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Vidéo Le philosophe Gaspard Koenig et son mouvement politique "Simple" proposent de "diviser par 100 le nombre de normes qui régissent nos vies"

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Article rédigé par franceinfo
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Le mouvement politique "Simple", lancé par Gaspard Koenig il y a six mois, prône une simplification des lois et la fin de "l'oppression bureaucratique". Le premier meeting du parti aura lieu lundi. 

"Nous faisons une proposition radicale de diviser par 100 le nombre de normes qui régissent nos vies dans notre pays", a déclaré dimanche 13 novembre sur franceinfo le philosophe Gaspard Koenig, à la veille du premier meeting de son mouvement politique "Simple", lancé il y a six mois et qui prône une simplification des lois et la fin de "l'oppression bureaucratique".

À moins de six mois de la présidentielle, le philosophe "veut pouvoir peser, pouvoir introduire un rapport de force" dans cette campagne. La forme de son engagement "dépendra de la dynamique qui s'enclenchera ou non" après ce meeting, mais il n'exclut pas de présenter des candidats aux élections législatives par exemple.

franceinfo : Vous promettez de présenter des propositions de simplification radicales. Lesquelles ?

Gaspard Koenig : Ce premier meeting est fondé sur un long travail de terrain, quand j'ai sillonné la France à cheval puis avec ce mouvement fondé il y a six mois. J'ai fait un tour de France de l'oppression bureaucratique. Qui la subit ? Qui la fait ? Qui est responsable ? C'est un serpent de mer de la politique française, on le connaît depuis Pompidou ou même Montaigne et Tocqueville. Politiquement, c'est toujours la dernière roue du carrosse. Or je pense que c'est un sujet complètement matriciel. Si on arrive à simplifier la vie des gens, on va tirer beaucoup de fils, en termes de pouvoir d'achat, de sécurité, on va résoudre beaucoup de tensions et permettre aux gens de récupérer une forme de liberté quotidienne et pratique.

On fera donc une proposition radicale qu'on a appelé projet Portalis, en référence à ce juriste choisi par Napoléon pour refaire le Code civil à partir de l'imbroglio du droit féodal, c'est de diviser par 100 le nombre de normes qui régissent notre vie dans le pays. Et pour ça, je propose non pas de s'interroger sur quelles normes ôter, mais sur quelles normes garder, pour retrouver une forme de responsabilité dans un système qui est aujourd'hui bloqué et très injuste. Les premiers à pâtir de la sur-administration, ce sont les plus faibles, qui n'ont pas les moyens de se payer des cabinets d'audit, des avocats fiscalistes et tous ces intermédiaires.

La simplification, c'est faire de la justice sociale ?

Complètement. S'il est vrai, comme le dit Lacordaire, que la loi libère et que la liberté opprime, trop de lois produit l'excès inverse. Cela remet de l'arbitraire au cœur du système puisque c'est celui qui détient la clé ou celui qui connaît les arcanes du système, qui peut ou non vous faire entrer dedans. Et au fond, avoir le projet de faire une loi lisible, compréhensible par tous, à droit constant, c'est faire un peu comme on fait les protestants avec la Bible, permettre chacun de lire le texte fondamental sans devoir passer par un intermédiaire, qui est aujourd'hui très souvent la classe politique ou l'administration elle-même.

Vous tenez votre premier meeting lundi soir, mercredi sort votre livre, vous pensez à la présidentielle ?

Ce n'est pas une élection que j'aime beaucoup. Vous disiez que j'étais libéral, les libéraux de Raymond Aron à Jean-François Revel ont toujours, au fond, critiqué cette espèce de système très plébiscitaire qui est fondé sur la personnalité d'un homme. En revanche, j'ai voulu faire un vrai parti politique parce que je sais qu'on peut avoir une bonne idée, aller voir les différents candidats qui vous sourient, et puis, tout ça est à ranger au placard.

"Je veux pouvoir peser, pouvoir introduire un rapport de force. C'est pour ça que je lance ce parti. C'est pour ça que j'espère avoir des militants. Il faut peser dans la présidentielle."

Gaspard Koenig

à franceinfo

Ensuite, quelle forme ça prendra ? Est-ce que ce sera une charte à la Hulot ? Est-ce qu'on présentera des candidats ? Lesquels ? À quelle élection ? Parce il n'y a pas que la présidentielle dans le pays. On verra. Et ça dépendra beaucoup de la dynamique qui s'enclenchera ou non et de savoir si notre intuition ou non est validée.

Est-ce que la simplification fait un projet politique complet ? Quelles propositions sur l'emploi, l'écologie ou la sécurité ?

Ce qui est intéressant, c'est de voir qu'on peut tirer plein de fils quand on gratte ce sujet. Simplifier, c'est d'abord rendre beaucoup d'activités économiques au pays, puisque toutes les activités qui sont aujourd'hui inhibées pourront se déployer. On estime parfois à 3% du PIB le coût de la sur-administration dans le pays. C'est aussi rendre quelque part du bien-être et du bonheur. Donc, je pense aussi en termes de vivre ensemble, c'est quelque chose qui poussera les gens à s'accorder les uns avec les autres.

Mais ça aussi, ça conduit à réfléchir à des solutions structurelles. Je pense au revenu universel qui est une simplification du droit fiscal et du droit social, en automatisant les aides pour ne plus remplir des dossiers RSA complètement aberrants qui aujourd'hui martyrisent les plus faibles. C'est par exemple accorder plus d'autonomie aux collectivités locales, avoir davantage la possibilité d'organiser des référendums d'initiative populaire locaux, avoir plus d'autonomie fiscale aussi pouvoir lever l'impôt, c'est toujours la même idée de décentraliser le pouvoir.

Tout le monde se retrouve dans une gestion très autoritaire, très verticale du pays, où personne ne fait confiance au plus petit maillon de la chaîne, à l'individu, à la municipalité, à la petite entreprise, à l'artisan pour trouver lui-même les bonnes solutions. Il est grand temps que cette voie de liberté surgisse parce que ce système n'est plus soutenable.

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