: Vidéo Missak Manouchian au Panthéon : comment la propagande nazie de "L'Affiche rouge" a fait entrer le résistant communiste et ses camarades dans la légende
Le 16 novembre 1943, Missak Manouchian, commissaire militaire d’un réseau de résistants étrangers, les FTP-MOI (Francs-tireurs et partisans - Main-d’œuvre immigrée), est arrêté avec son supérieur Joseph Epstein par les brigades spéciales, une cellule créée par la police française pour traquer "l'ennemi de l'intérieur". Les membres de son groupe sont interpellés à leur tour, puis incarcérés à la prison de Fresnes, sous contrôle allemand. Après le procès et la condamnation à mort des 23 résistants immigrés le 15 février 1944, les forces d'occupation nazies et leurs antennes collaborationnistes françaises lancent une vaste campagne de propagande antisémite et xénophobe. Le but est de discréditer la résistance aux yeux de la population française en faisant passer les membres de ce groupe pour de dangereux terroristes.
Une affiche dénonçant "La libération par l’armée du crime !" est réalisée par le Centre d’étude antibolchévique, organe de propagande allemande. Sur fond rouge, elle présente en médaillon le portrait de dix résistants, chacun est stigmatisé par sa description, précisant son nom à consonance étrangère, sa nationalité, et son appartenance au Parti communiste. "L’Affiche rouge" sera tirée à 15 000 exemplaires et placardée dans les rues de Paris et des grandes villes de France.
"L’objectif de cette Affiche rouge est de dégoûter les Français de la résistance"
"L’objectif de cette Affiche rouge, c’est de faire peur aux Français et de les dégoûter de la résistance, qui serait le fait de métèques sanguinaires sans foi ni loi, et qui n’auraient qu’une idée, tuer des Français", explique Jean-Pierre Sakoun, président du Comité pour l’entrée au Panthéon de Missak Manouchian.
Pour accompagner cette campagne de propagande, un film est tourné à l’intérieur de la cour de la prison dans lequel les prisonniers hirsutes sont mis en scène avec des armes et des outils. En plus de l’affiche et du film, Radio Paris diffuse quotidiennement des messages antisémites et xénophobes sur les ondes.
Mais contre toute attente, cette campagne de propagande suscite la sympathie du peuple français envers les 23 résistants. De nombreux anonymes déposent des fleurs au pied des affiches et collent des bandeaux "Morts pour la France". En 1955, le poème de Louis Aragon, Strophes pour se souvenir, inspiré de la dernière lettre de Missak à sa femme Mélinée, fera entrer Manouchian et son groupe dans la légende.
Extrait de "Manouchian > épisode 4", une série diffusée dans "13h15 le dimanche" le 18 février 2024.
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