: Vidéo Une sélection sociale drastique à Stanislas, ou comment obtenir 100% de réussite au bac
Cent pour cent de réussite au bac et, cette année, 97% de mentions "très bien" et "bien". Le lycée Stanislas propose, pour environ 2 400 euros de frais de scolarité par an, un environnement éducatif des plus enviables. "Un enseignement de très grande qualité, des professeurs très intéressants, très pédagogues, qui prenaient le temps, aucun élève perturbateur…" Côté infrastructures, l'établissement niché au cœur des beaux quartiers parisiens, entre Saint-Germain-des-Prés et Montparnasse, offre "des bâtiments énormes, très bien entretenus, des gymnases, des piscines…".
Cet univers privilégié que décrit une ancienne élève dans "Complément d'enquête", Cécile l'a découvert après une sixième dans un collège public. Ces conditions d'études idéales avaient séduit ses parents, "bourgeois un peu de droite, pas tout à fait le milieu de Stan mais pas trop loin non plus". Elle a intégré une classe non mixte, comme l'établissement le propose au collège.
A Stanislas, ce n'est pas le seul type de mixité qui interroge. L'école privée financée en partie par de l'argent public (les établissements privés sous contrat sont en moyenne subventionnés à plus de 70% par l'Etat et les collectivités locales) est l'une de celles où la mixité sociale est la plus faible.
Un graphique réalisé à partir de deux indices
Pour situer Stanislas par rapport aux autres établissements d'enseignement, "Complément d'enquête" a croisé deux indices publiés par le ministère de l'Education. D'abord l'IPS, l'indice de position sociale. Plus il est élevé, plus les élèves sont issus d'un milieu social privilégié. Ensuite, l'indice d'hétérogénéité sociale. Plus il est bas, moins il y a de mixité sociale dans un lycée.
Un graphique a été réalisé à partir de ces deux indices, où ont été positionnés tous les lycées de France. "Complément d'enquête" l'a montré à un économiste spécialiste des inégalités scolaires. Julien Grenet souligne en premier lieu que la composition sociale est nettement plus favorisée dans les lycées privés que dans les établissements publics. Et parmi ces lycées privés très favorisés, Stanislas se distingue par sa "composition sociale extrêmement favorisée" qui, avec son IPS proche de 150 (l'un des plus élevés de France), le place à la pointe du nuage formé par ces établissements sur le graphique.
Au niveau du collège, il souligne que "sur les 1 300 élèves (de Stanislas), il y en a moins de 10 qui sont enfants d'ouvriers ou de personnes sans activité professionnelle", contre 24% en moyenne dans les collèges publics parisiens. Julien Grenet voit dans cette sélection sociale le "problème qu'incarne cet établissement, et bien d'autres en France. Etant donné le déterminisme social de la réussite à l'école, ils savent que la manière la plus simple de truster les meilleures places des palmarès du bac, par exemple, c'est simplement de sélectionner des élèves de milieux sociaux favorisés, qui vont très bien réussir à l'école – d'ailleurs, où qu'ils aillent".
Extrait de "Stanislas : les dérives d'une école d'excellence", un document à voir dans "Complément d'enquête" le 10 octobre 2024.
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