Vidéo "Notre Etat va exploiter nos gars, et les jettera comme une chose cassée" : le désespoir des femmes de civils russes envoyés en Ukraine

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"Notre Etat va exploiter nos gars, et les jettera comme une chose cassée" : le désespoir des femmes de civils russes envoyés en Ukraine
"Notre Etat va exploiter nos gars, et les jettera comme une chose cassée" : le désespoir des femmes de civils russes envoyés en Ukraine "Notre Etat va exploiter nos gars, et les jettera comme une chose cassée" : le désespoir des femmes de civils russes envoyés en Ukraine (ENVOYE SPECIAL / FRANCE 2)
Article rédigé par France 2
France Télévisions
Dans une Russie fermée, en guerre depuis deux ans, "Envoyé spécial" est parti à la rencontre des familles des civils mobilisés par Vladimir Poutine pour son "opération militaire spéciale" contre l'Ukraine. Elles aussi sont mises à rude épreuve, comme en témoigne dans cet extrait la souffrance de Macha.

A Moscou, c'est au pied du Kremlin que le journaliste Luc Lacroix a rencontré Macha. Avec une dizaine d'autres femmes, elle était venue déposer des œillets rouges sur la tombe du soldat inconnu. Dans ce pays où les manifestations sont interdites, elles ont fait de ce lieu un point de rendez-vous pour réclamer le retour de leurs maris, pères, frères ou fils partis faire la guerre en Ukraine sans en avoir eu le choix. Des civils qui sont au front depuis leur mobilisation en septembre 2022, en ignorant pour combien de temps encore. 

Pour mieux comprendre l'envers de cette guerre, l'équipe d'"Envoyé spécial" a rendu visite à Macha dans son appartement de la banlieue moscovite. Cette jeune pédiatre, maman d'une petite fille, leur a montré des photos de son mari, kinésithérapeute. Ce sont celles de leurs noces – elle n'en a aucune de lui en uniforme, comme pour tenir à distance cette guerre qui a interrompu une vie de "famille très heureuse jusque-là". 

"Certains, on ne pourra même pas les retaper"

Alors que son mari était revenu chez eux le temps d'une permission, Macha l'a surpris une nuit en train de boire de l'alcool tout seul – chose qu'il ne faisait jamais auparavant, explique-t-elle. Tous deux ont alors eu une discussion, et il lui "a dit qu'il n'arrivait simplement pas à dormir parce que ses pensées noires ne le laissaient pas tranquille, qu'il avait le cœur lourd, parce que très vite, il serait obligé d'y retourner", confie-t-elle. Retourner sur le front en les laissant seules, leur fille et elle…

"Quand j'ai vu ça, ç'a été un choc. Parce que j'ai compris que notre Etat va exploiter nos gars, et les jettera comme une chose cassée, poursuit Macha, dont les larmes se mettent à couler. Et nous, nous allons retaper nos proches avec nos mains. Et certains, termine-t-elle dans un souffle, on ne pourra même pas les retaper, puisqu'il n'en restera plus rien."

Extrait de "La Russie malade de sa guerre", un reportage à voir dans "Envoyé spécial" le 15 février 2024.

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