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Qui est Nicolas Maduro, dauphin d'Hugo Chavez et nouveau président ?

Elu à la tête du Venezuela avec 50,66% des voix, cet ancien chauffeur d'autobus est un vétéran du chavisme modéré. Portrait.

Article rédigé par franceinfo avec AFP et Reuters
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Nicolas Maduro, successeur désigné d'Hugo Chavez, le 5 janvier 2013 à Caracas (Venezeula). Il a été élu président avec 50,66% des voix, lundi 15 avril 2013. (JUAN BARRETO / AFP)

"C'est l'un des jeunes dirigeants ayant les meilleures capacités" pour diriger le pays "avec sa main ferme, avec sa vision, avec son cœur d'homme du peuple, avec son talent avec les gens (...), avec la reconnaissance internationale qu'il s'est acquise", reconnaissait Hugo Chavez lui-même, début décembre, avant de s'envoler pour une nouvelle opération à Cuba. "El Commandante" a été entendu. Nicolas Maduro a été élu président du Venezuela lundi 15 avril, avec 50,66% des voix. 

Nicolas Maduro, chaviste modéré, était président du Venezuela par intérim depuis la mort d'Hugo Chavez, en mars. Représentant du Parti socialiste unifié du Venezuela, il a défait le leader de l'opposition, Henrique Capriles, fondateur du parti conservateur Justice d'abord (Primero Justicia). Portrait. 

Un syndicaliste ancien chauffeur de bus...

Grand costaud moustachu de 50 ans, Nicolas Maduro est un ancien chauffeur d'autobus. Militant de la Ligue socialiste dans les années 70, leader syndical et membre du Mouvement révolutionnaire bolivarien 200, crée par Hugo Chavez, il est un pur produit du chavisme. Elevé dans le quartier de classe moyenne de Los Chaguaramos, à Caracas, il a également suivi une année de sciences politiques à Cuba.

En 1999, il décroche son premier mandat de député, sous la bannière du Mouvement 5e République, également fondé par "El Commandante", arrivé au pouvoir la même année. En 2006, il est nommé ministre des Affaires étrangères, et est propulsé vice-président six ans plus tard, lors de la réélection de son mentor en octobre 2012

Nombre de chavistes ont le même parcours que lui, note le quotidien El Pais (en espagnol). Mais le quotidien explique que sa longévité à "un poste où le nom du ministre change chaque année", sa fonction de chef du chavisme parlementaire, mais surtout "son lien intime et personnel avec Chavez" pèsent en sa faveur. Le quotidien espagnol précise également qu'il est "un homme de foi", qui voyageait régulièrement en Inde pour écouter directement les enseignements du gourou Sri Sathya Sai Baba.

Il a épousé Cilia Flores, autre figure du chavisme et procureure générale de la République. Cette dernière, avocate de formation, avait dirigé la défense d'Hugo Chavez quand celui-ci avait été emprisonné pour sa tentative de putsch avortée de 1992.

... qui a durci le ton ces trois derniers mois

Dès le début des allers-retours médicaux d'Hugo Chavez à Cuba, il avait été l'un de ses visiteurs les plus assidus. La haute silhouette de ce membre de l'aile modérée du chavisme est également devenue familière dans les rendez-vous internationaux où il a remplacé à plusieurs reprises "El Presidente".  

Des analystes soulignent son ton conciliant et sa grande capacité à négocier ainsi qu'à naviguer parmi les différentes tendances du chavisme. Mais depuis qu'il exerce de fait le pouvoir, il a durci le ton à l'égard de l'opposition, notamment de son principal représentant, le gouverneur Henrique Capriles, qualifié de "prince de la bourgeoisie parasite". Mais aussi à l'adresse des États-Unis, et les "ennemis historiques" du pays qu'il a de nouveau accusés d'avoir inoculé le cancer au leader vénézuélien. 

Comme Hugo Chavez, il a également multiplié les apparitions publiques et les discours fleuve. Il a adopté "une stratégie de radicalisation et d'intimidation visant des rivaux internes et externes", estime le politologue et professeur d'université Ricardo Sucre Luis Vicente Leon. Selon lui, Nicolas Maduro est aussi "le choix" des dirigeants cubains Fidel et Raul Castro. De son côté, l'historienne Margarita Lopez Maya souligne "la fidélité" du "meilleur porte-parole" international du gouvernement Chavez, dont il a parfaitement adopté la rhétorique "anti-impérialiste" et le soutien à des régimes controversés, comme l'Iran, la Libye ou la Syrie.

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