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Recevoir la Légion d'honneur à quelques mois d'une présidentielle est-ce forcément suspect ?

A chaque promotion dans l'ordre de la Légion d'honneur, sa polémique. Lundi 2 janvier, un ancien secrétaire d'État et sénateur UMP a refusé sa décoration, estimant "qu'on nommait n'importe qui". Retour sur une tradition bien française de récompense.
Article rédigé par Daïc Audouit
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
La légion d'honneur sur un coussin (DMITRY KOSTYUKOV / AFP)

A chaque promotion dans l'ordre de la Légion d'honneur, sa polémique. Lundi 2 janvier, un ancien secrétaire d'État et sénateur UMP a refusé sa décoration, estimant "qu'on nommait n'importe qui". Retour sur une tradition bien française de récompense.

Henri Torre n'aura donc pas de Légion d'honneur. Mais à 78 ans, il accède à la notoriété.

L'homme qui a dit non

Ancien secrétaire d'Etat d'un gouvernement Messmer et ancien sénateur UMP, il a refusé une nouvelle fois la décoration qu'on lui promettait. Il l'avait décliné en 2008.

M. Torre donne ses raisons. "On a nommé trop de gens qui ne méritaient pas d'être nommés... On a bafoué cette haute distinction en nommant n'importe qui", explique-t-il à l'AFP. Il s'interroge sur cette promotion "à quelques mois des élections".

Il ne nomme personne, mais dans la promotion de la Légion d'honneur du 31 décembre, quelques profils peuvent correspondre à ses accusations. Salma Hayek accède au grade de chevalier. La bandista mexicaine est une bonne actrice mais elle est surtout l'épouse de François-Henri Pinault, patron du groupe PPR.

De même Eric Brunet, journaliste chroniqueur sur RMC est promu. En cette rentrée, il publie un livre intitulé "Pourquoi Sarko va gagner ?". La ficelle voire le cordon peuvent sembler un peu gros.

Mais ces remises de décorations en échange de services rendus ou à venir ne sont pas nouvelles. Et la dernière fournée de récipendiaire, avant l'élection présidentielle, est toujours très politique, comme le montre un petit tour d'horizon des précédentes promotions.

Promotion du 31 décembre 2006

Jacques Chirac est président de la République. Le premier ministre est Dominique de Villepin. Cette année- là, beaucoup de décorés. Il y a Jean Veil, futur avocat de M. Chirac dans le procès des emplois fictifs de la mairie de Paris. On note aussi Mme Devedjian, au titre de chef de cabinet de la mairie d'Antony... qui a été dirigée par Patrick Devedjian de 1983 à 2002.

On découvre le nom d'Anne Méaux, patronne d'Image 7 et communicante de beaucoup d'élus de droite des années 1980 aux années 2000. On repère un Jacques Galouzeau de Villepin, parent du premier ministre mais décoré pour faits de résistance. Côté journalistes politiques, on surligne les noms de Jean-Pierre Elkabbach ou d'Anita Hausser.

Promotion du 31 décembre 2001

Jacques Chirac est président de la République. Lionel Jospin est premier ministre. 2001, une promo dont beaucoup de noms sont encore dans l'actualité. Liliane Bettencourt fait partie des promus. Elle obtient sa médaille sur la liste de Bernard Kouchner alors ministre de la Santé. Nicolas Bazire, ancien bras droit d'Edouard Balladur accède au grade de chevalier. Voilà pour le contingent de droite.

Mais on retrouve des personnalités étiquetées de gauche : Christophe Girard, George Pau-Langevin ou Sylvie Wievorka. Tous trois sont alors des élus parisiens de la nouvelle équipe de Bertrand Delanoë qui est un proche de Lionel Jospin. De même, il y a le nom de Sylvie Brunel - elle deviendra ex-Mme Besson - qui est à cette époque là un soutien de M. Jospin.

Côté journaliste, on note le nom de Nicolas Beytout qui dirige alors les Echos.

Promotion du 31 décembre 1994

François Mitterrand est président de la République. Edouard Balladur est premier ministre. Il y a à nouveau un Galouzeau de Villepin, ancien sénateur des Français de l'étranger. C'est le père de Dominique. Décidement, cette année est une promotion de prestige : René Monory, ancien président du Sénat, voisine avec le journaliste vedette Alain Duhamel.

Mais c'est un autre nom qui retient toutes les attentions : celui d'un futur président de la République. En effet, Nicolas Sarkozy, ce 31 décembre 1994 est nommé au grade de chevalier dans l'ordre de la Légion d'honneur. Dans les semaines qui suivent, il devient le porte-parole du candidat Balladur à la présidentielle.

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