qualité, loin toutefois des chiffres de 2012 (86% en août, 76% en novembre). 70% des sondés estiment par ailleurs que l'UMP n'a pas de "projet pour la France".

Le triumvirat, à peine né, déjà contesté

Pour sortir le parti de l'impasse née de la mise en cause de Jean-François Copé, les ténors du parti ont obtenu sa démission. Pour le remplacer, un trio de "sages" a été désigné : Alain Juppé, Jean-Pierre Raffarin et François Fillon. Trois anciens premiers ministres sensés apaiser les débats avant un congrès extraordinaire en octobre, durant lequel un nouveau président sera élu.

Sauf qu'un homme brille par son absence au sein de ce triumvirat : Nicolas Sarkozy. L'absence d'un tenant du courant sarkozyste dans les nouveaux décideurs fait tiquer ses partisans. Dans Le Parisien, Nadine Morano n'y va pas par quatre chemins : "Le triumvirat n'a aucune légitimité. (...) Ce ne peut être, à la rigueur, qu'une équipe informelle qui entoure le président par intérim, mais qui ne dispose pas de légitimité. Cela ne pouvait être qu'eux pour diriger provisoirement le parti ? Seuls ? En aucun cas !"

Dans la foulée, Claude Guéant, l'ancien bras-droit de Nicolas Sarkozy déclare sur Europe 1 que cette troïka "a la légitimité de ce qu'ils ont marqué le mouvement par les fonctions qu'ils ont exercées. Mais sur un plan juridique, cette auto-désignation n'a rien à voir avec les statuts."

Quelques heures plus tard, Laurent Wauquiez, jusqu'ici soutien officiel de François Fillon, a demandé sur France 3 "que tout le monde joue le jeu et qu'on arrête de rajouter des divisions aux divisions". D'un côté les tenants d'une droite "décomplexée" qui demande un respect des statuts, de l'autre des fillonistes qui appellent au consensus, à condition qu'il leur soit favorable. Rien ne semble avoir changé depuis novembre 2012.

L'alliance avec le centre a du plomb dans l'aile

Au soir de la déroute des européennes, de nombreux ténors de l'uMP ont regretté que l'UDI-Modem ait fait bande à part lors de ce scrutin, alors que des listes communes avaient été présentées aux municipales. François Fillon, mais aussi Jean-François Copé, avaient ainsi tendu une main à leurs "amis centristes".

Mais la perspective de voir les partisans de François Bayrou et Yves Jego soutenir un UMP renouvelé a vite été refroidie. Laurent Wauquiez, habitué des contre-pieds, aainsi estimé qu'une telle alliance serait "une profonde erreur". Un avis partagé par le président par intérim de l'UDI, Yves Jego, qui rétorque dans Le Figaro que, de toute façon, "l'UDI n'est pas à vendre".

Même analyse chez Nadine Morano qui refuse de tourner la page de 2012 et en veut à François Bayrou François Bayrou qui "a appelé à voter François Hollande et porte donc la responsabilité d'avoir à la tête de la France le plus mauvais président de la Ve République", comme elle le dit dans Le Parisien : "Je ne veux pas d'un centre mou à géométrie variable capable de s'associer un jour avec nous et le lendemain avec le PS."

Sarkozy vers un retour anticipé

Le désordre dans lequel l'UMP va aborder le congrès d'octobre a tendance à démoraliser ses militants. Mais certains y voient également le signe d'une renaissance annoncée, celle de Nicolas Sarkozy. Ainsi Brice Hortefeux confie au JDD qu'un retour en politique de l'ex-président est à envisager dès l'automne, à l'occasion de ce fameux Congrès : "Son retour était une possibilité, il devient une nécessité" estime l'ancien ministre de l'Intérieur.

Face à cet appel au secours, l'ancine chef de l'Etat aurait annoncé qu'il prendrait sa décision "cet été", avec en tête un calcul pour 2017 : "Celui qui sera élu patron du parti à l'automne n'aura pas besoin de se plier aux primaires."

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