Vidéo "J'ai grandi avec ce tableau" : millionnaire sans le savoir, il avait chez lui une œuvre rare de la Renaissance italienne

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"J'ai grandi avec ce tableau" : millionnaire sans le savoir, il avait chez lui une œuvre rare de la Renaissance italienne
"J'ai grandi avec ce tableau" : millionnaire sans le savoir, il avait chez lui une œuvre rare de la Renaissance italienne "J'ai grandi avec ce tableau" : millionnaire sans le savoir, il avait chez lui une œuvre rare de la Renaissance italienne (ENVOYÉ SPÉCIAL / FRANCE 2)
Article rédigé par France 2
France Télévisions
"C'était pour moi un compagnon d'enfance, il a toujours été accroché au mur chez nous. J'ai grandi avec ce tableau." Ce tableau de famille, qu'il a fait expertiser sur les conseils d'un ami, allait rendre millionnaire un technicien géomètre à la retraite. Cet extrait d'"Envoyé spécial" raconte l'histoire d'un portrait hors du commun.

Quand il était enfant, Jacques jouait aux petits soldats sous le regard doux et interrogateur de ce portrait. Aujourd'hui retraité, il s'est décidé à faire expertiser le tableau de famille avec lequel il a grandi et dont il ne savait rien. Il apprend alors que le portrait est celui d'une petite fille à l'histoire hors du commun...

Les yeux bruns dans un visage recouvert de poils sont ceux d'une enfant nommée Antonietta Gonsalvus qui souffrait d'hypertrichose, une maladie génétique héritée de son père. Petrus Gonsalvus avait été offert comme curiosité à la cour d'Henri II alors qu'il avait 10 ans, et son mariage avec une femme très belle aurait inspiré l'histoire de "la Belle et la Bête".

Peint par une femme, un tableau engagé

Le portrait serait l'œuvre d'une peintre italienne de la Renaissance très rare et recherchée, Lavinia Fontana. Les commissaires-priseurs Philippe et Aymeric Rouillac ont immédiatement saisi tout le potentiel de cette découverte sur le marché de l'art. "Aujourd'hui, tous les musées recherchent des tableaux qui nous permettent de raconter l'Histoire telle qu'elle s'est passée, et pas telle qu'on a voulu la montrer. Des tableaux peut-être plus inclusifs." Pour Aymeric Rouillac, ce portrait "cochait toutes les cases". De plus, ajoute son père, soulignant "une communion entre l'artiste et cette enfant", ce "tableau engagé" est "peint par une femme. Une femme artiste au XVIe siècle, il n'y en a pas..." 

Avant de le mettre en vente, il restait un mystère à éclaircir. Une autre version du portrait d'Antonietta Gonsalvus, presque identique, est visible au château de Blois. Celui de Jacques en est-il la copie ? Selon l'expertise du cabinet Turquin, tous deux sont de la même main. Lavinia Fontana aurait réalisé plusieurs versions du même tableau, une pratique courante lorsqu'une toile plaisait à plusieurs acheteurs. Ses œuvres sont aujourd'hui très cotées, et quand l'une d'elles passe en vente, c'est un petit événement. 

En juin 2023, le portrait d'Antonietta Gonsalvus a été la révélation de celle qui s'est tenue dans un château de Touraine. Les acheteurs étaient au téléphone, sur internet, ou dans la salle comme Jacques, le propriétaire. Incrédule, il entend monter les enchères... "100 000, 200 000, 300 000... Là, on s'est dit 'Où ça va s'arrêter ?' C'est comme un ouragan qui passe..." Et puis, "divine surprise", elles atteignent le million d'euros. Jacques n'en revient pas : "Ce n'était pas envisageable d'un point de vue néophyte. Des professionnels pouvaient l'envisager, des habitués… mais pas le commun des mortels."

Enfin, le portrait est adjugé à 1 million 250 000 euros sans les frais. Un record mondial pour Lavinia Fontana... et beaucoup d'émotion pour Jacques.

Extrait de "Un chef-d'œuvre dans votre salon ?", un reportage à voir dans "Envoyé spécial" le 14 décembre 2023.

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