: Vidéo "On en prend plein les poumons" : un navire de croisière à quai émet autant d'oxydes de soufre qu'un million de voitures
Les riverains du port de Marseille qui accueille les villes flottantes de l'industrie mondiale de la croisière s'inquiètent pour leur santé. D'autant que la pollution générée par ce trafic s'ajoute à celle des porte-conteneurs et autres cargos. La crise liée au coronavirus leur a laissé un peu de répit... Extrait du magazine "13h15 le samedi".
Le terminal où viennent accoster à Marseille (Bouches-du-Rhône) les gigantesques bateaux de croisières, qui sillonnent les mers du globe avec des milliers de passagers à leur bord, se trouve à quelques centaines de mètres au pied du jardin de Michèle. Elle assiste depuis ce belvédère sur la mer à la procession de ces mastodontes accompagnés de leur cortège de fumées nocives. Jusqu'à six paquebots peuvent défiler ici chaque jour.
Chiffre à peine croyable : lorsqu'il est arrêté à quai, un navire de croisière émet autant d'oxydes de soufre qu'un million de voitures ! "J'ai nettoyé avant-hier et généralement je le fais tous les jours. Voilà ce que nous respirons au quotidien. On sent du sable, c'est gras, voyez cette poussière noire. C'est très anxiogène", dit-elle au magazine "13h15 le samedi" (replay) en nettoyant une sorte de suie venue se déposer sur le rebord d'une des fenêtres de sa maison offant une splendide vue sur la Méditerranée.
"On a le nez pratiquement sur les cheminées de ces navires"
"Dès qu'on est un peu fatigué, on se demande ce que l'on va développer. Beaucoup de gens très sportifs [dans son entourage] qui ne fumaient pas, avec une hygiène de vie tout à fait correcte, ont tous développé des problèmes sur les voies respiratoires : cancers du poumon, de la gorge…" témoigne cette riveraine victime collatérale du boom de l'industrie de la croisière qui embarque chaque année sept millions de voyageurs en Europe. Elle ne peut cependant s'appuyer sur aucune étude dans le quartier qui ferait un lien direct entre cette pollution et les cas de cancers.
L'inquiétude des habitants grandit en même temps que le nombre des croisiéristes. Ils se sont ainsi réunis en collectif. "Au départ, c'est magnifique, c'est positif des bateaux comme ça, mais quand tu apprends la pollution que ça génère. Nous qui sommes à vingt mètres au-dessus de la mer, on a le nez pratiquement sur les cheminées de ces navires. On en prend plein les poumons, sachant qu'on a déjà le trafic maritime des porte-conteneurs, des cargos…" dit l'un d'entre eux. Un autre ajoute : "On était là avant le port, il n'y a pas de raison qu'on s'en aille. Nous sommes les racines de ces territoires." En 1996, il passait ici 60 000 croisiéristes. Sans la crise sanitaire inédite liée au coronavirus Covid-19, ils auraient été deux millions cette année !
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