Rama Yade exclue du Parti radical : la chute de l'ancienne étoile de la Sarkozie en trois actes
L'ancienne secrétaire d'Etat de Nicolas Sarkozy a été exclue du Parti radical valoisien, qui l'accuse entre autres d'avoir dénigré "de manière constante et systématique" les instances de la formation.
Les ennuis s'accumulent pour Rama Yade. L'ex-secrétaire d'Etat de Nicolas Sarkozy a été exclue du Parti radical, indique jeudi 29 octobre la direction du mouvement. Les raisons de son éviction restent floues. La conseillère régionale UDI sortante traverse une mauvaise passe depuis plus d'un an. Retour en trois actes sur la déchéance de l'ancienne étoile de la Sarkozie.
Acte 1 : l'échec de la prise du parti
Après le retrait de Jean-Louis Borloo de la vie politique, cette ancienne membre de l'UMP a tenté de se faire élire à la tête du Parti radical face à Laurent Hénart. Mais ce dernier a remporté l'adhésion des adhérents en juin 2014. Une victoire contestée en justice par Rama Yade. Au terme d'une campagne interne tendue, elle dénonce des fraudes et réclame l'annulation de l'élection. Déboutée en première instance, elle est condamnée à verser 51 000 euros aux avocats de Laurent Hénart, rapporte L'Obs. Elle a fait appel de la décision.
Acte 2 : les régionales lui passent sous le nez
Conseillère régionale UDI sortante, elle veut être la chef de file du parti centriste pour les régionales en Ile-de-France, mais c'est finalement Chantal Jouanno qui est choisie. La déconvenue ne s'arrête pas là. Alors que Chantal Jouanno s'est ralliée à Valérie Pécresse pour élaborer une liste Les Républicains-UDI pour les régionales, Rama Yade n'y figurera pas. "L'ancienne étoile montante de la droite n'a pas réussi à convaincre les centristes, ni le parti sarkozyste de la reconduire dans ses fonctions de conseillère régionale", explique L'Opinion (article abonnés).
Le quotidien explique que les relations entre Valérie Pécresse et Rama Yade sont au plus bas depuis 2010. Dans un livre publié en 2013, l'ancienne secrétaire d'Etat aux Droits de l'homme raconte que Valérie Pécresse lui aurait proposé la tête de liste dans le Val-d'Oise pour les régionales de 2010 en lui lançant : "Il y a beaucoup d'Africains là-bas qui ont zéro degré de sens politique. Et toi, tu sauras leur parler." Rama Yade sera finalement élue dans les Hauts-de-Seine. Ces propos ont toujours été contestés par Valérie Pécresse, et les relations entre les deux femmes resteront glaciales depuis cet épisode. En décembre, Rama Yade devrait donc perdre son ultime mandat d'élue.
Acte 3 : l'exclusion du Parti radical
Jeudi, le Parti radical a annoncé avoir exclu Rama Yade, une décision prise par la commission de discipline du parti le 11 septembre. L'élue régionale disposait d'un mois pour faire appel de cette décision. "A ce jour, le bureau du parti n'a pas reçu de demande d'appel", écrit le PR dans un communiqué, en précisant avoir notifié cette décision par "courriel, courrier recommandé avec avis de réception, ainsi que par voie d'huissier". Cette exclusion du Parti radical entraîne mécaniquement l'exclusion de Rama Yade de l'UDI, dont le PR est l'une des principales composantes.
Que reproche-t-on à Rama Yade ? Selon la décision de la commission de discipline, signée du président de cette commission, Luc Lehner, lui sont reprochées "la volonté de dénigrer d'une manière constante et systématique, par voie médiatique, les instances du parti, comme son président, mettant gravement en cause l'image du parti dans l'opinion publique et auprès des adhérents" ; "l'utilisation interdite des fichiers du parti" ; et "la prise en position en faveur du vote blanc" lors d'une élection législative partielle dans le Doubs. Un ni-ni (ni PS, ni FN) qui ne serait pas passé, selon L'Opinion, alors que le parti centriste souhaite faire barrage au Front national.
Mercredi, interrogé sur les exclusions décidées par le passé au sein du Parti radical, un membre de longue date du parti les a qualifiées de "fort rares" et habituellement liées à un comportement "incompatible avec les règles civiles et pénales". Rama Yade précisait, quant à elle, mercredi que "rien ne lui avait été notifié", ni décision ni convocation, évoquant une "intox", "liée aux élections" régionales. Elle s'était aussi montrée très surprise que puissent lui être reprochés des propos sur le FN.
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