: Vidéo Affrontements à Sainte-Soline : quand des gendarmes lancent des grenades lacrymogènes par erreur sur un groupe pacifique de manifestants
Samedi 25 mars 2023, fin de matinée : pour faire face aux milliers d'opposants attendus sur le site de la "méga-bassine" de Sainte-Soline, plus de 3 000 gendarmes sont sur le pied de guerre. Une seule caméra a été autorisée à suivre le colonel V. et ses troupes : celle de "Complément d'enquête". Le colonel V. est un spécialiste du maintien de l'ordre : vingt-six ans de terrain, en milieu urbain et dans les zones rurales. Sa mission ce jour-là : défendre le chantier de la méga-bassine.
Le colonel V. et son unité sont positionnés au nord de la bassine. Les manifestants arrivent par le sud-est. A trois kilomètres de la bassine, ils se scindent en plusieurs cortèges : "Anguilles bleues", "Loutres jaunes" et "Outardes roses" (en référence à des espèces en voie d'extinction). Le cortège bleu, "composé d'individus qui sont [pour la plupart] équipés de masques à gaz, des lunettes, des casques, et en combinaisons bleues", est désigné par le colonel V. comme "le cortège des ultras", contrairement au cortège rose, jugé plus inoffensif. Pour "séparer le bon grain de l’ivraie" et stopper les militants les plus radicaux, le colonel a un atout jamais déployé par les gendarmes : le PM2I, pour "peloton motorisé d'interception et d'interpellation".
Le PM2I et ses 20 quads déployés pour la première fois
Le PM2I, c'est 20 quads et leurs équipages armés de lance-grenades et de LBD (lanceur de balles de défense). Cette unité est censée permettre aux forces de l'ordre de gagner en réactivité et en mobilité sur des terrains très étendus, comme le site de Sainte-Soline. Les quads atteignent rapidement les manifestants du cortège bleu, qui se trouvent à 1 kilomètre de la bassine. A 12h17, les premières grenades lacrymogènes de la journée sont tirées.
Une demi-heure plus tard, le cortège rose, celui que les gendarmes jugent moins dangereux, se rapproche de la bassine. Pour le colonel V., il n'est pas question de le viser. En revanche, il envoie à nouveau l'unité de quads, qu'il appelle "Mike", "harceler" le cortège bleu. Les gendarmes en quad s'élancent, mais ils s'arrêtent au bout de quelques mètres. "Mike" est en train de se tromper de cible… et de viser le cortège rose, réalise le colonel. Il est 12h48. Les manifestants réputés être les plus pacifiques se retrouvent pris dans un brouillard de gaz lacrymogènes.
Interrogée sur cette erreur de tir, la lieutenante-colonelle Nassima Djebli rejette la faute sur les manifestants : "Les trois cortèges qui sont présents sur place ne devaient pas être présents sur le site", ce rassemblement n'étant pas autorisé.
Extrait de "Manifs : la guerre est déclarée ?", un document à voir dans "Complément d'enquête" le 6 avril 2023.
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