: Vidéo A Villeurbanne, pour éloigner les trafiquants de drogue, les riverains organisent des "opérations propreté" en gardant le contact avec les petites mains
A deux pas du centre-ville de Lyon, à proximité des universités ou des centres d'affaires, le quartier du Tonkin, à Villeurbanne, est au fil des années devenu un des plus gros "supermarchés de la drogue" de la région. Excédé par les fusillades à répétition et l’impuissance des pouvoirs publics, un collectif d’habitants des HLM a décidé de résister. "Envoyé spécial" a suivi cette mobilisation citoyenne inédite.
Pour perturber le trafic, les riverains organisent des permanences au pied de chez eux. Dans le but d'alerter l'opinion, ils se sont même filmés en train de déloger des guetteurs ou des vendeurs. Mais ces petites mains du trafic se comptent par dizaines, en poste de midi à minuit pour 100 à 150 euros par jour...
Alors, chaque vendredi soir, Sylvie, professeur de français et membre très active du collectif "Tonkin PAIX-sible", mène une action qui mise sur la prévention. Avec une vingtaine de volontaires, elle fait le tour des points de vente pour ramasser les déchets laissés par les dealers. "Envoyé spécial" l'a accompagnée dans cette "opération propreté" qui sert de prétexte pour dialoguer avec ces jeunes.
"Sinon, ce serait la guerre… on aurait les ordures par terre, les hurlements, les insultes..."
L'un d'eux a par exemple confié au journaliste Romain Boutilly être arrivé là pour fuir des ennuis avec un réseau de trafiquants à Marseille. "Alors, vous êtes venu ici pour travailler au calme, c'est ça ?", l'aborde Sylvie. Le jeune Marseillais nie pour la forme, comme ceux qui prétendent "attendre le tram". Personne n'est dupe, mais la conversation peut s'engager. Pour conclure ces échanges toujours bienveillants, Sylvie leur souhaite de "faire autre chose de leur vie". Croiser d'anciens élèves lors de ces maraudes la "plonge dans une profonde tristesse".
L'enseignante est l'une des rares à s'intéresser à ces silhouettes tout en noir, qui peuvent camper des heures au pied d'un immeuble. Les inciter à laisser propres les points de deal peut-il vraiment servir à quelque chose ? Faire "la vieille grand-mère qui dit 'Mais on jette pas ses papiers par terre' !", c'est "un peu naïf", reconnaît-elle, mais au-delà de la propreté du quartier, l'enjeu est aussi de garder le contact avec des jeunes souvent déscolarisés et isolés. "On joue sur les deux tableaux : on n'est pas que les méchants qui appelons les flics. On est aussi des gens gentils qui disons que c'est quand même dommage de faire ça à 20 ans."
Extrait de "Pas de dealers en bas de chez moi !", un reportage à voir dans "Envoyé spécial" le 15 février 2024.
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