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Vidéo Une école encerclée par les routes

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L’Oeil du 20h : 11 octobre 2023
Article rédigé par L'Oeil du 20 heures
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C’est l’un des nombreux chantiers lancés pour les Jeux Olympiques : un nouvel échangeur autoroutier pour desservir le futur village des athlètes, à Saint Denis. Mais problème : ces bretelles d’autoroute vont encercler une école de 600 élèves.

“Il y a déjà suffisamment de pollution dans le coin donc en rajouter…” Cette mère, rencontrée à la sortie de l’école Anatole France, à Saint Denis, s’inquiète.“ Moi je songe à partir. Mon fils est asmathique, donc à un moment, il faut arrêter, ça fait trop.” Un autre parent, quant à lui, déplore : “c’est le Bronx un peu partout ! Les travaux, les JO, le village olympique, la tour qui est refaite… Le quartier est chamboulé. “

Bientôt, 13 000 et 14 000 véhicules devraient passer quotidiennement des deux côtés de l’école. Ces nouvelles bretelles d’autoroute sont financées par la Solideo, la Société de livraison des ouvrages olympiques, pour un coût total de 95 millions d’euros.

"On a fait un bond de 30 ans en arrière.”

Hamid Ouidir - parent d'élèves

Le résultat sur les abords de l’école est déjà visible.  “Ici y avait un bosquet et aujourd’hui vous avez du bitume”. Hamid Ouidir, parents d’élève élu à la FCPE 93 s’insurge : “ on ne peut pas imaginer une école prise en étau entre des bretelles autoroutières ! On a fait un bond de 30 ans en arrière.” 

Pourtant, d’après la page internet présentant le projet, ses promoteurs du projet insistaient sur ses “bénéfices environnementaux pour le territoire”, et même sur “une meilleure intégration de la nature dans la ville, propice à l’accueil de la biodiversité et à l’adaptation au changement climatique. ”

En réalité, avec la création de cette nouvelle voie, la circulation aux abords de l’école va augmenter. L’Unicef a épinglé ces changements dans un rapport consacré à l’exposition des enfants à la pollution : “cette exposition à la pollution de l’air a des conséquences graves sur la santé des enfants, et peut entraîner des problèmes respiratoires et immunitaires, mais aussi des pathologies.”

Une pollution de l'air à quantifier

Pour la quantifier, les associations Respire et Airparif ont équipé les abords de l’école de capteurs. A l’heure actuelle, les taux relevés sont déjà inquiétants, alors même que l’échangeur n’est pas encore entré en service.  “ Là, on voit qu’on a plusieurs pics à 75. On est très largement au dessus des 10 microgrammes par mètre-cube, ce qui est la recommandation annuelle de l’OMS”  Tony Renucci, directeur général de l’association Respire, avertit : “dès qu’on a des niveaux de pollution qui sont au dessus des reco de l’OMS, il y a des conséquences sanitaires graves sur les enfants pcq ils sont plus petits, parce que leurs organes sont en cours de développement”

"Les enfants ne sont pas plus en danger dans l’école Anatole France que dans n’importe quelle école de Saint-Denis, de Saint Ouen ou de la couronne parisienne !"

Mathieu Hanotin - maire (PS) de Saint Denis

Mais Mathieu Hanotin, le maire de la commune de Saint-Denis où se situe l’école, nuance l’analyse. Pour lui, ce problème de pollution n’est pas propre à l’échangeur Pleyel. Il est global. “Les enfants ne sont pas plus en danger dans l’école Anatole France que dans n’importe quelle école de Saint-Denis, de Saint Ouen ou de la couronne parisienne !” C’est pourquoi il évacue la proposition faite par l’opposition de déplacer l’école. “Je suis quand même comptable de la bonne utilisation de l’argent public. Aujourd’hui, déplacer une école ça se compte en dizaines de millions d’euros.” 

Des bénéfices incertains

Intégré aux plans du Grand Paris, l’échangeur Pleyel promettait de fluidifier le trafic sur l’autoroute. Pourtant, d’après l’étude de trafic de la Dirif, la direction des routes d'Île-de-France publique, une fois les travaux achevés, la circulation augmentera sur l’ensemble de l’autoroute A86. 

Contactée, la préfecture d’île de France affirme quant à elle qu’avec ce nouveau projet, le trafic sera décongestionné au niveau de la porte de Paris avec des émissions polluantes moins importantes à l’horizon 2030. 

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