Quatre questions sur l'espionnage présumé de Thierry Solère par la DGSE
Le député Les Républicains s'était présenté contre le ministre de l'Intérieur Claude Guéant aux élections législatives de 2012. D'après le journal "Le Monde", il a fait l'objet d'une surveillance de la DGSE.
"Je n'étais qu'un petit conseiller général et municipal, inconnu du grand public", déclare Thierry Solère au journal Le Monde. Le quotidien révèle, mardi 12 avril, que l'actuel organisateur de la primaire à droite aurait été espionné en 2012 par la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE). A l'époque, Thierry Solère se présentait en candidat dissident de l'UMP contre le ministre de l'Intérieur Claude Guéant, aux élections législatives.
Le parquet de Paris a par ailleurs ouvert mercredi une enquête préliminaire sur cette possible surveillance de Thierry Solère par (DGSE). Francetv info fait le point sur cette affaire.
Qui est Thierry Solère ?
Membre du comité d'organisation de la primaire à droite en novembre, Thierry Solère est aujourd'hui l'un des principaux soutiens du candidat Bruno Le Maire. Député de la 9e circonscription des Hauts-de-Seine, proche de Nicolas Sarkozy, il a été responsable de la campagne web de l'ancien président pour l'élection présidentielle de 2007.
En 2009, alors que son collègue au conseil général des Hauts-de-Seine Jean Sarkozy est empêtré dans l'affaire de l'Epad – le fils de l'ancien président de la République a été candidat pour prendre la tête de l'Etablissement public d'aménagement du quartier d'affaires de la Défense –, il prend sa défense et obtient le surnom de "chihuaha" par Marie-Céline Guillaume, directrice de cabinet de Patrick Devedjan, président du conseil général, rappelle Le Monde.
Pourquoi a-t-il été espionné ?
La DGSE aurait commencé à surveiller Thierry Solère en mars 2012, alors qu'il se présente aux élections législatives en candidat dissident de l'UMP contre le ministre de l'Intérieur Claude Guéant. Cette décision provoque son exclusion temporaire de l'UMP et Claude Guéant devient alors le candidat officiel du parti. Le 26 décembre 2011, il convoque d'ailleurs Thierry Solère pour lui faire comprendre que "s'il se retirait, il pourrait y trouver son compte", raconte Le Monde.
"Dès janvier 2012, mon oncle [l'amiral Jean-Luc Delaunay, ancien chef d'état-major particulier du président de la République ] m'avait prévenu qu'il y avait des risques en me présentant contre Claude Guéant", raconte Thierry Solère au Monde. "Il fallait que je sois, disait-il, irréprochable, sur tous les terrains, personnel, financier, patrimonial, car ils saisiraient la moindre faille."
Dans quelles conditions ?
Selon Le Monde, les téléphones ainsi que l'adresse e-mail de Thierry Solère sont espionnés dès son exclusion de l'UMP. "La surveillance n'a été interrompue qu'après la découverte fortuite de son existence par la direction technique de la DGSE", précise le journal, mais "l'arrêt de la collecte de données personnelles ne met pas fin pour autant à la surveillance".
Les services extérieurs auraient demandé à un gradé de lancer une "surveillance physique" à l'encontre de Thierry Solère. Un haut responsable de la DGSE aurait convoqué un lieutenant-colonel pour lui demander de mettre en place cette surveillance. Une demande assez inhabituelle pour que le militaire demande à mettre au courant son supérieur, décourageant ainsi le haut responsable de mener à bien sa mission.
Comment a réagi Claude Guéant ?
Finalement battu par son rival aux élections législatives, Claude Guéant affirme au Monde n'avoir jamais eu connaissance de tels faits. "C'est opposé à mes principes, j'étais ministre de l'Intérieur et à ce titre, je n'avais aucune autorité sur la DGSE", a-t-il fait valoir.
Son conseiller chargé des services de renseignement de l'époque, Hugues Moutouh, affirme de son côté que "l'utilisation des moyens de la DGSE pour aider M. Guéant contre M. Solère n'aurait pas été acceptable". Et d'ajouter : "Gardons à l’esprit que l’Etat doit en permanence se prémunir contre les atteintes à sa sûreté et protéger son plus haut représentant, le président de la République. Il n’est pas anormal de veiller à ce que les entourages du pouvoir soient hors de tout soupçon."
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