"Le pays s'enfonce dans une crise démocratique profonde", estime Yannick Jadot dénonçant la "dérive illibérale" du président
"Le pays est en train de s'enfoncer dans une crise qui n'est pas simplement une crise sociale, qui est une crise démocratique profonde", affirme Yannick Jadot, député européen EELV, mardi 25 avril sur France Inter. Selon lui, le président "est dans la jouissance de lui-même, de son pouvoir, dans le mépris". "On voit un président qui continue avec un agenda très dur, assez libéral, et qui – parce que ce modèle est dans l'impasse – utilise l'autoritarisme comme moyen et le populisme comme discours", dénonce Yannick Jadot.
Pour l'eurodéputé Europe Ecologie Les Verts, le gouvernement fait preuve "d'autoritarisme" dans le cadre de la réforme des retraites comme sur certains dossiers écologiques, dénonçant par exemple "les dérives du maintien de l'ordre" lors de la mobilisation contre le projet de méga-bassines à Sainte-Soline (Deux-Sèvres). "Dans le premier quinquennat on avait les amish, maintenant on a les terroristes", poursuit-il, reprenant le terme "d'écoterrorisme" utilisé par Gérald Darmanin en octobre 2022 pour parler d'une quarantaine de manifestants "fichés S" lors des premières manifestations à Sainte-Soline.
"Changer nos institutions" pour sortir de la crise
"C'est une dérive extrêmement grave. Certes, on n'est pas la Hongrie ou la Pologne mais c'est une dérive illibérale", estime l'eurodéputé, en référence à des régimes qui malmènent la démocratie. "Je ne dis pas que la France est devenue la Hongrie ou la Pologne, mais [Viktor] Orban s'appuie aussi sur la Constitution et les lois qu'il fait voter pour remettre en cause les contrepouvoirs", explique Yannick Jadot.
"C'est assez rare en France d'avoir un gouvernement, y compris sa Première ministre qui remet en cause la Ligue des droits de l'Homme", estime-t-il, alors qu'Élisabeth Borne s'est récemment interrogée sur l'évolution et le rôle de l'association, pointant les "ambiguïtés" de la LDH "face à l'islamisme radical". "Parce que c'est un contrepouvoir, il faudrait le dissoudre ?", s'interroge Yannick Jadot. L'élu Vert pose également la question de l'association "Les soulèvements de la terre", l'une des organisatrices de la mobilisation à Sainte-Soline, que Gérald Darmanin souhaite dissoudre.
Yannick Jadot appelle à "changer nos institutions si on veut sortir par le haut de cette crise démocratique", sans quoi "Marine le Pen sera élue présidente et Eric Ciotti Premier ministre". "Il faut faire la politique différemment", continue-t-il, tout en reconnaissant que la gauche "doit travailler à un projet" pour répondre "à la crise de l'avenir" et en appelant à la mise en place d'un mode de scrutin proportionnel pour les législatives.
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