: Vidéo Take Eat Easy : à quatre strikes, vous étiez viré
La promesse de cette start-up : un repas livré tout chaud à vélo. L'autre histoire de Take Eat Easy, avant même la bataille aux prud'hommes de milliers de coursiers qui n'ont jamais vu la couleur de leur dernier salaire, ce sont des méthodes pas si cool. Extrait de "Complément d'enquête".
Take Eat Easy, c'était le projet de jeunes prodiges qui voulaient révolutionner la livraison de repas. Une plateforme belge qui mettait en relation, via une application, restaurateurs et coursiers à vélo. Avec horaires à la carte pour les cyclistes. L'envers du décor, c'est l'histoire de Vincent, qui témoigne de méthodes pas si cool dans cet extrait de "Complément d'enquête".
Vincent Poulain, étudiant en droit à Rennes, a travaillé cinq mois à temps plein pour Take Eat Easy. Au tarif de 6 euros de l'heure, avec un bonus variable en fonction du nombre de livraisons. En roulant trop vite pour livrer un repas encore chaud, le jeune homme a eu un accident. Sans être couvert. Le statut d'auto-entrepreneur sous lequel travaillaient les coursiers ne leur ouvrait pas non plus de droits au chômage. Quand l'entreprise a fermé, plus aucun revenu.
Salariat déguisé et pression continue
Des prestataires indépendants au statut précaire, mais l'entreprise (qui dément tout salariat déguisé) avait les mêmes exigences qu'envers des salariés. Derrière la "cool attitude", une pression continue : "Appel comme à l'école, contrôle de la position GPS, sanctions...", énumère Vincent. En langage start-up, le blâme s'appelle un strike. Chez Take Eat Easy, un tableau précise quels comportements en sont passibles : ne pas répondre au téléphone, être dans l'incapacité de réparer une crevaison… Au-delà de quatre strikes, c'est l'éviction. "On vous déconnecte du jour au lendemain, sans aucune notification."
L'histoire de Vincent est aussi celle des 4 500 coursiers qui roulaient pour la start-up. Les quatre dernières semaines avant la liquidation judiciaire, ils ont tous pédalé gratuitement. Ils attaquent l'entreprise aux prud'hommes pour tenter de récupérer leur dû.
Extrait de "Take Eat Easy : petite start-up et gros scandale", un reportage diffusé dans "Complément d'enquête" le 15 juin 2017.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.