: Vidéo Complément d'enquête. Calais : les accords du Touquet décryptés
Derrière le drame humanitaire de la "jungle" de Calais, ce bidonville aux portes du Royaume-Uni où s'entassent des réfugiés depuis presque vingt ans, se cachent les enjeux d'un interminable bras de fer franco-britannique. Retour sur les accords du Touquet dans cet extrait de "Complément d'enquête".
Alors que la France menace, en cas de "Brexit", de laisser passer en Grande-Bretagne les migrants de Calais, le 10 mars 2016, "Complément d'enquête" décryptait les enjeux d'un bras de fer franco-britannique qui dure depuis une bonne douzaine d'années.
Le 5 novembre 2002, Nicolas Sarkozy ferme à Sangatte le centre d'accueil ouvert en 1999 pour les réfugiés du Kosovo, débordé par un afflux de migrants. Le ministre de l'Intérieur français a en fait conclu un deal avec son homologue britannique, David Blunkett : les deux pays se sont réparti les 2 000 réfugiés de Sangatte. Un premier arrangement en attendant le sommet du Touquet, deux mois plus tard. Retour sur les accords lourds de conséquences qui y sont signés, le 4 février 2003.
La frontière britannique déplacée à Calais
Aux termes de ces accords, "la France accepte, à partir de 2003, de gérer totalement le problème du flux migratoire vers le Royaume-Uni. Et pour l'essentiel, à ses frais", analyse le spécialiste Olivier Cahn. En échange d'un peu de matériel de détection, la frontière britannique s'établit désormais… à Calais. "Comme si la protection de la Grande-Bretagne, du tunnel sous la Manche, incombait aux forces de police françaises", s'étonne le socialiste Jack Lang, qui dénonce "une pression anglaise très forte".
Claude Guéant, le directeur de cabinet de Nicolas Sarkozy, y voit plutôt un cadeau fait à la Grande-Bretagne, "un rayon de soleil" dans un contexte international "un peu tendu". L'intervention militaire en Irak se prépare à l'instigation des Etats-Unis de George Bush, appuyés par le gouvernement britannique de Tony Blair, et la France ne veut pas en être...
Twitter a apprécié le "rayon de soleil" :
@Ganette_ (Guéant & soleil dans le même twit c'est pas pécher ? )
— dR. (@deatwitt) 10 mars 2016
En tout cas, la région paiera cher cette concession : les années qui suivent drainent vers Calais un flot toujours plus important de migrants, dont beaucoup fuient… l'Irak en guerre.
Extrait de "De Sangatte à Calais : l'histoire sans fin", diffusé dans "Complément d'enquête. Calais : et si on ouvrait la frontière ?" le 10 mars 2016.
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