Rachat d'Uramin par Areva : la police procède à une série de perquisitions
Le siège du géant nuclaire français et le domicile de son ancienne patronne, Anne Lauvergeon, ont notamment été visités par les enquêteurs.
L'enquête sur le rachat d'Uramin par Areva rebondit. Une dizaine de perquisitions ont été menées, mardi 3 juin, chez des acteurs de ce dossier, a indiqué une source judiciaire, confirmant des informations du Monde.
Qui a été visé par les perquisitions ?
Les enquêteurs ont perquisitionné le siège d'Areva et le domicile de l'ancienne patronne du groupe, Anne Lauvergeon, selon cette source. Plusieurs autres anciens dirigeants d'Areva ont aussi été concernés par cette opération, notamment l'ex-responsable des mines Sébastien de Montessus, qui a quitté Areva en 2012, ont précisé des sources proches du dossier.
Le domicile d'un autre ancien cadre, Daniel Wouters, qui avait préparé l'opération de rachat quand il était directeur du développement d'Areva, a également été perquisitionné. Sollicité, Areva, qui a confirmé la perquisition à son siège parisien, a assuré que le groupe "coopère depuis des semaines avec les autorités en charge de l'enquête".
Sur quoi porte l'enquête ?
Le point d'origine de l'affaire remonte à 2007, lors du rachat par le géant nucléaire français de la société minière canadienne Uramin. L'entreprise étrangère a été achetée à prix d'or, pour 2,5 milliards de dollars environ (soit 1,8 milliard d'euros). Mais, après le départ d'AnneLauvergeon, évincée par Nicolas Sarkozy, Areva avait divisé par cinq la valeur comptable de cette société. Le groupe avait dû inscrire des provisions d'un montant total de 1,9 milliard d'euros dans ses comptes de 2010 et 2011.
La justice cherche notamment à établir si les difficultés posées par l'exploitation des mines ont pu être délibérément dissimulées avant le rachat. Elle souhaite aussi savoir si les provisions ont été délibérément prises trop tard afin de retarder la découverte de l'effondrement de la valeur d'Uramin. En 2012, un rapport parlementaire avait estimé que l'acquisition d'Uramin n'avait pas donné lieu à des manœuvres frauduleuses, mais avait été entachée par des "dysfonctionnements".
Ce rachat d'Uramin a fait l'objet de très vives critiques de la Cour des comptes en mai. Un mois auparavant, le parquet national financier (PNF) avait ouvert une enquête préliminaire pour "présentation ou publication de comptes inexacts ou infidèles", "diffusion d'informations fausses ou trompeuses" et "faux et usage de faux".
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