: Vidéo Complément d'enquête. Kerviel : le prix du silence ?
Les anciens collègues et supérieurs de Jérôme Kerviel à la Société générale ont-ils reçu de grosses sommes comme prix de leur silence ? Le document de "Complément d'enquête" retrace les découvertes de l'enquêtrice Nathalie Le Roy, dont les soupçons se précisent. Extrait.
Obligée de reprendre son enquête en 2012, quand Jérôme Kerviel fait appel de sa condamnation et accuse la Société générale de "faux et usage de faux", la commandante de la brigade financière va de découverte en découverte. Dans cet extrait d'un document de "Complément d'enquête", Nathalie Le Roy s'intéresse aux anciens supérieurs directs et aux collègues de l'ancien trader.
Depuis 2008, l'employeur de Jérôme Kerviel, la Société générale, l'accuse de lui avoir fait perdre 4,9 milliards d'euros en misant frauduleusement des milliards. Jérôme Kerviel a reconnu ces mises, mais a toujours soutenu que "tout le monde savait". Selon lui, ses chefs l'ont poussé à prendre des risques pour toucher eux-mêmes de gros bonus. En 2007, ceux-ci et ses coéquipiers, une dizaine de personnes, se seraient partagé grâce à ses gains près de 5 millions d'euros en bonus.
Les (très) grosses indemnités des anciens du Delta One
Tous complices ? Une thèse que réfute la Société générale. Selon la banque, Jérôme Kerviel a fait des faux et dupé ses managers. Quid alors de la responsabilité de ceux-ci ? Jean-François Grégoire, le directeur des risques, élude la question.
Après le séisme Kerviel, tous les anciens de son desk, le Delta One, ont été licenciés pour "insuffisance professionnelle". Curieusement, ils ont perçu de grosses sommes d'argent, attestées par des documents que s'est procurés "Complément d'enquête". De 521 000 euros brut pour l'un des ses collègues à 750 000 euros pour l'un des managers, soit sept ans de salaire. La Société générale exige en échange la confidentialité pour ces transactions, selon elle "tout à fait classiques".
"Une incompétence, ou négligence, grassement payée"
Ce n'est pas l'avis du journaliste Nicolas Cori : "Il fallait tout faire pour que ces gens-là ne soient pas des témoins à charge lors des différents procès. Et d'ailleurs, on ne les a pas entendus. Ils ne parlent pas." Ni celui de Nathalie Le Roy. La policière a eu vent de ce million d'euros qu'aurait touché Eric Cordelle, le "N+1" de Kerviel. "Une incompétence, ou négligence, grassement payée."
La Société générale a-t-elle acheté le silence du supérieur direct de Kerviel ? Lors du procès, Eric Cordelle a accablé son ancien subordonné. Pour ce document, Samuel Humez l'a retrouvé dans le Vercors, où il a créé sa distillerie de whisky. L'ancien chef du desk Delta One nie tout en bloc. Et s'énerve...
Extrait de "Kerviel : au cœur du mensonge", un "Document de Complément" diffusé le 14 janvier 2016.
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