Vidéo Pour un mariage heureux, "soumettez-vous à votre mari" : aux Etats-Unis, la vague des #tradwives fait des émules

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Pour un mariage heureux, "soumettez-vous à votre mari" : aux Etats-Unis, la vague des #tradwives fait des émules
Pour un mariage heureux, "soumettez-vous à votre mari" : aux Etats-Unis, la vague des #tradwives fait des émules Pour un mariage heureux, "soumettez-vous à votre mari" : aux Etats-Unis, la vague des #tradwives fait des émules (ENVOYÉ SPÉCIAL / FRANCE 2)
Article rédigé par France 2
France Télévisions
Près de dix ans après la vague #MeToo, un autre mot-dièse fait fureur sur les réseaux sociaux outre-Atlantique : #tradwives, "épouses traditionnelles". Qui sont ces jeunes femmes dont le mode de vie s'affiche en total décalage avec les évolutions de la société ? En Floride, "Envoyé spécial" a rencontré Solie et son mari Andre.

En Floride, Solie, jeune maman de trois enfants, récolte des milliers de vues sur les résaux sociaux avec ses vidéos qui la montrent en train de pouponner, cuisiner ou prendre soin de son intérieur  : 23 000 pour celle où elle dispense ses conseils, "trois choses à faire pour un mariage heureux". "Règle n°1 : faites souvent l'amour. Règle n°2 : priez ensemble. Les couples qui prient ensemble restent plus longtemps ensemble, c'est statistiquement prouvé. Règle n°3 : soumettez-vous à votre mari."

Solie récolte des milliers de vues, mais pas seulement des "like". Dans les commentaires, de nombreux internautes trouvent que la jeune femme sert de "paillasson" à un mari qui "ne la respecte pas". Des points de vue qui lui indiffèrent, car "évidemment", Solie "désapprouve le féminisme". Elle-même se satisfait de se considérer comme "une bonne épouse".

Comme elle, sous le mot-dièse #tradwives (pour "traditional wives", "épouses traditionnelles") un certain nombre d'influenceuses sur Instagram ou TikTok prônent un retour strict à un mode de vie ultra-genré, que l'on croyait dépassé depuis les années 1950 : la femme reste à la maison et s’occupe du foyer, l’homme travaille et subvient aux besoins de sa famille. A 24 ans, la vie de Solie tourne autour des besoins d'Andre, qu'elle a rencontré à 18 ans, et de leurs trois jeunes enfants. Et c'est même son mari qui gère ses réseaux sociaux.

Un discours qui s'appuie sur des préceptes soi-disant bibliques

Andre doit être un mari comblé : fils d'une femme au foyer, il rêvait d'une épouse qui non seulement reste à la maison, mais le fasse "avec excellence" et même "avec passion". "Un bon dîner", "une maison bien rangée", "des enfants propres" : voilà ce qu'il s'estime en droit de trouver le soir quand il rentre – alors qu'il télétravaille à son domicile la plupart du temps… sans pour autant participer à la moindre tâche ménagère. 

Comme Solie, Andre est croyant, et selon lui, la soumission féminine serait un précepte inscrit dans la Bible. Et ce serait son rôle à lui, le mari, de transmettre cet enseignement à son épouse. Et son rôle, à elle ? "C'est de se soumettre à ma volonté", professe-t-il. Et quand Solie n'est pas d'accord ? C'est Andre qui prend "la décision finale".

Un mode de vie en total décalage avec la société moderne, qui tente depuis des années d'équilibrer les rapports homme-femme. Le modèle rétrograde défendu par ce couple métis à l'apparence épanouie fait pourtant de plus en plus d'adeptes. Ses valeurs coïncident avec celles de l'électorat de Donald Trump, en majorité chrétien pratiquant et blanc. Loin de représenter une simple tendance, les "tradwives" sont aujourd'hui au cœur d'un projet de société, celui d'une Amérique qui se replie sur elle-même.

Extrait de "L'Amérique des trad wives", un reportage à voir dans "Envoyé spécial" le 10 octobre 2024.

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