: Vidéo Home-jacking : un "phénomène de mode" dans le milieu du banditisme, en voie d'"ubérisation"
Trois jours après les faits, l'animateur Bruno Guillon était toujours sous le choc. Des sanglots dans la voix, il témoignait sur l'antenne de RTL, le 29 septembre 2023 : "Il est aux alentours 3 heures du matin, et ils sont trois. Ils me disent que si jamais on fait quoi que ce soit, ils vont me tuer. Et je vois ma femme (...) avec une arme sur la tempe. Ils l'emmènent dans le couloir, et là, on reste enfermés pendant ce qui sera, je pense, les trente minutes les plus longues de ma vie." Tout cela pour "deux ou trois montres"...
En 2023, 515 home-jackings on été dénombrés, soit 8% de plus que l'année précédente. Des cambriolages particulièrement traumatisants, où les victimes sont violentées là où elles se sentaient le plus en sécurité : à leur domicile. Les méthodes font froid dans le dos : pluie de coups, menaces, séquestration, dans le but de provoquer la sidération pour pouvoir s’emparer en un temps record de bijoux, montres, argent liquide...
Des équipes "jetables" et inexpérimentées
L'enquête sur le home-jacking dont a été victime Bruno Guillon a été confiée à la Brigade de répression du banditisme de Versailles. Plusieurs suspects ont été interpellés. Pour le chef de la brigade, qui a accepté de répondre à "Envoyé spécial" (à visage caché pour ne pas risquer d'être reconnu sur le terrain), cette affaire illustre l'ubérisation de cette nouvelle forme de cambriolage.
Les auteurs d'un home-jacking sont recrutés en quelques clics sur des boucles Snapchat ou WhatsApp. Le commanditaire se constitue ainsi "une équipe jetable" qu'il va envoyer sur les lieux. "Ces jeunes, qui ne se connaissaient pas forcément entre eux, qui sont inexpérimentés dans le domaine du grand banditisme, vont chercher à se faire un nom, une réputation, un peu plus d'argent, en faisant des home-jackings, qui sont un peu le phénomène de mode du moment, explique le policier. Et donc ils vont compenser leur manque d'expérience par, peut-être, un peu plus d'ultraviolence."
Dans l'affaire Bruno Guillon, les cinq hommes interpellés sont à peine majeurs, voire encore adolescents pour certains, et connus pour des faits de petite délinquance. Or, ces équipes inexpérimentées qui doivent opérer très vite commettent, dans leur amateurisme, "de nombreuses erreurs, des erreurs très, très basiques" qui peuvent permettre de les identifier. En leur promettant un coup facile et l'impunité, on leur avait menti...
Extrait de "Home-jacking : péril en la demeure", un reportage à voir dans "Envoyé spécial" le 10 octobre 2024.
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